La défense 25/01
C’est alors que L’un d’eux prit la parole, le plus influent, celui
qui s’imposait à tous les autres.
-J’ai appris, dit-il, que cet enfant parle ; ’il aurait dit que
sa mère n’encourrait pas la mort à cause de lui. S’il doit venir à son secours,
je me demande pourquoi il tarde à intervenir.
A ces mots, Merlin s’agite
dans les bras de sa mère si bien qu’elle doit le poser à terre ; il
se dresse devant les juges et d’un ton narquois :
-Je vous prie de me dire, si vous le savez, pourquoi vous voulez
condamner ma mère au bûcher.
-Si aucune autre femme n’avait jamais fait pire, il serait juste de
rendre un jugement plus sévère sur elle que sur toute autre. Mais il en est qui
ont fait pire. En outre si ma mère avait mal agi en pleine conscience, il n’y
aurait aucune raison pour qu’on la tint
quitte sous ce prétexte. Mais ma mère
n’est coupable de rien et s’il y a eu faute de sa part, ce saint homme a
accepté de lui pardonner. Si vous ne me croyez pas, demandez-le-lui.
Le juge alors fait comparaître le prêtre , lui répète les
paroles de Merlin et lui demande s’il est
prêt à les confirmer.
-Seigneur, répondit-il, tout ce qu’il vous a dit de la faute de sa
mère est tout à fait exact. Si elle m’a dit la vérité sur sa mésaventure, elle
n’a rien à craindre de Dieu ni du monde, et justice lui sera rendue. Elle vous
a raconté elle-même comment elle a été séduite ; la conception de cet
enfant est survenue pendant son sommeil, sans jouissance charnelle, et elle
ignore qui l’a rendue mère. Elle s’en est confessée, elle s’en est repentie.
J’ai d’abord refusé de la croire, mais
mon incrédulité d’alors ne peut, ne doit en rien lui nuire, puisque sa
conscience est pure.
-Elle n’en sera pas quitte pour autant, réplique le juge, si elle
n’avoue pas qui est le père, et de façon crédible.
C’est alors que l’on vit Merlin entrer dans une grande colère :
-Je sais mieux, qui fut mon père que vous ne savez qui fut le vôtre,
et votre mère sait mieux qui vous a engendré que la mienne ne le sait pour moi.
-Si tu as une révélation à faire sur ma mère, dit le juge dans un
mouvement d’humeur, j’en tiendrai compte.
-Je puis t’affirmer, si tu observes une stricte justice, qu’elle a
plus mérité la mort que la mienne. Si je te le prouve, laisse tranquille ma
mère, car elle n’a pas commis la faute dont tu l’accuses et elle m’a dit la
vérité pour ce qui est de ma conception.
-Tu as évité le bûcher à ta mère, répond furieux le juge, mais
saches que si tu n’apportes pas de preuve convaincante sur la mienne pour
disculper la tienne, je te ferai brûler vif avec la coupable.
1 commentaire:
Je brûle... de connaître la suite.
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