Quand les poules ont perdu leurs dents, il s’est passé des choses étranges : on vit des ogres sans couteau et des sorcières sans balais. Les animaux n’ont plus parlé.
Un peuple parvint en ce temps- là à un tel degré d’intelligence, qu’ayant tout compris de la vie, ils décida de se consacrer à la méditation et au plaisir et de ne plus se laisser troubler par les basses contingences de ce monde.
Comme on ne peut vivre de sérénité et de philosophie, il apparut indispensable d’asservir un autre peuple et de le consacrer au bien-être de nos penseurs.
Un conseil se réunit où l’on décida de rechercher des créatures assez robustes pour les défendre, assez intelligentes pour comprendre leurs désirs, assez dociles pour leur obéir en tout. Des éclaireurs partirent aux quatre coins du monde pour dénicher le peuple idéal.
Ils furent longtemps absents. Ils revinrent un jour, assez contents : dans une clairière d’une forêt profonde, ils avaient observé un tribu étonnante ; des êtres entièrement dépourvus de poils qui se déplaçaient debout sur leurs pattes arrières. Sans crocs ni griffes, pas spécialement rapides à la courses, ils parvenaient à chasser au moyen d’outils meurtriers de leur invention. Pour compenser une nudité qui les aurait condamnés à mourir de froid, ils avaient construit des abris dans lesquels ils tenaient captive une chose rouge et mouvante dont la chaleur pouvait surpasser celle du soleil. Les viandes qu’ils exposaient à cette chaleur prenaient une couleur et dégageaient une odeur l’une comme l’autre fort appétissantes ; l’on s’inquiéta un peu du fait qu’ils recouvraient leurs corps nus des fourrures dont ils dépouillaient leur gibier , mais après tout nos philosophes n’étaient pas non plus végétariens.
Vivre dans cette tribu pouvait convenir au projet de nos sages, mais les membres en étaient bien plus qu’eux, grands, intelligents, forts et adroits. Pour en faire de dévoués serviteurs, il n’était pas question d’utiliser la force.
Le conseil assemblé réfléchit longtemps ; leur peuple était beau , terriblement gracieux et pouvait se montrer affectueux. Les êtres nus, ils l’avaient observé avaient besoin d’affection ; ils stockaient pour se nourrir des céréales et redoutaient , principalement les femelles, les rats et les souris qui depuis toujours servaient aux divertissements de nos philosophes. Ils conclurent alors que, la violence n’étant pas envisageable,ils devraient user de charme. Ils se mirent en route jusqu’au camp des Etres Nus et s’établirent aux alentours.
Alors, lentement, avec une grande prudence et une redoutable efficacité, le Chat entreprit de domestiquer l’Homme.
PP
2 commentaires:
Y a encore des efforts à faire mais dans l'ensemble ça marche pas mal pour les minets...:)
Bravo !
Et c'est sincère.
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