Viviane 04 04
Lui
qui savait tout du passé comme de l’avenir
comprit aussitôt qu’il avant rencontré sa perte. Viviane savait qu’elle devait
rester vierge et tenait plus que tout à préserver ses pouvoirs, mais elle ne
voulait pas perdre Merlin ; elle fit de lui son maître. Et lui, épris de
cette élève douée, allait tout lui donner… ou presque. Il lui offrit pour
demeure un palais de cristal au fond du Lac de Diane, lui enseigna ses tours,
ses philtres, ses élixirs ; lui apprit à lire dans le ciel et les secrets des plantes et du temps. Viviane
apprenait, questionnait, voulait toujours en savoir plus. Un par un il lui
distillait ses pouvoirs et plus il approchait du moment où les pouvoirs de
Viviane égaleraient les siens, plus il la désirait. Et plus Viviane sentait
grandir ses dons, plus elle aimait Merlin. Elle aurait voulu que cet amour soit
sans fin, mais elle savait Merlin mortel. Il fallait qu’il lui donne son
dernier secret, celui de l’amour éternel, la magie qui le garderait près d’elle
pour toujours.
Dyonas,
un vavasseur dont le domaine s’étendait près
du Lac de Diane, en forêt de Brocéliande, avait une fille prénommée Viviane. La
déesse des forêts et des bêtes sauvages s’était penchée sur le berceau de l’enfant
et lui avait transmis des dons magiques, qu’elle ne pourrait conserver qu’à la
condition de se consacrer à son culte, de ne jamais franchir les limites de son
domaine enchanté, et de ne jamais donner son cœur ni son corps à aucun mortel.
Ainsi
grandit Viviane, en compagnie des animaux de la forêt, des fées, des elfes, des
lutins. Elle aimait à jouer avec les nymphes de la fontaine de Barenton. Une
fontaine où souvent venait boire Merlin l’Enchanteur. La jeune fée un jour, y
rencontra le grand magicien ; ils s’aimèrent au premier regard.
L’Enchanteur
se laissait enchanter et son désir pour la fée grandissait, grandissait.
Viviane avant de plus en plus de mal à résister au charme qui la poussait vers
Merlin. Ils furent un jour dans les bras l’un de l’autre. Il était plus qu’un
homme ; elle ne perdit aucun de ses pouvoirs innés, ni des dons de son
amant bien au contraire : entre deux enlacements, il lui avait donné son
dernier secret.
Quand
après l’amour il s’endormit au pied d’une aubépine, Viviane autour de lui traça
neuf cercles en prononçant les formules
magiques. A son réveil, Merlin était prisonnier d’une tour d’air d’où jamais il
ne devait ressortir. Il y est encore et Viviane vient à lui chaque nuit.
Tant
que les aubépines pousseront en forêt de Brocéliande, Merlin aimera Viviane et
Viviane sera fidèle à Merlin.
1 commentaire:
Hum que c'est beau... je suis allée en Brocéliande, dans un lieu où était tracé un cercle, lieu où des fleurs étaient déposées, ainsi que des couronnes de branches et feuilles pendaient aux arbres, lieu dit la tombe de Merlin, il y avait au sol un cercle, de pierres, je crois, je ne sais plus. Impressionnant comme sensation, comme sous si nous avions surpris un secret... puis nous sommes allées trempées nos mains à la source de jouvence et en avons humidifié nos joues, et tu verras, je n'ai pas de rides ou presque... :)
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