(Conte des Indiens Renards du Wisconsin)
Avez-vous déjà vu un raton-laveur ? Avec ses yeux malicieux derrière son masque noir, il a toujours l’air de s’amuser… On se dit : « C’est un gentil… » ; on ne se méfie pas de lui.
Un jour, dans la forêt, il rencontre le loup :
-« Alors, Grand Frère, bonne promenade ? »
-« Oh Petit Frère ! J’ai terriblement faim ; aurais-tu par hasard quelque chose à manger ?
Le loup qu’il soit d’un pays ou d’un autre, est toujours affamé.
Raton-laveur, l’air innocent, répond en farfouillant dans sa fourrure :
-« Je n’ai pas grand-chose tu sais, juste un vieux croûton ; tu ne manges pas de ça, toi ! »
-« Oh, donne toujours ! J’ai tellement faim ; ça ira pour cette fois. »
Et vous savez ce qu’il lui donne, Raton-laveur, en guise de croûton ? Un morceau de crotte d’élan emballé dans un feuille d’érable !
Loup le glouton, l’avale sans faire attention et poursuit son chemin en compagnie de Raton-laveur, qui fredonne entre ses dents :
-« Le Loup a mangé ma crotte, euh ! Le Loup a mangé ma crotte, euh ! »
Loup qui n’a pas bien saisi demande :
-« Qu’est-ce que tu racontes ? »
-« Oh rien ! C’est une chanson à propos d’arbres… »
-« Ah ! Dommage, je croyais que tu avais trouvé autre chose à manger ; j’ai encore très faim. »
Ils marchent encore un moment et raton-laveur recommence à chanter à voix basse . Loup lui demande encore s’il n’a rien trouvé à manger, quand ils arrivent au pied d’un grand bel arbre.
Alors Raton-laveur chante à nouveau sa chanson, mais cette fois à voix haute et en articulant bien. Loup n’en croit pas ses oreilles :
-« Qu’est-ce que tu viens de chanter ? »
-« C’est ma crotte, euh, que tu as mangé ! Tralala ma crotte, euh ! Tralalalalère ! »
Et tout en chantant, il grimpe à l’arbre ; prudent, Raton-laveur ! Ecoeuré, Loup crache et se frotte le museau avec les pattes :
-« Oh le sale ! le dégoûtant ! attend un peu que je t’attrape ! C’est toi que je vais manger ! »
Raton-laveur pendant ce temps est arrivé en haut de l’arbre et installé confortablement entre deux grosses branches, il nargue le loup :
-« Grimpe si tu as faim, dé pêche toi… »
Loup le nez en l’air, prend sa voix la plus douce :
-« Tu ne vas pas redescendre, Petit Frère ? »
-« Oh, ça ne devrait pas tarder ! Dès que je serai endormi, je tomberai tout seul. »
Loup ricane :
-« Alors dors bien, Petit Frère ; je t’attend ! »-
Loup allume un feu et se couche à côté ; Raton sur sa branche le guette. Dès qu’il le voit assoupi, il lui lance sur le nez un gros morceau d’écorce ; Loup s’éveille et n’écoutant que son estomac, mors dedans. Furieux, il recrache et crie à Raton :
-« Petit Frère, tu es un tricheur ! je croyais que c’était toi qui était tombé ! »
Silence de Raton ; Loup se rendort. Au premier ronflement, c’est une branche qui lui atterrit sur le museau. De nouveau il mort goulûment, et de nouveau il est déçu. Il gémit :
-« Petit Frère, Petit Frère, pourquoi fais-tu ça ? Toute la journée, tu n’a fait que te moquer de moi ! »
-« Désolé, Grand Frère, je n’ai pas fait exprès ! C’est en m’allongeant que j’ai fait tomber la branche ; maintenant, je vais dormir ! »
Loup, plein d’espoir, attend que raton-laveur s’endorme et tombe mais finalement, c’est lui qui s’endort. Le museau sur les pattes, il ronfle ; Raton-laveur écoute, lance quelques brindilles, Loup ne bouge pas. Doucement, avec prudence, Raton descend de branche en branche ; arrivé au pied de l’arbre, il s’approche de Loup qui ne remue pas un poil, pas une oreille. Alors il dit à l’endormi :
-« Bonne nuit, Grand Frère, ton casse-croûte s’en va ! »-
Alors, il ramasse des crottes de lapin qu’il délaye dans une flaque d’eau, puis avec la mixture, il barbouille les yeux de Loup.
Toute la nuit, la bouillie de crotte a bien le temps de sécher. Quand Loup se réveille, impossible d’ouvrir les yeux :
-« Qu’est-ce qui m’arrive ? J’ai les yeux qui brûlent et je n’y vois plus rien ! il faut vite que j’aille à la rivière pour me nettoyer. »
Loup n’a pas fait trois pas qu’il se cogne dans un arbre :
-« Quel arbre es-tu, mon Oncle ? »
-« Je suis un chêne. »
-« Est-ce que je suis loin de la rivière ? »
-« Encore assez ; tu es au bord de la Prairie. »
Loup continue son chemin et se cogne à nouveau :
-« Quel arbre es-tu, mon Oncle ? »
-« Je suis un hickory. »
-« Et la rivière est encore loin ? »
-« Tu es sur la colline ; la rivière est en bas. »
Loup descend la pente et se cogne encore :
-« Quel arbre es-tu, mon Oncle ? »
-« Je suis un sycomore. »
-« Suis-je bientôt à la rivière ? »
-« Tu es sur le chemin qu y descend. »
Loup continue et heurte un arbre une fois de plus :
-« Quel arbre es-tu mon oncle ? »
-« Je suis le saule. »
-« Alors, je suis près de la rivière ? »
-« Elle est juste devant toi. »
Loup qui ne voit toujours rien entre dans l’eau ;
-« Jusqu’où ai-je de l’eau ? »
-« Jusqu’aux genoux, dit la rivière. »
Loup avance de quelques pas :
-« Jusqu’où ai-je de l’eau ? »
-« Jusqu’au ventre, dit la rivière. »
Loup s’enfonce un peu plus avant :
-« A quelle hauteur est l’eau, maintenant ? »
-« Tu en as jusqu’au menton, dit la rivière. »
Loup fait un pas, encore un pas, et puis un autre ; il ouvre la gueule pour dire : « Jusqu’où… », mais l’eau lui entre jusqu’au gosier et Loup ne dit plus rien car Loup est noyé !
AMER INDIEN
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1 commentaire:
Dommage il était sympa ce grand nigaud et pas violent pour un sou finalement!
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