De Sainte-Béatrice la nuée
Assure six semaines mouillées
Assure six semaines mouillées
MARIE DE FRANCE
Que sait-on de Marie sinon qu’elle était de France et qu’au XII° siècle, elle a composé ces « Lais » qui sont venus jusqu’à nous ?
C’est probablement à la Cour d’Angleterre où elle a passé un certain temps qu’on l’a nommée « de France » pour la distinguer peut-être d’autres Marie. Qui était-elle ? était-elle brune ou blonde, était-elle jolie ? a-t-elle aimé ? On ne peut qu’en rêver en lisant ses poèmes, ces Lais qui sont en fait de petits romans versifiés.
Contemporaine de Chrétien de Troyes et des troubadours occitans elle a fait de ses Lais des hymnes à l’amour ; à l’amour courtois : celui qui était en usage à la cour du roi Arthur. Les histoires que raconte Marie sont puisées dans la « Matière de Bretagne » et les anciennes légendes galloises qui lui ont été transmises oralement. Le merveilleux y est omniprésent car ce sont bien des contes dont on retrouvera la trame dans des légendes ou des histoires racontées par des auteurs plus récents.
« Les deux amants » fait penser à Peau d’Âne ; « Le Frêne » est une cousine de la Grisélidis de Perrault ; L’Oiseau Bleu de Mme d’Aulnoy est un écho de « Yonec » ; Eliduc, c’est la Belle au Bois Dormant et Bisclavret une histoire de loup-garou comme il en courait naguère dans les campagnes. On retrouve des versions de l’arbre et de la fée à la fontaine de « Lanval » dans toute l’Eurasie et jusqu’au Japon.
L’univers de ces lais comme celui des contes merveilleux se situe au-delà d’une rivière, d’une forêt, d’une mer ; on y parvient par d’étranges moyens tels que le navire fantôme de Guigemar ou la cavalcade aérienne de Lanval.
On y rencontre des fées qui parfois aiment des mortels, d’autres fois se métamorphosent en divers animaux . On y suggère même que certains héros de légendes auraient eux-mêmes raconté les histoires. Ainsi ce serait Tristan, le Tristan aimé d’Yseult, qui parce qu’il était barde, aurait composé ce délicieux « Lai du Chévrefeuille » :
« Et de ces deux il fut ainsi
Comme du chèvrefeuille était
Qui au coudrier s’attachait :
Quand il s’est enlacé et pris
Et tout autour du fût s’est mis,
Ensemble peuvent bien durer.
Qui plus tard les veut détacher,
Qui plus tard les veut détacher,
Le coudrier tue vivement
Et chèvrefeuille mêmement.
« Belle amie, ainsi est de nous :
Ni vous sans moi, ni moi sans vous ! »…
1 commentaire:
Quel joli programme!
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