En la forêt d'Ennuyeuse Tristesse,
Et rencontrai l'Amoureuse Déesse
Qui m'appela, demandant où j'alloye.
Je répondis que, par Fortune, estoye
Mis en exil en ce bois, longtemps à,
Et qu'à bon droit appeler me pourvoye
L'homme égaré qui ne sait où il va.
En souriant, par sa très grand humblesse,
Me répondit:"Ami, si je savoye
Pourquoi tu es mis en cette détresse,
A mon pouvoir volontiers t'aideroye;
Car, jà piéça, je mis ton coeur en voye
De tout plaisir, ne sais qui l'en ôta;
Or me déplaît qu'à présent je te voye
L'homme égaré qui ne sait où il va.
Hélas! dis-je, souveraine Princesse,
Mon fait savez, pourquoi le vous diroye?
C'est par la Mort qui fait à tous rudesse,
Qui m'a tollu celle que tant amoye,
En qui était tout l'espoir que j'avoye,
Qui me guidait, si bien m'accompagna
En son vivant, que point ne me trouvoye
L'homme égaré qui ne sait où il va.
"Aveugle, suis, ne sais où aller doye;
De mon bâton, afin que ne fourvoye,
Je vais tâtant mon chemin çà et là;
C'est grand pitié qu'il convient que je soye
L'homme égaré qui ne sait où il va!"
2 commentaires:
"L'homme égaré qui ne sait où il va"prêt à écouter le chant dangereux des sirènes et suivre la chimère sanguinaire qui prétend le guider...
Mais???? Euh ... c'est de Vénus qu'il parle là...
Des fois elle est chiante mais sanguinaire... tout de même pas...
Enregistrer un commentaire