Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis
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jeudi 9 juillet 2009

Les sept corbeaux (fin)



Elle marcha longtemps, loin, loin devant elle… elle marcha tant qu’elle arriva au bout du monde ; elle marcha encore et arriva jusqu’au soleil . Il faisait peur, il était brûlant et la regardait en se léchant les babines comme s’il allait la dévorer.
Elle se sauva bien vite et marcha encore , loin, loin, jusqu’à la lune ; mais la lune était froide, elle avait le regard méchant et quand elle vit la petite elle dit : « Je sens… je sens la chair fraîche ! »
Elle se sauva encore et courut, courut jusqu’aux étoiles. Les étoiles étaient aimables et gentilles. Elles avaient chacune, comme elle, une petite chaise. L’Etoile du matin lui tendit une osselet en lui disant : « Ce petit os est la clef de la Montagne de verre. Fais-y bien attention car c’est là que se trouvent tes frères. Si tu le perds, tu n’arriveras pas jusqu’à eux.
Elle prit l’osselet, l’enveloppa soigneusement dans son mouchoir et s’en fut sur le chemin de la Montagne de Verre. La porte en était verrouillée. L’enfant prit dans sa poche le mouchoir ; mais en le dépliant, l’osselet tomba dans l’immensité et jamais elle ne put le rattraper. Comment faire désormais pour retrouver ses frères. Non loin d’elle, la brave petite sœur vit un couteau ; en serrant les dents, elle se coupa une phalange du petit doigt qu’elle introduisit dans la serrure. La porte s’ouvrit, elle entra.
La première personne qu’elle aperçut, fut un nain qui lui demanda ce qu’elle cherchait .
« Je cherche dit-elle, mes frères :les sept corbeaux. »
Le nain répondit : « Ces messieurs les corbeaux ne sont pas rentrés, mais tu peux attendre leur retour. »
Puis, le nain commença de servir le repas des corbeaux ; il y avait sept petites assiettes, sept petits gobelets. La petite sœur goûta de chaque assiette et de chaque gobelet et dans le dernier, elle laissa tomber sa bague. Alors on entendit dans les airs des croassements et des battements d’ailes et le nain annonça : « Ces messieurs les corbeaux sont de retour ! »
Les corbeaux entrèrent, se mirent à table et chacun prenant son gobelet et son assiette disait : « Qui a mangé dans mon assiette ? Qui a bu dans mon gobelet ? Il me semble que c’est un humain ! » Le septième en buvant, faillit avaler la bague. Il la recracha, l’observa et reconnut le bijou qui avait appartenu à sa mère .
« Notre sœur serait-elle parvenue jusqu’à nous ? Serait-elle venue pour nous délivrer ? »
La petite qui s’était tenue cachée, avança vers eux et aussitôt les sept corbeaux retrouvèrent leur forme humaine .
Chacun prit dans ses bras la petite sœur et l’embrassa, puis les huit enfants reprirent le chemin de la maison de leurs parents.

mercredi 8 juillet 2009

Les sept corbeaux - d'après Grimm (1)




Un homme qui avait sept fils souhaitait, pour changer, avoir une fille. Il le désirait tant que sa femme finit par attendre un bébé, et par bonheur, elle accoucha de la petite fille objet de tant de vœux fervents. Mais le bébé était si chétif, si maladif, qu’on se mit à craindre pour sa survie. On jugea prudent de le baptiser très vite, aussi le père envoya-t-il un de ses garçons chercher de l’eau bénite à l’église dans une petite fiole de verre. Les six autres suivirent leur frère, tout courant et se chamaillant pour savoir qui arriverait le premier à l’église, et qui le premier puiserait l’eau sacrée. Ils firent tomber la fiole qui se cassa.
Les garçons bien embêtés, n’osaient rentrer à la maison. Pendant ce temps, le père s’impatientait ; il craignait que sa petite fille ne meure avant d’avoir été baptisée. Tout en colère, il s’écria :« Ces maudits gamins mériteraient d’être changés en corbeaux ! ». Il n’avait pas fini sa phrase qu’il entendit un battement d’ailes et qu’il vit passer au-dessus de lui un vol de sept corbeaux.
Le père alors, regretta ses parolesinconsidérées, mais ni ses larmes ni celles de la mère ne purent briser l’enchantement. Ils se consolèrent comme ils purent en regardant grandir leur petite fille qui devenait plus vigoureuse et plus belle de jour en jour. Comme les parents, pour ne pas raviver leur chagrin ne parlaient jamais des garçons, la petite fille ignorait qu’elle avait eu sept frères aînés.
Et puis un jour elle entendit des voisins bavarder ; en entendant son nom, elle écouta plus attentivement. Ces gens disaient que certes, elle était fort belle mais qu’à sa naissance, ses sept frères avaient disparu. La petite, qui parfois s’ennuyait toute seule en fut bien chagrinée. Elle alla trouver ses parents et leur demanda s’il était vrai qu’elle avait eu des frères et ce qu’ils étaient devenus.
Les parents lui racontèrent alors comment ses frères avaient été changés en corbeaux en allant chercher l’eau de son baptême. Elle se sentit responsable de ce malheur ; pendant des semaines elle ne put trouver ni paix ni sommeil. Alors elle décida de partir à la recherche de ses frères et de trouver un moyen de rompre l’enchantement. Elle emporta une bague que ses parents lui avaient donnée, une miche de pain, une gourde d’eau et une petite chaise pour se reposer.

Les Chouchous