"Promenons-nous le long du bois, pendant que le loup n'y est pas. loup y es-tu? m'entends-tu? quoi fais-tu?"
Tout le plaisir du jeu était dans l'imprévu, car le loup n'attendait pas toujours d'être prêt pour sortir du bois. Il lui arrivait aussi bien de sauter sur sa victime alors qu'il était en manches de chemise, ou n'ayant même pour tout vêtement qu'un chapeau sur la tête.
Les parents n'appréciaient pas tout l'agrément du jeu. Excédés d'entendre cette rengaine, ils l'interdirent le troisième jour, donnant pour prétexte qu'elle leur cassait les oreilles. Bien entendu, les petites ne voulurent pas d'autre jeu, et la maison demeura silencieuse jusqu'au jour du rendez-vous.
Le loup avait passé toute la matinée à laver son museau, à lustrer son poil et à faire bouffer la fourrure de son cou. Il était si beau que les habitants du bois passèrent à côté de lui sans le reconnaître d'abord. Lorsqu'il gagna la plaine, deux corneilles qui bayaient au clair de midi, comme elles font presque toutes après déjeuner, lui demandèrent pourquoi il était si beau.
- Je vais voir mes amies, dit le loup avec orgueil. Elles m'ont donné rendez-vous pour le début de l'après-midi.
- Elles doivent être bien belles, que tu aies fait si grande toilette.
-Je crois bien! Vous n'en trouverez pas, sur toute la plaine, qui soient aussi blondes.
-Les corneilles en bayaient maintenant d'admiration, mais une vieille pie jacassière, qui avait écouté la conversation, ne put s'empêcher de ricaner.
-Loup, je ne connais pas tes amies, mais je suis sûre que tu auras su les choisir bien dodues, et bien tendres... ou je me trompe beaucoup.
-Taisez-vous, péronnelle! S'écria le loup en colère. Voilà pourtant comme on vous bâtit une réputation, sur des commérages de vieille pie. Heureusement, j'ai ma conscience pour moi!
En arrivant à la maison, le loup n'eut pas besoin de cogner au carreau; les deux petites l'attendaient sur le pas de la porte.
1 commentaire:
Deux blondes pour un loup on va s'amuser au chapitre (9)!
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