Au
matin du troisième jour, fidèle à la parole donnée mais le cœur en deuil,
Arthur fit seller son cheval et s’en fut au rendez-vous du Cavalier Noir. Il
n’avait pas le fin mot de l’énigme ; il allait perdre son royaume et y
laisser sa vie.
« Roi
Arthur, prononça-t-telle, d’où vous vient cette triste figure ? »
Le
Roi, inexplicablement confiant en ce monstre placé sur son chemin, lui raconta
toute l’histoire : « Et, conclut-il, comme je ne connais pas la
réponse, il ne me reste plus qu’à mourir ! »
La
créature se mit à rire :
« Roi
Arthur, mon savoir est immense et je connais la clé de cette énigme. Je te la
donnerai si tu me promets d’exaucer un de mes vœux, quel qu’il soit.
-
S’il n’est contraire ni à ma foi, ni à mon honneur, je te l’accorde.
-
Sans condition, Roi Arthur, sans condition. »
Au
point où il en était, Arthur n’avait plus rien à perdre ; il accepta.
L’horrible
femme, se haussant jusqu’à son oreille, lui murmura quelques mots ; le
visage d’Arthur s’éclaira et tout heureux, certain d’être sauvé, il allait se
remettre en route, quand le monstre s’accrocha à son étrier :
« Je
t’ai donné la réponse, Sire. A toi maintenant de faire honneur à ta parole.
-Quel
est ton souhait ?
-Je
veux que tu me donnes un de tes chevaliers pour époux.
-Impossible,
se récria Arthur ! Je me suis engagé pour moi-même et non pour aucun de
mes chevaliers !
-Une
promesse est une promesse, Arthur !
Et
le Roi consterné, dut s’engager à revenir le lendemain accompagné du futur
époux de la plus laide femme qui fut au monde. Plein de remord à l’idée de ce
qu’il allait devoir exiger d’un de ses fidèles compagnons, Arthur traversa la
forêt jusqu’à l’étang où l’attendait le Cavalier Noir.
La lance levée en un salut moqueur, ce dernier quitta l’ombre des pins pour saluer le Roi :
La lance levée en un salut moqueur, ce dernier quitta l’ombre des pins pour saluer le Roi :
« Alors,
Roi de Bretagne, es-tu prêt à me céder ta couronne ?
-Certainement
non !
-Donne-moi
la réponse ou prépare- toi à mourir !
Un
lourd silence s’étendit comme une ombre ; plus un oiseau ne chanatait,
plus une feuille ne bruissait, le clapotis de l’eau s’était tu… La voix
d’Arthur s’éleva :
« Ce
que désirent les femmes plus que tout, Cavalier Noir, c’est d’être les
maîtresses de leur destin ! »
L’homme
en noir poussa un hurlement de rage, tel que tous les échos de la forêt en
retentirent ; les biches se tapirent dans les ronciers, les loups et les
ours dans leurs tanières et le lapins se réfugièrent dans leurs terriers/
« Maudit
sois-tu, Arthur ! et maudite soit celle qui t’as renseigné ! Tu m’as
privé de ma victoire… »
Et
tournant bride, il s’en fut au galop pour disparaître dans les profondeurs de
la forêt.
Arthur
avant sauvé sa vie et sa couronne, mais il n’était pas joyeux pour
autant ; ce qui lui restait à accomplir n’était pas moins difficile.
Comment annoncer à ses fidèles compagnons, qu’il avait juré de faire le malheur
de l’un d’entre eux en le condamnant à épouser un monstre ?
Pivoine au Jardin et oiseaux sur l'Almanach
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