L’hiver
ne voulait pas finir à Kaerleon.
Le Roi Arthur était venu y passer Noël avec
toute sa cour et depuis, on guettait une embellie pour aller s’établir dans une
autre demeure. En attendant, on y menait
grand train : festins, ménestrels, chants et danses ; tout le jour,
Arthur et ses chevaliers pourchassaient le gibier dans les bois d’Inglewood.
Un
matin, le roi sur les voies un grand cerf, perdit la chasse. Il se trouvait
seul, il n’entendait plus le son des trompes ni les abois de la meute, le cerf
avait disparu. Cette partie de la forêt lui était inconnue ; les pins
étaient très hauts et les frondaisons si denses que la lumière y parvenait à
peine ; seule l’eau sombre d’un étang luisait faiblement.
Sur
l’autre rive, Arthur distinguait un cavalier, très grand, son armure était
aussi noire que la robe de son cheval. Immobile, il l’observait et sans lever
son heaume, d’une voix profonde, il l’interpella :
« Roi
Arthur ! Approche, et si tu tiens à ton royaume, viens ici le
défendre ! » . Le noir cavalier partit d’un éclat de rire sinistre.
« Tu
es à moi, Pendragon ! rugit le Cavalier Noir et galopant à travers l’étang dans des gerbes d’eau
grise, il pointa sa lance droit au cœur du Roi, pétrifié. Puis il l’abaissa en
ricanant :
-
Trop facile ! vraiment… trop facile ! Où se trouve le plaisir de
vaincre un homme désarmé ? Je préfère te donner un chance : tu peux
encore sauver ton royaume et ta vie si tu reviens ici dans trois jours me
donner la réponse à une question.
Arthur
avait repris courage :
« Quelle
question ?
-
Quel est le plus grand désir des femmes ? Si tu connais la réponse, tu
seras sauvé ; sinon tu mourras et je prendrai ta place sur le trône de
Bretagne. » Et sur ces paroles, le chevalier fit volter sa monture et
disparut au galop dans l’épaisseur de la forêt.
Arthur,
encore mal remis du choc de cette étrange rencontre chevauchait, pensif. Il reprenait
peu à peu ses esprits ; le défi ne lui semblait après tout pas bien
difficile. Que désirent les femmes ? Il n’y a qu’à le leur demander !
Et sur la route qui menait à Kaerleon, il interrogeait toutes celles qu’il
rencontrait ; pauvres ou riches, nonnes ou bergères, jeunes ou vieilles,
maîtresses et servantes… et chacune hélas, lui donna une réponse différente.
Perplexe,
il rentra au château où Guenièvre son épouse, lui trouva l’air préoccupé. Il y
avait de quoi ! Sa vie, son royaume dépendaient d’une réponse à laquelle
sur tant de femmes interrogées, aucune n’avait une idée semblable. Sans révéler
le plus terrible de son aventure, il fit venir à lui toutes les femmes de la
cour, disant qu’un chevalier l’avait défié de donner avant trois jours la
réponse à cette question : Mesdames, quel est votre plus cher désir ?
Mais
l’assemblée des Dames ne fit que renforcer son désarroi : les laides voulaient
la beauté ; les belles ,l’intelligence ; les malades soupiraient
après la santé ; les petites désiraient grandir et les grosses devenir
minces ; les jouvencelles attendaient impatiemment la maturité ; les
vieilles espéraient rajeunir ; une aïeule eut même le toupet de réclamer
un jeune amant.
Durant
trois jours les débats firent rage sans que se montrent au moins deux réponses
semblables.
Le Chat fait le sabbat au jardin et Pierre Dac ne nous rase jamais sur l'Almanach
Le Chat fait le sabbat au jardin et Pierre Dac ne nous rase jamais sur l'Almanach
1 commentaire:
Le plus cher désir du jour: LE SOLEIL!
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