Le
plus puissant roi de la Grèce (de ce temps là !) avait trente filles ;
l’aînée se nommait Albine. Il avait aussi par chance, trente voisins ;
des rois moins puissants que lui mais dont il souhaitait l’alliance. Il
leur offrit ses filles en mariage, ils acceptèrent. On ne demanda pas
l’avis des jouvencelles.
Princesses,
riches, elles avaient pris des airs d’indépendance et se trouvaient mal
préparées à leur nouveau statut d’épouse. La lune de miel passée, des
conflits éclatèrent au sein des couples et les jeunes mariées se
plaignirent au roi leur père qui leur enjoignit pour le plus grand bien
de la Grèce, de filer doux .
Albine
furieuse réunit ses sœurs et résolut avec elles de supprimer les
malencontreux conjoints. Hélas, la plus jeune aimait son mari et ne put
se résoudre à le tuer. Toute en larmes, elle révéla le complot.
Pour
prix de leur forfait manqué, on embarqua les rebelles sans vivres et
sans gouvernail sur un navire qu’on poussa vers la haute mer.
Dans
le vent, dans la tempête, la nef dériva au gré des courants pendant de
longs jours ; les malheureuses étaient plus qu’à- demi mortes de faim,
de soif et de fatigue quand leur embarcation s’échoua sur une plage
déserte . Elles survécurent grâce à quelques coquillages providentiels
et reprirent assez de forces pour explorer cette terre inconnue. Elle
était inhabitée mais suffisamment pourvue de plantes et d’animaux pour
subsister.
Vingt
neuf princesses grecques ( la plus jeune, la traîtresse, était restée
chez son époux et aucune ne la regrettait !) vingt-neuf princesses
grecques, donc, ne sont pas de faibles femmes ; sous la conduite
d’Albine, elles s’organisèrent. Tout d’abord, elles vécurent de chasse,
de pêche et de cueillettes, s’abritant dans des grottes et des huttes de
fortune au gré de leurs errances.
Cependant
elles n’oubliaient pas la brillante civilisation de leur pays d’origine
et n’eurent de cesse de retrouver leur vie d’antan. Bientôt elles
élevèrent de vraies maisons, puis des palais, elles cultivaient la terre
et ne chassaient plus que pour le plaisir car elles avaient domestiqué
des animaux et les élevaient. Avec le confort, revint le goût des jeux
d’esprit, de l’art et des plaisirs
Oui,
des plaisirs……un de ces plaisirs, justement ne pouvait être satisfait,
puisque cette île était déserte et qu’elles étaient sœurs. Vingt-neuf
jeunes femmes en bonne santé ne pouvaient se contenter des joies de la
table et de l’esprit. Il leur fallait des hommes ; il n’y en avait pas !
Bientôt
les bois et les vallons les champs et les rivages retentirent de leurs
soupirs et de leurs gémissements impudiques. Elles arrachaient leurs
vêtements en se tordant sous la lune, hurlant comme chattes en février.
La clameur monta dans les airs et tout en haut des cieux fut entendue
des démons incubes ; ils descendirent sur terre. Albine et ses sœurs
leur parurent belles et désirables ; ils s’unirent à elles.
Apaisées
par ces noces diaboliques, les femelles mirent au monde une redoutable
progéniture : des géants, qui devenus adultes, faute d’autres compagnes
s’accouplèrent à leurs mères. Le résultat fut une nouvelle génération de
monstres dont les frères épousèrent les sœurs.
Et
voilà comment ce joyeux inceste est à l’origine des nains, des trolls,
des géants, des sorcières, bref de cette curieuse humanité qui peuple
les légendes.
2 commentaires:
oh là là!!!
quelle sarabande!!
Oui, mais laquelle était Sarah???
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