(5)Ourson-
L’écriture se
libère, l’humour apparaît avec les dialogues et reflètant celui de la conteuse.
Agnella la fermière, vit seule avec Passerose sa servante. Tous les
mardis, elle va vendre au marché de la ville voisine qui pourrait aussi bien
être celui de Laigle, les produits de sa ferme ; et si l’âne ne se nomme pas Cadichon, il l’évoque bel et bien.
Un jour, Agnella donne un coup de pied à un crapaud qui voulait
manger ses cerises.
Furieux, le crapaud qui n'est autre que la fée
Rageuse, la maudit et la condamne à avoir un fils couvert de poils. Mais la fée
Drôlette sous la forme d'une alouette atténue la malédiction en accordant au garçon la possibilité de changer de peau
avec qui l'aimera assez pour consentir au sacrifice.
Trois mois plus tard,
Agnella accouche d'un bébé poilu que l'on baptise Ourson. Ourson grandit mais
ne s'éloigne guère de la ferme car son apparence effraye le voisinage.
A l'âge de huit ans l'enfant trouve dans les bois une
petite fille abandonnée. D’abord craintive, elle adopte vite le "petit
ours" et lui dit se nommer Violette.
Le langage que Sophie prête à Violette enfant est vraiment celui d’une petite
fille. Elle fera mieux encore plus tard, avec Marguerite.
La fée Drôlette révèle à Agnella que Violette est sa
nièce, que le roi Féroce veut tuer; elle charge Agnella de l'élever et lui confie
une cassette qu'elle doit cacher soigneusement. La petite Violette a bien de la chance: elle a trouvé un Nounours qui
parle et qui prend soin d’elle comme un grand frère. De plus, peu satisfaite de
sa mère naturelle, elle est ravie d’en changer et de se faire adopter par
Agnella, la mère d’Ourson. Cette situation se retrouvera souvent dans l’œuvre
de Sophie de Ségur. Elle-même avait adopté un de ses neveux, mal aimé du reste de la famille.
Un jour, Agnella révèle à son fils qu'il peut changer
de peau avec Violette. Ourson refuse.
Rosalie dan le conte précédent, rêvait du prince charmant, rêve banal; en
revanche, celui de Violette, est chargé de sens prémonitoire: un crapaud,
symbole masculin, entraîne Violette dans
l’eau, symbole féminin et Ourson n’est plus là pour lui tenir la main. Il
semblerait que ce rêve, contrairement à d’autres rencontrés au fil de ses
romans, qui ne sont là que pour illustrer une moralité, que ce rêve ait
vraiment fait partie des cauchemars de l’auteur, qui redoutait l’eau et la
noyade. On se demande aussi pourquoi le crapaud en principe symbole sexuel
masculin, représente curieusement un personnage féminin: la fée Rageuse.
Les années passent; Violette,a dix ans et Ourson, qui en a
quinze, se charge de l’instruction de
Violette, lui apprend à lire, à écrire et à compter.
Et voilà que le rêve
devient réalité : le crapaud fée Rageuse tente de noyer Violette; Ourson
se jette à l'eau et la sauve. Empoisonné par la bave du crapaud, que Sophie
décrit assez comme un moderne désherbant, le garçon tombe malade; il va
mourir. Violette le veille. La
fée Drôlette intervient et lui propose de racheter la vie de son
compagnon au prix d'un terrible sacrifice qui lui sera demandé plus tard.
Violette accepte et Ourson guérit. Tout
le monde s’embrasse et pleure, mais Sophie tempère l’émotion par de l’humour: « Passerose
pleurait aussi pour tenir compagnie à Agnella ». Les deux
enfants s'aiment de plus en plus.
Un jour, Ourson part couper du bois dans la forêt.
Violette, en lui portant son déjeuner, est attaquée par un sanglier furieux qui
fait claquer l’une contre l’autre ses défenses .
Pour lui échapper, elle grimpe en haut d'un arbre; elle
appelle au secours, mais en vain. C'est le soir, en rentrant, qu'Ourson entend
les cris de son amie. Armé de sa hache, il attaque le sanglier mais la bête le
charge et sans l'intervention de Drôlette, il serait piétiné. Ce sanglier, étant envoyé par Rageuse, est
donc maléfique, c’est l’animus de la mauvaise mère, son agressivité déchaînée.
Les deux enfants passent la nuit dans les bois. Quand
le jour se lève, ils retrouvent le chemin de la ferme.
Trois ans se passent. La
ferme d'Agnella est ravagée par le second incendie de l’œuvre de la comtesse de Ségur. Ourson, intrépide, met tout
le monde hors de danger. Passerose a pensé à sauver nourriture et vêtements,
mais Agnella a oublié la cassette. Ourson retourne dans le brasier pour la
récupérer ; c'est alors que la toiture s'écroule sur le jeune homme que
l'on croit mort. Deux jours plus tard, en aidant à déblayer les décombres,
Violette découvre l'entrée d'un puits et entend la voix d'Ourson, sauvé encore
une fois par la fée Drôlette; on descend une échelle pour l'aider à sortir.
Ils n'ont plus rien; Ourson part chercher du travail.
Mais à la ferme, comme au château, comme à la forge son apparence effraye ou
rebute, il est repoussé de partout.
Ourson veut se faire employer à la forge d’Aube dont le patron, pourvoyeur de
travail et néanmoins détesté pour son intransigeance, annonce l’industriel
Féreor dans La Fortune de Gaspar.
La comtesse ultramontaine n’a lu ni Marx ni Engels et pourtant… elle
n’aime pas les patrons!
Violette à qui la fée
Rageuse a révélé la nature du sacrifice qu'elle doit faire, accepte de changer
de peau avec Ourson. La fée Drôlette apparaît. Ourson la supplie de refuser le
sacrifice de Violette; Violette insiste; la fée opère la métamorphose. Rageuse
triomphe, Drôlette se fâche ; elle sait comment rendre à Violette sa beauté.
Les deux fées se battent, char aux crapauds contre char aux alouettes.
La reine des fées soutient Drôlette, exit Rageuse.
La fée envoie Ourson désormais nommé prince
Merveilleux chercher au fond du puits la
cassette qu'on y avait oublié; elle contient une huile parfumée qui va faire
tomber les poils de Violette et lui rendre sa beauté.
La fée Drôlette assiste aux noces de Violette et
d'Ourson- Merveilleux...
Les affaires des
rois et des reines s’arrangent comme Sophie aurait souhaité arranger les
siennes.
Elle est la reine
Aimée, mais qui est le génie Bienveillant qui l’enlève un beau jour « comme
dans un tourbillon » et qui lui accorde l’ubiquité dont elle
pense tant avoir besoin?
Ourson à la fin du conte a perdu ses poils, pour épouser Violette; car
il est peu recommandé aux petites filles, modèles ou pas, d’introduire leur
Ourson dans le lit conjugal. Sophie pour sa part, y avait apporté trop de slave
rigueur, si l’on songe à sa literie de papier journal ou à son encombrante
bouillotte en caoutchouc, auxquels elle ne pût renoncer ni son mari s’y
accoutumer.
1 commentaire:
Ya pu d'crapiaux, où vont se nicher les méchantes fées ?
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