(2)Le Bon Petit Henri-
Il s’agit comme
dans le conte de Blondine d’une quête initiatique. Celle d’un garçon cette
fois.
Pour guérir sa mère, affligée comme Sophie de Ségur
d’intolérables maux de gorge, le petit Henri doit aller cueillir l'Herbe de Vie
qui pousse au sommet d'une haute montagne
Sur sa route, plus longue qu'il n'avait imaginé, il
délivre un corbeau d’un piège. Un peu plus loin, il sauve un coq poursuivi par
un renard. Puis il empêche un serpent de dévorer une grenouille. Ces animaux,
dont il comprend le langage, vont le remercier en lui apportant une aide dont
il aura grand besoin car cette quête n’ira pas sans épreuves qui sont autant de
rites de passage de l’enfance à l’âge adulte. Contrairement à Hercule ou
Sisyphe, qui durent s’acquitter de tâches héroïques impossibles à réaliser pour
un simple humain, et plus encore pour un enfant, ici ces tâches seront
formatrices car de dimensions humaines puisqu’elles seront en rapport avec les
activités nécessaires à la survie des hommes. Ainsi le petit Henri apprendra à faire du pain en commençant par
moissonner le blé, à faire du vin en
commençant par la vendange, à chasser et
cuisiner sa chasse, à pêcher et cuisiner sa pêche.
Il sera
assisté par d’autres êtres magiques, tels le vieillard de la montagne, le
géant, le loup, le chat ; d’autres, le renard, le serpent, seront maléfiques et compliqueront son
aventure.
On lui confiera aussi des talismans, illustrant la
persistance de la pensée magique enfantine : la tabatière pleine de lutins
travailleurs, le bâton à chevaucher pour se déplacer, le chardon qui exauce les
vœux matériels et la griffe de chat guérisseuse.
Le coq est le premier à manifester sa gratitude en prenant le héros sur son dos pour lui faire traverser une large rivière.
Henri continue son chemin mais plus il marche, moins
il avance. Un petit vieillard lui impose de faire du pain en commençant par la
moisson. Henri y passe un temps fou; arrivé au bout de la tâche, pour le
remercier, le vieillard lui offre une tabatière.
Henri reprend sa route et cette fois, chaque pas le
rapproche de son but. Mais un mur infranchissable se dresse devant lui. Il
appartient à un géant qui le laissera passer à condition qu'il fasse pour lui
la vendange et aussi le vin. Henri s'acquitte de l'épreuve et pour salaire,
reçoit du géant un chardon. Le géant siffle, le mur s'écroule, Henri peut
passer.
Il approche du sommet de la montagne: cette fois
c'est un précipice qui lui barre le passage. Un loup terrifiant lui impose de
chasser tout le gibier de son domaine et d'en faire des pâtés. Henri ne sait
pas chasser; c'est alors que le corbeau qu'il avait délivré lui vient en aide.
Quand tout est terminé, le loup donne à Henri un bâton et l'invite à monter sur
son dos. D'un bond prodigieux, il franchit le précipice.
Henri approche enfin du jardin où pousse la plante
magique, mais manque de tomber dans un fossé plein d'eau. Un énorme chat veut
le mettre en pièces, puis consent à l'aider à condition qu'il pêche pour lui
tous les poissons du fossé, qu'il les sale et les mette en conserve. Henri ne
sait pas pêcher; c'est alors la grenouille qui vient à la rescousse. Quand tout
est fini, le chat lui donne une de ses griffes et c'est agrippé à sa queue qu'Henri
franchit le fossé.
Il a ainsi appris la patience, l’effort et l’habileté
dans tous les savoir-faire nécessaires à la vie.
Tous ces animaux, tous ces êtres magiques, tous ces
talismans sont des émanations de la fée Bienveillante, qui protège Henri et qui
lui a conseillé d'aller chercher l'Herbe de Vie.
Arrivé enfin dans le jardin, il ne sait quelle plante
choisir. Il se souvient alors que la fée lui a dit d'appeler le docteur qui y
jardine. Ce personnage est si petit qu'il disparaît sous les plantes. Il donne
l'Herbe à Henri en lui recommandant de ne pas la lâcher sous peine de la voir
disparaître à jamais.
Comment faire? Il songe à tous les obstacles qu'il a
trouvés sur sa route... Mais il a désormais le bâton, qu'il chevauche pour
rentrer chez lui.
Il a grandi, sa mère est guérie et la fée
Bienveillante l'autorise à se servir des présents des génies de la montagne.
La tabatière est habitée d'êtres minuscules qui
travaillent pour lui; le chardon procure à la mère des vêtements et du linge;
quant à la griffe de chat, elle leur assure pour toujours santé et bonheur.
Ce conte est
fortement inspiré des contes de Grimm dans lesquels le héros est souvent aidé
par des animaux . Henri monte sur leur dos, s’accroche à leur queue. On y
trouve aussi un peu de sorcellerie, donc de pensée magique : le chat qui
s’arrache une griffe , et quelques réminiscences des contes russes. Sous
l’apparence très douce du petit garçon qui veut guérir sa maman, on trouve dans
ce conte bien des traces de croyances primitives.
Un souvenir
également de l’oiseau de feu, très proche de l’oiseau d’or de Grimm.
Sophie,
volontiers herboriste, qui cultivait des simples dans son jardin des
Nouettes, aurait certainement aimé
connaître cette Herbe de Vie et la faire descendre de la montagne inaccessible,
pour l’acclimater dans ses parterres.
2 commentaires:
Qu"est-ce-que c'est que ce petit Henri qui nous bouscule la chaine alimentaire des espèces !
j'adore ce recueil de contes , découvert dans l'enfance.. et l'histoire d'Ourson aussi...
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