Antres, et vous, fontaines,
De ces roches hautaines
Qui tombez contre-bas
D'un glissant pas,
Et vous forêts et ondes
Par ces prés vagabondes,
Et vous, rives et bois,
Oyez ma voix.
Quand le ciel et mon heure
Jugeront que je meure,
Ravi de beau séjour
Du commun jour,
Je défends qu'on ne rompe
Le marbre, pour la pompe
De vouloir mon tombeau
Bâtir plus beau;
Mais bien je veux qu'un arbre
M'ombrage au lieu d'un marbre;
Arbre qui soit couvert
Toujours de vert.
De moi puisse la terre
Engendrer un lierre
M'embrassant en maint tour
Tout à l'entour,
Et la vigne tortisse
Mon sépulcre embellisse,
Faisant de toutes part
Un ombre épars.
Là viendront chaque année
A ma fête ordonnée
Avecque leurs troupeaux
Les pastoureaux;
Puis, ayant fait l'office
De leur beau sacrifice,
Parlant à l'île ainsi,
Diront ceci:
"Que tu es renommée,
D'être tombeau nommée
D'un de qui l'univers
Chante les vers!"
Ronsard
1 commentaire:
Bucolique.
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