Tous trois retournèrent vers la ville, il n’était plus question de
tournois pour eux. Antor emmena Arthur à l’écart et quand ils furent seuls, le
père mit un genou en terre devant son fils.
« Mais mon père, dit le jeune homme, c’est moi qui te dois
respect et obéissance, c’est à moi de m’agenouiller devant toi et non
l’inverse !-
-Tu fais erreur, Arthur , je plie le genou devant toi parce que tu es
mon roi !
- Oui, Arthur, tu es mon fils par le cœur et ce que je vais te révéler
ne change rien à l’amour que j’ai pour toi : tu n’es pas mon fils par le
sang !
Antor vit de la détresse dans les yeux de l’adolescent ; il lui
prit les deux mains :
« Ecoute-moi, Arthur : une nuit, il y a de cela bien
longtemps, un homme dont j’ignore tout m’a demandé si je voulais prendre soin
d’un nouveau-né abandonné. Il m’a fait jurer de prendre soin de lui, de
l’élever et de l’aimer comme mon propre fils ; il l’a fait jurer à ta mère
qui t’as nourri de son lait. Tu n’avais pas encore ouvert les yeux, tes langes
étaient de fine dentelle. Nous avons accepté et depuis, tu es vraiment notre
fils… »
Arthur pleurait : « Si tu ne veux plus être mon père, que
vais-je devenir ? – Tu as un père et une mère, mais l’homme qui t’a confié
à moi m’a fait jurer de ne jamais chercher à savoir qui ils sont. Peu importe,
Arthur, tu es notre fils et nous t’aimons ! – Quoiqu’il advienne, répondit
Arthur en l’embrassant, tu seras toujours mon père ; mais pourquoi me
dis-tu cela aujourd’hui et pourquoi suis-je le seul à pouvoir retirer cette
épée de l’enclume ? – Parce que c’est toi l’élu, celui qui es notre
roi ! Et tu seras toujours mon fils bien-aimé, cependant promets-moi une
chose : quels que soient les défauts de Keu, n’oublie jamais qu’il est ton
frère et garde le toujours près de toi. »
Arthur jura que quoi qu’il advienne, il ne se séparerait jamais de
Keu.
Alors Antor s’en fut trouver l’archevêque et lui demanda de laisser le
jeune Arthur qui n’était pas encore chevalier tenter l’épreuve avant les hommes
du peuple. Le prélat qui savait Antor un homme droit, vaillant et sage promit
qu’après les vêpres, Arthur serait le premier admis à monter sur le perron.
Antor heureux qu’un chef soit donné au royaume, fier que ce roi soit son fils
mais le cœur lourd de perdre l’enfant qu’il a élevé s’en retourna près de ses
fils.
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