Et voilà comment changea le
destin de Lucrèce… une nouvelle vie pleine d’attraits, de difficultés aussi,
mais Lucrèce ne les redoutait pas les difficultés. Elle fut bien accueillie,
elle sut se rendre utile, se contenter de ce qu’on lui proposait et puis,
Florimond l’aidait beaucoup.
Il y avait bien longtemps qu’il
la regardait quand elle venait prier à Saint Gervais ; bien longtemps
qu’il se demandait comment l’aborder et puis ce hasard ,cette chance finalement
qui l’avait jetée à la rue au moment où lui pouvait l’aider. Ils auraient pu
s’aimer, mais le hasard encore lui, fit qu’une étincelle allumée embrasa le théâtre ;
de la charpente en bois, des décors de carton, des costumes, il ne resta rien.
De Florimond non plus, on ne retrouva rien.
On rassembla de quoi monter un
spectacle, on trouva un chariot, un cheval ; Lucrèce suivit la troupe au
gré des routes. Ces routes dont une passait par les Authieux.
Voilà ce que contait le journal
de Louis…
Estournelle éternua ; ses
ongles s’effritaient, ses paupières la brûlaient, sa peau était sèche ;
l’effet du vieux papier. Mais pour rien au monde, elle n’aurait abandonné
l’entreprise. Quelle histoire ! que d’histoires révélées dans ces vieux
cahiers !!! Elle allait en avoir des choses à raconter quand Marlon serait
de retour.. Marlon qui semblait pour lors s’intéresser moins au passé de sa
maison qu’à l’avenir du village.
Le compositeur, était parisien, artiste et il avait acheté
le château : trois bonnes raisons pour que la commune renâcle à l’intégrer.
Et puis un jour, il avait participé à une remise de prix, on l’avait vu à la
télé ; mieux encore, il avait eu sa photo dans un magazine à ragots qu’on
pouvait lire chez le coiffeur. Du coup, le village l’avait reconnu comme une
personnalité et on le saluait aimablement. Aux Authieux soudain, les
travaux avançaient. La récente notoriété locale de Marlon motivait l’artisan
flatté d’entrer dans la demeure d’un homme dont sa femme avait vu le portrait
dans la presse.
L’église venait d’être restaurée ;le conseil municipal
vint en délégation pour demander à la « pipeule » communale de les
aider à y organiser un concert. Marlon pas rancunier, accepta. Il en oublia
pour un temps Soline et les fantômes.
Il allait falloir trouver des musiciens qui acceptent de
jouer contre un week-end à la campagne, puisque le budget de la commune ne
prévoyait aucune dépense à motivation culturelle. Marlon décida de se rendre à
Paris dans l’idée de convaincre des copains sans engagements des bienfaits du
grand air. Et d’ inviter d’autres copains à venir les écouter. Les uns
engageraient les autres... pour le plus grand bien de tout le monde.
Il commença par passer deux semaines à concocter différents
programmes et décida d’en soumettre deux à la commission des fêtes :
un moderne et un plus classique. Il ne se doutait pas du désarroi qu’il allait
provoquer ! Rassemblés autour de la longue table de la salle du conseil,
les membres de la commission culture hochaient la tête, se raclaient la
gorge : ils n’avaient manifestement jamais entendu parler ni des œuvres ni
des compositeurs que leur proposait Marlon . « Faut voir !… »
fut-il conclu.
2 commentaires:
HAHAHAHAHA ! j'adore le "faut voir...." de la fin, cet éternel "faut voir" des ruraux déconcertés, ennemis de la nouveauté, lents à s'essayer à quelque chose qu'ils n'ont jamais frôlé, même en pensée....Hahahahaha ! oh, comme c'est bien dépeint, Pomme !
Du vévu, Anne, du vécu!!
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