L’amour ne faisait pas oublier à Neptune ses revendications. Il voulait une terre.
On avait oublié un continent lointain, situé au-delà du monde que bornait les colonnes d’Hercule. Un des dieux s’en souvint ; lequel importe peu…
Un continent entier… Loin, très loin de l’Olympe… Il pourrait bien là-bas, faire trembler la terre, déchaîner les tempêtes ou engendrer des monstres : le monde Hellène allait connaître un peu de calme !
Un seul couple vivait sur cette terre immense : deux mortels et leur fille. Cette fille était belle et Neptune l’aima. Clito était son nom. Il construisit pour elle en haut d’une colline un merveilleux palais d’ivoire et d’orichalque et lui fit des enfants : cinq couples de jumeaux, cinq garçons et cinq filles. Le plus âgé de tous fut dénommé Atlas.
Pour ses enfants Neptune fit un état modèle, régit par des lois justes ; un pays digne enfin, d’hommes issus d’un dieu.
Ni Clito ni la Nymphe Amymoné la douce n’étaient filles des eaux ; il fallait à Neptune une épouse aquatique. Parmi les Néréides, il remarqua Thétis. Mais le fils qu’elle aurait surpasserait son père : l’oracle l’avait dit. Elle ne pouvait donc épouser qu’un mortel. L’Ebranleur de la Terre vit danser sur les eaux la gracieuse Amphitrite.
Amphitrite était vierge et avait fait serment de le rester toujours. Mais que peut une nymphe face aux ardeurs d’un dieu ! L’Ebranleur de la Terre ébranla sa vertu. Pour mieux garder sa foi, elle court se réfugier très loin dans les montagnes. Mais les dieux peuvent tout, y compris envoyer un dauphin dans l’alpage. C’est ce que fit Neptune. Le dauphin éloquent, persuada la belle de devenir l’épouse du frère de Jupiter. Neptune reconnaissant envoya le dauphin au milieu des étoiles : on peut toujours l’y voir.
On célébra les noces au milieu de tonnerre des vagues et des éclairs et depuis lors chacune de leur union provoque ouragan ou tempête.
Au fond de l’Océan, il bâtit un palais de nacre et de corail, perles et coquillages, aux vastes écuries. Là, blancs comme l’écume, ses coursiers aux crins d’or et aux sabots d’airain attendent de tirer le char du dieu des mers quand il va sur les flots entouré de sa cour : le Vieillard de la mer, Nérée et ses Naïades ; Protée le facétieux qui garde ses troupeaus de phoques et d’otaries ; Eole et les Sirènes, le monstrueux Charybde et l’horrible Scylla ; Glaucos, dieu des pêcheurs qui lui ressemble tant, ses enfants les Tritons et combien d’autres monstres…
Les deux époux s’aimaient d’une passion profonde, mais Neptune était beau et grand et imposant ; ses cheveux couleur d’algue rejoignaient une barbe ondulée comme la mer. Il n’avait aucun mal à attirer les belles et elles ne manquaient pas. Il n’était pas pour rien le frère de Jupiter ; il avait comme lui des amours innombrables et n’hésitait jamais à changer d’apparence s’il en était besoin, avec des résultats pour le moins étonnants.
Un beau jour, il s’éprend follement, car Neptune ne fait rien à demi, d’une princesse Thrace nommée Théophané. C’était une beauté courtisée par les princes des états voisins. La voulant pour lui seul, le dieu des eaux l’enlève et sitôt la transporte dans l’île mystérieuse qui a nom Crumissa. Les habitants de l’île, voyant Théophané, la trouvent à leur goût et lui font des avances. Voilà Neptune jaloux : il la change en brebis. Les îliens alors deviennent des moutons. Il ne lui restait plus qu’à se faire bélier et il n’y manqua pas. Satisfait de son œuvre, il s’unit à la belle et lui fait un enfant : le célèbre bélier volant dont la toison est de l’or le plus pur.
A demain P.
1 commentaire:
En espérant pouvoir prochainement vous lire au sujet de ce bélier volant...
Enregistrer un commentaire