Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

dimanche 6 décembre 2009

Saint Nicolas copié

 Voici le jour de fêter le plus grand saint de Décembre. Mais qui était Saint Nicolas.?
Quel chemin ce personnage né en Asie Mineure et devenu évêque de Myre a-t-il parcouru pour venir dans nos régions tirer d’un saloir trois petits enfants victimes d’un boucher assassin ?
On pourrait faire plusieurs volumes des légendes qui courent sur Saint Nicolas. Voici ce qu’on raconte, chez nous, en Lorraine.
Un gentilhomme du pays, Albert de Varangéville était parti pour la première croisade. Sain et sauf, il rentrait chez lui en passant par l’Italie. Chez les bénédictins de Bari où il fit étape, il reçut ou acheta, (les moines ne vivent pas que de prières), les os d’un doigt de Saint Nicolas. Albert fit don de la relique à l’église de Port, un gros bourg situé sur la Meurthe, près de Nancy.
De nombreux croisés et voyageurs de retour de Palestine avaient raconté en Lorraine les miracles du grand saint. Quand on sût que l’église de Port abritait un de ses doigts, les gens accoururent en foule et le village grandit pour devenir la ville qui est encore aujourd’hui Saint Nicolas de Port, dominée par sa haute basilique.
Avant même d’avoir accompli quelque prodige, le saint protecteur des marins, des pauvres, des jeunes filles et des petits enfants, avait conquis les Lorrains.
Cent ans plus tard, un miracle allait asseoir sa réputation.
C’était en 1230 environ, pendant la sixième croisade ; un seigneur lorrain, le comte Cunon de Réchicourt, était prisonnier des infidèles.
Enfermé comme une bête fauve dans un cachot, avec au cou un carcan de fer de cinq doigts de large et épais d’un pouce, la taille prisonnière d’une ceinture de fer, immobilisé par trois chaînes de fer scellées dans la muraille, les bras et les jambes entravés par quatre autres chaînes, il était quasiment emmuré vivant, ignoré, oublié de tous, sans le moindre espoir d’évasion.
S’il n’attendait plus rien des hommes, il n’en continuait pas moins à prier Dieu et comme tout bon Lorrain, à invoquer Saint Nicolas.
Le soir du 5 décembre 1240, son geôlier, un chrétien renégat, le trouvant en prières alors qu’il venait vérifier ses chaînes, l’accabla de sarcasmes : -« Prie-le bien, ton Saint Nicolas ! Puisque demain c’est sa fête, il fera certainement quelque chose pour toi ! »
Le pauvre prisonnier à bout de misère, ne trouva rien à répondre, mais continua ses prières : -« Grand Saint Nicolas, vous qui avez pu rendre la vie à des petits enfants salés et coupés en morceaux, ne m’abandonnez pas ! Vous seul pouvez me sortir de ce cachot plus sombre qu’un tombeau. ! »
Et Cunon s’endormit en priant.
Il s’éveilla sous un ciel plein d’étoiles pâlissantes ; le jour allait se lever ; les miasmes de son cachot avaient laissé la place à un air pur et glacé. Il croyait rêver de cet endroit où il était couché et qu’il connaissait si bien : le parvis de l’église Saint Nicolas de Port, chez lui, en Lorraine.
Pourtant ce n’était pas un rêve ; il se leva et, faible et vacillant sous le poids de ses chaînes qu’il traînait derrière lui à grand fracas, il alla cogner à la porte de la basilique. Un jeune clerc, affolé tout d’abord à l’aspect de cet homme hirsute, dont la barbe et la chevelure, sales, longues, emmêlées, cachaient presque entièrement la face, consentit finalement à l’écouter et alla avertir le prieur.
Qui fut un peu long à éveiller puisque Saint Nicolas eut le temps de faire ouvrir le grand portail. Cunon chancelant toujours sous ses chaînes, alla se jeter au pied de l’autel et rendit grâces à Dieu et au grand saint.
D’abord étonné, puis émerveillé, le prieur écouta le récit du prisonnier puis à grand branle-bas de cloches fit accourir les fidèles. Du haut de sa chaire, il leur conta le grand miracle. La foule entonnait le Te Deum, quand un autre miracle fit s’écrouler à grand fracas, les fers qui emprisonnaient encore le comte.
Enfin libre, il les fit accrocher aux piliers de la basilique en guise d’ex-voto.
Peut-être y sont-ils encore, je ne suis pas allé vérifier….
PP

5 commentaires:

Odile a dit…

J'ai vécu quelques années en Lorraine. La légende de ST Nicolas y est encore très vivace. Nous habitions un village et... nous avions eu la visite de St Nicolas, avec son âne, le père Fouettard et... les pains d'épices.

P a dit…

Quel village , Odile?
Je SUIS Lorraine bien que je vive en Beauce depuis longtemps où les traditions ne sont même plus un souvenir...
Good Night
Pomme

Odile a dit…

J'ai habité 5 ans à Tonnoy, un petit village au sud-est de Nancy. Pour moi c'est l'idéal : un village à quelques kilomètres d'une grande ville... Mais le climat là-bas, c'est dur, enfin ça me dérange seulement pour la conduite en hiver, j'ai très peur de la neige et du verglas. Sinon, j'aimais bien.

P a dit…

C'est drôle! Je connais bien Tonnoy; mon père y a tenu un bistrot dans les années 60 ou 70.
Et bien avant, quand j'étais gosse, nous avions une maison de campagne à Flavigny, au bord du canal.
Nous habitions Nancy où je suis née..
Le monde n'est pas grand!
bonne nuit!
PP

Odile a dit…

AH ça alors Pomme ! Mes enfants y vont encore régulièrement puisque leur père y vit. J'y ai possédé une maison... 6 mois et après j'ai divorcé :-)
Et j'ai travaillé à Flavigny, à l'IME, je ne sais pas s'il existait déjà ?
A Tonnoy, il ne reste plus qu'une boulangerie. Même la salle des fêtes a été fermée !!

Quand j'y ai vécu, nous habitions (avant la maison achetée) tout en haut du village, près de la route qui mène à Saint Nicolas de Port. Il y avait encore plusieurs épiceries, un café. Maintenant plus rien, et pourtant, il y a beaucoup de familles avec de jeunes enfants.
Comme tu dis, le monde ... n'est pas grand ;-)

Les Chouchous