Lorsque Horribal rejoignit Purnath dans la grande salle du conseil de l’hôtel de bauge, l’homme était en train de reprendre conscience. Deux jeunes truies l’avaient baigné, parfumé et enveloppé dans un drap, avant de l’installer délicatement sur un assemblage de coussins posés à même le sol ( il n’existait évidemment aucun siège où on pût l’asseoir). Purnath fit sortir tout le monde, ne conservant que le vieil historien à ses côtés. Tous deux attendirent en silence le moment où l’homme ouvrirait les yeux. Qu’allait-il éprouver ? se demandait Purnath en lissant songeusement ses soies. De la terreur, sans aucun doute. Car même si, chez les êtres humains, le souvenir des guerres interespèces s’était estompé depuis la fin de l’âge de pierre (c’était précisément le point qu’Horribal, au cours de sa folle expédition en surface, avait cherché, et réussi, à établir), comment leur raison résisterait-elle au spectacle de porcs vêtus de toges et portant chapeaux – et dont la taille, lorsqu’ils se tenaient debout sue leurs pattes arrières frôlait les deux mètres cinquante ?
A moins, naturellement, que l’homme ne soit pas tombé par hasard dans la bouche d’aération…
Pendant quelques instants, Purnath crut que tel était le cas. L’intrus avait fini par battre des paupières. Avec un très léger gémissement, il s’était hissé sue un coude et avait jeté autour de lui un regard circonspect.. Ses yeux s’étaient posés, çà et là, sur les murs de la salle du conseil. Ils s’étaient longtemps attardés sur les fresques représentant Bonorrio, sa hache de pierre à la main, juché au sommet d’une montagne de cadavres humains couverts de peaux de bêtes. Pour finir, l’homme avait dévisagé Horribal, puis Purnath lui-même. Sans autre manifestation physique qu’une étrange torsion des lèvres. Horribal se pencha et murmura à l’oreille de Purnath : « Il nous sourit, monsieur le maire. C’est un signe d’amitié et de bonne volonté. »
Purnath hocha pensivement la tête. « Demandez-lui ce qu’il fait ici. »
1 commentaire:
fabuleux !
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