Si Geneviève est le portrait de Camille, on est en droit de supposer que l’infâme Georges, (un garçon franchement odieux qui met mieux en valeur les nombreuses qualités de l’orpheline) pourrait bien ressembler au marquis de Belot qu’a épousé l’ex petite-fille modèle. Ce cousin de Geneviève sera donc le monstre auquel l'enchanteur Dormère veut livrer l'orpheline; et vraiment Georges , version bourgeoise de l’Alcide du Mauvais Génie, est monstrueux! il n'a que douze ans au début du roman et déjà il est lâche et odieux et l'on ne s'attend pas à le voir s'améliorer. Il est rusé, sournois et pourtant intellectuellement, il vole bas. Il est raciste et d'une rare malfaisance. Au fond, il déteste les autres parce qu'il se déteste lui-même. Capable de voler son père et d'accuser Geneviève du méfait, il ne rougit pas dans le même temps de prétendre l'épouser; non par amour, mais pour s'approprier sa fortune. Quand, Geneviève, témoin involontaire du vol commis par le misérable contre son père est incapable de le dénoncer et en tombe si malade qu’on craint pour sa vie, ce n’est pas la mort de sa cousine qui afflige le monstre, mais la crainte, s’il ne peut l’épouser, de perdre sa fortune. La jeune fille rétablie, elle écrit à Georges pour repousser sa demande en mariage; sans aucun scrupule, il demande alors à son père d’user de son droit de tuteur pour contraindre Geneviève. Un reste de sens moral conduit Dormère à refuser; le monstre alors se retourne contre son père et entreprend de le ruiner.
Georges est ingrat, paresseux, égoïste , autre « qualité », il est fat: Sophie nous le montre se regardant avec complaisance dans son armoire à glace: « …et son air satisfait laissait voir qu’il était sûr de son succès… ». Car Dormère qui tient à ce mariage voudrait voir son fils en termes de galanterie avec sa cousine; mais l’animal traîne les pieds. Aussi Dormère, après avoir vanté sans succès les mérites physiques et moraux de sa pupille doit mettre en avant la fortune de la jeune fille pour que, du bout des dents, Georges décide qu’elle est un joli parti et qu’ « elle vaut la peine qu’on s’en occupe un peu … » Primerose qui n’ignore rien de la vie dissipée de Georges, veille au grain et lui dit sans ambages: « Je devine ce que tu veux; tu ne l’auras pas; c’est moi qui te le dis… »
Ce qui ne fait pas l’affaire de Georges qu a des dettes et ne sait comment les payer. Il donne alors toute la mesure de l’amour qu’il porte à sa cousine:
« C’est pourtant ennuyeux de s’enchaîner si jeune, regrette-t-il, mais il le faut. J’ai besoin d’argent. »
En somme, il n'aura pas volé la fièvre jaune dont il mourra , par bonheur, chrétiennement et regrettant ses nombreux méfaits. Repentir tardif dû sans doute au bon Mgr Gaston qui avait sur les écrits de sa mère une influence dont on se demande si elle fut toujours judicieuse.
Geneviève a un autre prétendant: Louis de saint Aymar. Cette famille, qui vit dans un domaine voisin de Plaisance, n’a guère d’autre utilité que d’amener Primerose auprès de Geneviève. Cependant, on se demande si la mère de Louis ne vise pas aussi la fortune de la jeune fille qui ,elle,n’aime que Jacques.
Le prince-chevalier Jacques de Belmont est pensionnaire chez les jésuites de Vaugirard envers lesquels Sophie se montre moins sévère que pour les pensions de ses autres romans. Lui seul est scrupuleux : il aime Geneviève et n’ose se déclarer parce que justement, il n’est pas riche, mais comme il possède la particule dont a besoin Geneviève pour être parfaite, Primerose poussera la jeune fille à faire elle-même sa déclaration, au grand dam d’Emile Templier. Par un effet pervers, que n’avait pas prévu la marraine fée, Geneviève sacrifiera sa liberté à cette particule enrobée d’amour.
Le rêve de Sophie: être aimée pour elle-même et disposer de beaucoup d’argent pour rendre heureux ses proches; et sans doute aussi pour diriger les événements
3 commentaires:
Encore un point commun avec Sophie, nous partageons le même rêve ;-)! Je crois que je vais me repolonger dans la lecture de quelques-uns de ses textes (ce que je n'ai pas fait depuis longtemps, il faut bien le dire) à la lumière de tes analyses.
Bonne idée, mais commence par ceux de la fin: après la pluie, Diloy, le mauvais Génie.
Je n'ai pas la liste sous les yeux, mais je pourrais te la donner;
Tâche aussi de trouver sa correspondance; elle figure dans ses oeuvres complètes de la collection 'Bouquins" chez Laffont.
Demain, dernier chapitre...
PP
Ah je chercherai ça à mon retour alors ! Je lirai la fin la semaine prochaine, parce que demain je serai... partie !
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