Bien qu’il existe un
saint Ange de Jérusalem dont on ne sait pas grand-chose sinon qu’il est fêté le
5 mai, la paroisse de Saint Ange voisine de Torcay est placée sous la
protection de l’archange saint Michel, le chevalier du bien, l’adversaire
déclaré de Lucifer, le pourfendeur de dragons, le conseiller de Jeanne d’Arc..
On le fête lui aussi en mai, le 8, jour où il est apparu au pape Grégoire le
Grand……
Mais il est une autre
légende : sur la commune de Saint-Ange, le long de la Blaise, se dresse
une demeure dont les pierres se teintent de rose dans le soleil couchant :
le Vieux Mesnil. Elle n’est plus habitée et se délabre au fil des ans. Du temps
où j’avais un cheval, un chemin nous menait le Pégason et moi jusque devant le
portail du Vieux Mesnil ; il n’y avait personne ce jour-là et au milieu de
la cour, un rosier m’invitait à venir le respirer. J’ai mis pied à terre et
j’ai poussé la grille ; le parfum des roses s’harmonisait avec leur ton de
corail pâli. Elles faisaient pour moi les belles, insouciantes, elles savaient
que je ne leur ferais aucun mal : je n’aime pas cueillir les fleurs.
Au moment où je
remontais à cheval, un très vieil homme a paru ; il portait au bras un
panier rempli d’herbes. Probablement avait-il des lapins… Je l’ai salué.
-Triste maison, me
dit-il en me rendant mon bonjour.
-Triste ?
pourquoi , je ne trouve pas !
-Ah ! c’est que
vous ne connaissez pas l’histoire…
-Quelle
histoire ??
-Oh !!! une terrible,
terrible histoire ! Vous savez, personne ne peut vivre ici
longtemps ; il arrive aux gens des malheurs… ils doivent s’en aller… ou
bien ils meurent…
-Vous voulez dire que
c’est une maison… maudite ???
-C’est qu’on y a fait
bien du mal…
Et le vieil homme m’a
raconté que jadis, cette maison était un couvent. Les nonnes recevaient là des
jeunes filles, des femmes qui avaient « fauté » ; elles les
délivraient du résultat visible de leur faute. Il est derrière la maison, un
terrain où l’on aurait retrouvé des ossements minuscules. On a dit aussi que
venaient ici des célébrants de messes noires, des montreurs de monstres de
foire…
Le soir tombait, j’ai
frissonné ; les briques roses du Mesnil étaient devenues grises, le rosier
avant refermé ses fleurs et le vieil homme m’a tourné le dos et fait un signe de la main.
J’ai repris le chemin
au petit trot du Pégason… Saint Ange… L’archange saint Michel, oui ! Mais
les nonnes n’étaient-elles pas des faiseuses d’anges ?
3 commentaires:
Que tu racontes bien, Pomme ! j'y étais...
Tous ces petits anges; quelle horreur!
Saint-Ange était également un nom très prisé par le Marquis de Sade, qui le donnait à certains de ses personnages extrêmement débauchés...
s.h.
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