Sur
le mont Olympe il y avait trois archers : Phébé la vierge farouche qui
n’aime vivre que dans les bois suivie de ses chiens en compagnie des cerfs, des
daims et des Sangliers. Et puis le bel Apollon, Phébus le musicien, l’artiste,
le savant aussi qui sait guérir les maux que parfois il inflige aux mortels. Et
enfin Cupidon, l’insupportable enfant gâté d’Aphrodite. Il a dans son carquois
des flèches de deux sortes : les flèches d’or qui enflamment d’un amour
heureux ceux qu’elles touchent et des flèches de plomb. Des flèches qui transforment les couples
qu’elles atteignent en adversaires. Cupidon n’oublie jamais qu’il a Mars pour
père aussi éternel adolescent, pour s’amuser il n’hésite pas à faire du plus
bel amour un champ de bataille.
Au
nombre de ses talents, Apollon ne compte ni la modestie ni l’humour. Il n’aime
guère avoir de rival et se veut le seul archer de l’Olympe. S’il supporte l’arc
de Phébé, c’est qu’elle est sa sœur jumelle. Celui de Cupidon l’indispose. Sa
torche suffirait bien pour enflammer les cœurs. Le fils d’Aphrodite, conscient
de ses pouvoirs, le laisse dire mais n’en pense pas moins.
Phébé
avait au nombre de ses suivantes la belle Daphné, fille du fleuve Pénée qui
avait elle aussi fait vœu de rester vierge. Voilà qu’Apollon en tombe éperdument
amoureux. C’était disent les Anciens son premier amour et pas un instant il n’imagina
que cet amour n’était pas réciproque. Il aurait pu avoir raison mais il avait
irrité Cupidon qui pour s’amuser, lui décocha une flèche d’or tandis qu’il
frappait Daphné d’une flèche de plomb. La nymphe aussitôt conçut une aversion
mortelle pour le divin soupirant. Sans cesse elle le fuyait et lui à travers
bois et chemins sans cesse la poursuivait. Tant et si bien qu’un jour il a fini
par la rejoindre. Sans se soucier de la résistance de Daphné, il la serrait
dans ses bras. Affolée, elle a prié son père de la sauver. Pénée lui a jeté un
charme et tandis qu’Apollon tentait de l’embrasser, elle a senti ses pieds s’immobiliser
et s’enfoncer dans la terre. Apollon ne sentait plus sous ses doigts la peau si
douce de la jeune fille mais une écorce rude et le corps avait perdu sa
souplesse, il était rigide et rugueux ; les deux bras s’élevaient vers le
ciel tandis que les cheveux dressés devenaient une ramure couverte de feuilles.
Apollon
n’avait plus qu’à pleurer son amour perdu. Dans la ramure, il cueillit deux
branches souples dont il entoura sa tête. Depuis, il porte en couronne le
souvenir de Daphné devenue laurier. Ce laurier dont les palmes désormais décorent
les meilleurs des artistes, les meilleurs des savants.
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