Une reine se désolait de n’avoir pas d’enfant. Une vieille femme à qui
elle avait accordé l’hospitalité, lui dit de manger deux oignons. Pressée de
suivre le conseil, la reine mangea un oignon tel qu’on le lui avait apporté,
mais prit le temps d’éplucher le second.
Bientôt elle vit son ventre s’arrondir et mena sa grossesse en femme
heureuse si bien qu’au bout de neuf mois, elle accoucha d’un premier garçon
parfaitement beau et bien fait ; quant au second, il lui fit regretter de
n’avoir pas épluché l’oignon dont elle l’avait conçu : c’était un
monstre répugnant, un lindworm. Le lindworm ressemble assez à un dragon à
cette différence qu’il a deux pattes, pas d’ailes et une seule tête. Celui-ci
bien que prince fit comme tous ses pareils et choisit de vivre près des
cimetières où il se nourrissait de cadavres humains.
Les deux princes grandirent et quand ils furent en âge de se marier,
le premier trouva facilement une épouse, mais pour le second, chaque fois qu’on
lui amenait une fiancée , la malheureuse prise d’effroi le refusait et le
lindworm furieux ,se jetait sur la malheureuse et la dévorait. Il ne resta
bientôt plus dans le pays aucune fille à lui présenter.
Dans la montagne, un berger avait une fille très belle, très douce et
qui s’était bien gardée d’aller se présenter à la cour. Un soir qu’elle avait
rentré toutes ses bêtes à la bergerie, une vieille femme se présenta et lui
demanda l’hospitalité. La jeune fille l’amena dans la maison, la fit assoir à
table avec son père, lui donna son lit pour la nuit et s’en fut dormir avec ses
moutons. Le lendemain la vieille lui dit : « Si tu suis mon conseil,
ta fortune est faite ! Va chez la reine et dis-lui que tu consens à
épouser le lindworm. » La
bergère effrayée refusa tout d’abord mais la vieille insista : « Si
au jour de tes noces, tu portes sur toi
toutes les robes, toutes les chemises et tous les jupons que tu
possèdes, il ne t’arrivera aucun mal. »
Elle choisit d’écouter la vieille et se présenta chez la reine. Toute
heureuse de trouver enfin une fille qui consente à s’unir à son monstre, la
reine fit préparer la noce. On trouva bien la fiancée un peu épaisse mais on
n’osa rien dire.
Le soir venu, l’horrible bête ordonna à son épouse de se déshabiller.
« J’y consens , répondit –elle, si mon époux retire lui aussi cette peau
qui l’enrobe ? » L’époux amoureux fit ce que sa belle lui
demandait ; cette peau enlevée, il était un peu moins laid. Son épouse
avait ôté sa robe mais elle était toujours aussi vêtue. Contrarié, le lindworm
lui intima de se déshabiller et cette fois pour de bon. Elle accepta de nouveau
à la condition que lui aussi retire une autre peau. Et cette fois encore son
aspect s’améliora. Au cours de la nuit, la mariée ôta toutes ses robes et
l’époux toutes ses peaux et quand enfin elle fut nue, Il n’y avait plus de
monstre mais un prince parfaitement beau et bien fait.
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1 commentaire:
Belle histoire d'un oignon qui ne fait pas pleurer les belles !
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