Jean courut à sa poursuite et arriva dans une pièce où se trouvaient trois jeunes filles vêtues en princesses. A la vue de cet homme si grand, si fort, velu comme un ours et armé d’une énorme barre de fer, elles se mirent à trembler, à crier, à pleurer.
-« Ne pleurez pas, dit Jean rassurant, ne craignez pas, je ne vous veux aucun mal ! Que faites-vous ici , seules dans cette cave obscure ?
-Une sorcière nous a enlevées à nos parents et nous ne savons pas comment sortir d’ici.
-Eh, bien, vous êtes délivrées ! Venez avec moi !
Jean les installa dans le tonneau et cria :
-« Remontez ! Remontez !
Qui furent bien étonnés en voyant qui était dans le tonneau ? Ce furent les deux compagnons !
Etonnés et ravis ! Trois belles princesses à la place de ce Jean de l’Ours donneur d’ordres et de leçons ! Quand ils l’entendirent crier qu’on lui renvoie le tonneau, ils le démolirent à coups de hache et jetèrent la corde au feu.
-« Et voilà, gros malin !dirent-ils en se frottant les mains, débrouille-toi, maintenant !
Et ils s’enfuirent, entraînant les jeunes filles.
Jean ne voyant pas redescendre le tonneau, comprit qu’il avait été trahi ; il ne perdit pas courage pour autant. Méthodiquement, il explora le souterrain et les caves et finit par retrouver le poulet. Brandissant sa barre de fer, il questionna le volatile effaré :
-« Dis-moi un peu comment sortir d’ici !
-Par où tu es entré, il n’y a pas d’autre issue.
-Mais comment ? Je n’ai ni corde ni échelle.
-Facile, ricana le volatile, il suffit de voler !
-Et comment veux-tu que je vole ? Tâche d’avoir une autre idée ou sinon…
Et Jean agitait la redoutable barre de fer sous le bec du poulet qui cessa de rire.
-« Ecoute , dit-il, va jusqu’au bout du souterrain, dans la dernière cave, vit un aigle blanc. Peut-être voudra-t-il te prendre sur son dos.
Jean de l’Ours suivit le conseil du poulet, trouva l’aigle et lui demanda son aide.
- « Tu es grand, tu es lourd, trop lourd pour moi surtout si tu gardes cette barre de fer.
-Et si je la laisse ?
-Si tu la laisses, peut-être… mais ce sera de toutes façons très fatiguant. Pour avoir la force de te sortir d’ici, il faudra m’alimenter sans arrêt. Ecoute, et l’aigle lui montra par un soupirail un bœuf dans un pré. Tue ce bœuf, prend sa viande et chaque fois que je crierai : « Viande ! » , tu m’en donneras un morceau
D’un dernier coup de sa barre de fer, Jean tua le bœuf, le découpa avec son couteau de chasse, mit les morceaux dans un sac et le sac à son épaule.
-« Allons-y, dit l’aigle ; et ils se rendirent en bas du puits. Jean monta sur le dos de l’oiseau, s’accrocha à ses plumes et l’aigle prit son envol. Très peu de temps s’écoula avant que l’aigle ne crie : »Viande ! Viande ! » Jean lui jeta un morceau de bœuf.
A peine avait-il avalé la viande, que l’aigle cria de nouveau. Jean lui jeta un autre morceau.
L’aigle montait lentement, péniblement vers la lumière réclamant toujours sa pitance. Jean voyait déjà un morceau de ciel , il ne restait plus rien du bœuf, mais l’aigle criait toujours : -« Viande ! viande !... »
-Je n’ai plus rien, dit Jean, nous sommes presque arrivés, courage !
Mais l’aigle était épuisé, ses ailes battaient de plus en plus faiblement, il allait se laisser retomber…
Alors, Jean de l’Ours employa les grands moyens. Il releva la jambe de sa culotte, sortit son couteau de chasse, serra les dents et … coupa un morceau de sa cuisse qu’il donna à l’aigle.
Avec une vigueur nouvelle, il donna un dernier coup d’aile et se posa sur le bord du puits.
Jean le caressa, le remercia ; il voulait maintenant retrouver les deux traîtres et les princesses.