A Fraimbois, ils avaient un beau bouc;il avait une belle grande barbe, aussi grande que celle du grand Jules. Un jour, il avait eu envie de se promener dans les champs. Comme il y avait de gros nuages et que le tonnerre roulait, le pauvre bouc s'avait sauvé dans l'église. La préfète de la congrégation, qu'était en train d'arranger l'autel, en avait été si épouvantée, la pauvre innocente, qu'elle en avait laissé choir un beau vase sur le sol, celui que le Batisse Brégeot avait donné en cadeau le jour de ses noces d'argent. Il paraît que le bouc prenait alors la pauvre fille pour une bocatte (chèvre). C'était la Phrasie (elle avait pourtant déjà trente-sept ans). Elle n'avait eu que le temps de se fourrer au confessionnal.
La pauvre malheureuse se sauve en mettant ses mains sur ses yeux pour ne pas voir le mandrin de bouc-là. Quand il a vu qu'il ne pouvait la rejoindre, il a été se coucher dans le banc de la Bibi. Alors la pauvre Phrasie a pu se sauver chez Mosseur Curé; et elle lui dit:"Le diable est dans l'église, j'ai vu ses cornes; venez vite avec le maître d'école." Ils arrivent avec leur petit seau d'eau bénite, ils se mettent à chanter des litanies pour chasser le démon; à chaque couplet, le maître d'école répond: Amen.
Voilà le bouc qui sort de sa cachette, et, les cornes en avant, qui passe entre les jambes de Mosseur Curé qui tombe sur le dos du bouc. Et il l'emporte au grand galop.
Voyant cela, Mosseur Curé se trompe dans ses Oremus, le pauvre homme: " Que le diable m'emporte, qu'il dit. - Amen ", que répond le maître d'école, et le bouc dit, lui aussi: "Amen", en foutant Mosseur Curé dans l'auge de la fontaine. La pauvre préfète en a restée sotte toute sa vie. Quand elle apercevait un bouc, elle se sauvait en mettant ses cottes sur sa tête.
Jean LAHNIER - Les contes de Fraimbois
Un bouc qu'Anne reconnaîtra certainement
1 commentaire:
ça m'en bouc-he un coin!
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