Dans un pays pas bien différent du nôtre, trois frères cherchaient du travail et n’en trouvaient pas. Ils furent bientôt au bout de leurs maigres ressources.
Au bout d’un certain temps, le diable lassé d’avoir la queue tirée décida d’aller les voir. Le temps qu’ils se remettent de leur frayeur, le diable eut l’idée d’un marché.
« Mes bons amis dit-il, vous êtes complètement fauchés. Si vous voulez bien laisser ma queue tranquille, je vous donne cette bourse pleine. Et non seulement elle est pleine mais elles se remplit à mesure que vous y puisez ».
Les trois garçons qui connaissaient les contes savaient bien que le diable ne donne jamais rien pour rien.
« Avant d’accepter dit le plus âgé des trois, nous voudrions savoir, mon cher diable, ce que vous allez exiger en échange. »
-Pas grand-chose dit Satan, pas grand-chose ! Vous n’avez qu’à vous engager, mais vous engager solennellement à répondre à toute question qui vous sera posée et sans changer l’ordre des réponses. Ce n’est pas bien difficile ! »
-Quelles réponses devrons nous faire, reprit l’aîné méfiant, et dans quel ordre ?
C’est tout simple : vous qui semblez le plus vieux répondrez invariablement : tous les trois ; votre frère dira : Pour de l’argent et vous le plus jeune votre phrase sera : C’était juste. Ces trois phrases et aucune autre.
Mais dit un des frères, quel est celui d’entre nous qui devra vous céder son âme ?
-Rien ne presse , dit le diable bon enfant, vivez chers garçons, l’addition est pour plus tard.
Il est avec le Diable des pactes plus terribles ; les trois frères étaient dans la misère et la bourse était pleine d’or ; ils acceptèrent et reprirent leur chemin.
Pour la première fois depuis bien longtemps, quand ils arrivèrent devant une auberge, ils avaient le moyen d’y entrer.
L’aubergiste, les accueille : « Ces messieurs désirent-ils dîner ? – Tous les trois répond l’aîné !
Les autres clients de l’auberge dévisagent les arrivants ; ils n’ont guère bonne mine pour des gens qui commandent sans lésiner.
Ce que tous ignoraient c’est que l’auberge était rouge et que l’aubergiste pour ne pas faillir aux traditions, la nuit même assassina un de ses clients. Il n’eut aucun mal à convaincre ses hôtes que les coupables étaient ces trois garçons de mauvaise mine arrivés la veille. La chose était d’autant plus facile qu’ils se laissèrent ligoter et traîner jusqu’à la prison de la ville voisine sans dire un seul mot.
Dans leur cachot, ils appelèrent le ciel à leur secours, mais ce fut le diable qui se montra.
« Ne craignez rien dit-il, si vous respectez notre pacte à la lettre, bientôt, vous serez libres et riches.
Et nos trois frères arrivent au tribunal ; le juge les questionne :
« Etes-vous des assassins ?- Sans aucune hésitation, le premier répond : ‘Tous les trois ! »
« Pourquoi avez-vous tué ce marchand ? – Pour de l’argent, dit fermement le second.
« Comment, reprend le juge, avez-vous osé commettre pareil crime ? – C’était juste ! et la voix du plus jeune était claire.
Le juge, indigné d’une pareille audace les condamne tous trois à avoir la tête tranchée. Arrivés au pied de l’échafaud, les trois frères se lamentent. Ils vont mourir et aller tout droit en enfer alors qu’ils n’ont commis d’autre crime que de faire confiance à Satan ; ce qui on en convient, n’est guère raisonnable, mais ne mérite pas la mort.
Tandis que le premier pose le pied sur la première marche, un carrosse d’un rouge éclatant tiré par quatre chevaux noirs arrive au galop. Un seigneur tout de noir vêtu en sort ; il porte un parchemin signé du roi qui fait grâce aux trois condamnés.
On les libère ; ils reconnaissent leur sauveur qui les délie de leur serment. Ils peuvent alors raconter ce qui s’est vraiment passé. Le prince de ce royaume depuis longtemps soupçonnait l’aubergiste ; il ne lui fallait qu’une preuve pour le faire condamner. Une preuve que le diable venait de lui fournir en échange de Dieu sait quel marché ! Car il arrive parfois que les voies de Dieu et du Diable se croisent et chacun sait qu’elles sont impénétrables au commun des mortels.
Nos trois frères reprirent leur chemin et rentrèrent chez eux où ils vécurent heureux et prospères grâce à l’inépuisable bourse du Diable.
4 commentaires:
J'aimerais bien que mon chemin ne croise jamais les voies du Diable !
Pourquoi donc? Il est souvent plus marrant que le Bon Dieu
Oui, mais il est trop Malin pour moi....
Meuh non, Meuh non! On le berlure facilement...les contes le disent
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