Jeunes gens qui aimez rêver au bord de l'eau, prenez garde aux ondines!
Un garçon de chez nous allait le dimanche pêcher dans un étang. Les poissons n'avaient guère à redouter: ce qu'il cherchait c'était surtout la solitude, voir les reflets du soleil dans l'eau sur lesquels dansent les libellules, les nuages blancs flotter dans le ciel bleu, sentir sur son visage le vent qui fait frémir les roseaux et porte le parfum de la menthe et du chèvrefeuille.
Un jour d'été finissant, le soleil avait passé derrière les arbres, l'air était plus frais, l'eau plus sombre, il frissonna, ouvrit les yeux... sans doute avait-il dormi un peu. Une étrange jeune fille peu vêtue, perchée sur un arbre dont le tronc s'allongeait au-dessus de l'eau, le regardait en peignant ses longs cheveux aussi verts que ses yeux malicieux. Ses lèvres couleur de pêche souriaient sans s'ouvrir. Il n'avait jamais rien vu d'aussi beau!
La créature lui a tendu la main; il l'a prise... Avec elle il a plongé, laissant là toutes ses affaires. Les gens du village les ont trouvées et pensant qu'il s'était noyé, ont cessé de le chercher.
Et lui pendant ce temps, dans un palais de cristal, vivait un amour magique. Rien ne manquait à son bonheur sauf... le soleil! Cet amour si parfait, comme tous les amours un jour s'est attiédit. Il a voulu revenir sur la terre et la belle ondine l'a laissé partir...
Seulement voilà! Le temps des pays enchantés n'est pas celui du pays des hommes. Un siècle avait passé et s'il pensait reconnaître des parents, des amis, des voisins, eux n'avaient jamais vu ce vieillard. C'est qu'ils étaient les arrières petits enfants de ceux qu'il avait quittés.
Il ne comprenait plus rien au monde qui l'entourait et passant devant la vitrine du barbier, le choc qu'il éprouva en voyant dans la glace au lieu de son image, un être courbé, ridé, aux rares cheveux blancs ébouriffés, le choc fut tel, que son coeur s'arrêta...
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