Le cousin Paul vit en Finlande et de ce fait , il rencontre le Père Noël beaucoup plus souvent que nous autres:
« Comment va Père Noël ? »
« Pas trop bien mon vieux Paul ! »
Et c’est vrai qu’il avait l’air complètement découragé.
« Et pourquoi donc, demanda Paul ? »
« Trop de jeux violents ! Lisez ces lettres Paul : des gamins, tout petits qui veulent des fusils, des avions, des poupées militaires. Et les plus grands, regardez-moi ça, des consoles vidéo, des jeux électroniques et pour jouer à quoi ? A tuer…. »
« Mais les gosses ont toujours aimé jouer à la guerre, père Noël ! »
« Vous savez bien pourquoi, »
« Oh, je m’en doute ; pour que devenus grands, ils aient envie d’être soldats. »
« Tout juste ! seulement tant qu’on leur donnait des soldats de plomb et des sabres de bois, ils risquaient de se faire des bleus, de s’éborgner ; aujourd’hui, dès l’âge de huit ans on leur montre comment liquider cinq mille personnes en moins d’une heure. Ils sauront bientôt comment faire sauter la planète avant de savoir lire ! »
« C’est désolant, dit Paul, mais que faire ? »
« C’est simple, je laisse tomber ma tournée. »
« Vous ne pouvez pas, Père Noël ! A cause des « Redoutables Catalogues » ! les parents achèteront les jouets, on finira par vous oublier et les petits auront encore un sujet de rêve en moins. »
« Pensez-vous ! on fête encore saint Nicolas et pourtant, (le père Noël bomba le torse) je suis maintenant plus connu que lui ! »
« Au lieu de vous faire concurrence, vous devriez vous concerter ; vous trouveriez peut-être une solution ! » suggéra Paul qui a du bon sens.
« Ah voilà bien les machos, s’insurge la cousine Tertu (C’est la femme du cousin Paul) ; vous allez décider entre hommes du sort de Noël ; Mais vous n’êtes pas seuls les gars ! Et Befana, et Babouchka, elles n’ont rien à dire ? »
Ils durent convenir que oui, il fallait consulter aussi Befana et Babouchka et aussi tous ceux qui par le monde sont chargés de faire des cadeaux aux enfants et d’exaucer leurs vœux.
Le Père Noël envoya ses lutins aux quatre coins de la planète pour les convoquer à l’Assemblée Générale des Génies de Noël (AGGN) qui devait se tenir chez lui, sur le mont Korvatuntuni, en Laponie Finlandaise.
Saint Nicolas sur son âne gris arriva le premier, mitre en tête et crosse en main remorquant le père Fouettard tout noir et la mine renfrognée. Puis vint la Befana sur son balais, sa houppelande trouée flottant dans le vent et perdant sans cesse des savates trop grandes pour elle ; et Babouchka l’échevelée, drapée dans ses châles russes ; de Russie encore on vit venir le Père Givre accompagné de la Fille des Neiges et puis d’Allemagne, la grosse Perchta avec ses longues nattes blondes et son casque ailé et Frau Holle la maniaque qui ne rentre que dans les maisons propres. Et puis s’avança la caravane des rois Mages, responsables de l’Espagne et de l’Amérique latine . Le Petit Jésus n’avait pas été oublié car on avait bien besoin pour la circonstance de l’opinion d’un juif né en Palestine.
En plus de ces célébrités, étaient présents, tant et tant de génies de fées et de sorcières venus du monde entier, même des pays où l’on ne fête pas Noël, même des pays où il n’y a pas d’hiver.
Et l’on délibéra ; des heures et des heures, des jours et des nuits sans trouver de solution. Ils avaient tous obligation de satisfaire les vœux des enfants, mais les vœux des enfants ne leur plaisaient pas. On tournait en rond ; quand un très vieux génie, qui n’avait encore rien dit, demanda la parole ; il venait des plaines du nord de l’Amérique ; c’était un génie du peuple Cheyenne qui n’a jamais fêté Noêl mais qui sait rendre heureux ses petits
« Vous devez satisfaire les enfants, mais les enfants savent-ils bien ce qu’ils veulent ? »
« Ce n’est pas certain, répondit le Père Noël, ils subissent trop l’influence des Redoutables Catalogues, mais leur lettres sont là et nous devons fournir ce qui est marqué. »
« Eh oui, dit en choeur l’assemblée ; c’est bien là le problème ! »
« Vous oubliez, répondit le vieux génie Cheyenne, que nous sommes des êtres magiques ! Servons-nous de nos pouvoirs ! »
Tous les visages s’illuminèrent, ils avaient compris !
La tournée de Noël se fit comme prévu ; les enfants trouvèrent dans leurs souliers tout ce qu’ils avaient commandé. Mais…..au fur et à mesure qu’ils déballaient les paquets, les fusils, les avions, les consoles, les jeux violents se changeaient en violons, en guitares en flûtes, en pinceaux, en boîtes de peinture, en chaussons de danse en livres de poèmes. Chaque enfant reçut ce matin-là le cadeau qui ferait éclore le talent caché qu’il portait en lui.
Alors, chacun chez soi, et bientôt tous ensemble, ils ont chanté, dansé, joué de la musique, décoré les murs des plus belles couleurs et plus jamais même devenus grands, ils n’ont songé à se battre ni à faire la guerre.
PP
1 commentaire:
Ah! ces Redoutables catalogues qui disent nous ouvrir les Blanches Portes du bonheur!
Enregistrer un commentaire