En revanche,elle va la doter d'un tuteur chargé de nombreux défauts dont le pire : celui de ne pas aimer sa charmante pupille. Ce tuteur, son oncle paternel, va tenir le rôle ingrat de l'enchanteur qui a tout pouvoir sur le destin de sa prisonnière. Notons au passage que ce tuteur se nomme Dormère, sans particule, et que son domaine n'est pas un héritage, mais un bien acquis, ce qui le destine ipso facto à un mauvais rôle. Le père de Geneviève se trouvait donc, étant le frère de ce dernier dans la même situation; aussi a-t-il eu le bon goût de se tuer dans une chute de cheval ,ce qui a réglé son cas!
En attendant, il n’aura pas, cet homme, entendu parler de la récente loi Duruy sur l’éducation des filles et négligera son instruction ; pendant qu’il donne à son fils , des leçons de latin, d’histoire et de mathématiques, il envoie sa pupille en promenade escortée de sa bonne, dont nous apprendrons qu’elle est instruite, puisque les bonnes d'enfants de ce temps ne sont pas des bonnes à tout faire, bien au contraire. Entre la nourrice et l'institutrice, elles sont chargées de la première éducation de l'enfant, en particulier des "bonnes manières". La bonne est une personne importante.
Toutes les bonnes séguriennes sont des bons génies pour les enfants dont elles ont la garde et Pélagie ne fait pas exception à la règle. Ramoramor en revanche, est une bien étrange bonne d’enfants : c’est un homme, il est noir et dans la force de l’âge : quarante ans environ.
Ramoramor était pour Geneviève une sorte de nounou exotique du temps que la petite vivait avec ses parents, en Amérique, terre de tous les possibles. La dispersion de la famille au cours d’un naufrage le libère ; il passe de l’état de serviteur à celui de matelot. Mais Rame aime sa servitude et n’a de cesse de retrouver ses « maîtres » et le voilà qui surgit, tel le génie sortant de sa bouteille, révolutionnant cuisine et salons du mal nommé domaine de Plaisance. Après avoir effaré tout le monde,il gagne la sympathie de tous à l’exception de Dormère et de son malencontreux fils. Il continue de traiter comme un bébé sa « petite maîtresse » qu’il ne voit pas grandir.
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