Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

jeudi 20 août 2020

Python ou la Mythologie au jardin. Posé sur 2021alm



Ce matin la lutte épuisante contre un tuyau d’arrosage récalcitrant m’a fait songer, toutes proportions gardées, à celle d’Apollon contre le serpent Python.
Qui était-il ce Python, ancêtre de tous les monstres, de tous les dragons qu’ont dû à affronter les héros des contes ?
Né de la boue du déluge à peine réchauffée par le soleil, c’était un immense, un énorme serpent dont les anneaux entouraient les montagnes. Il détruisait tout sur son passage. Sa bave venimeuse ravageait vergers et cultures, ses yeux sans paupières immobilisaient les humains qui voyaient avec terreur s’ouvrir une large gueule ornée de crocs et d’une langue fourchue prêtes à les aspirer tout crus. Personne ne pouvait lui résister et les populations ruinées, décimées n’avaient d’autre recours que d’invoquer les Dieux.
C’est à Apollon le bel archer qui jusque- là ne chassait que les daims et les chevreuils que fut confiée la tâche d’éliminer le monstre. Une tâche dont aucun humain n’aurait pu venir à bout et que lui-même en dépit de sa divine puissance eût bien du mal à accomplir.
Ce n’est qu’après avoir vidé son carquois que d’une dernière flèche il est venu à bout du monstre qui par toutes ses blessures a répandu le venin noir qui alimentait sa vie.

Daphné- Posé sur 2021alm



Sur le mont Olympe il y avait trois archers : Phébé la vierge farouche qui n’aime vivre que dans les bois suivie de ses chiens en compagnie des cerfs, des daims et des Sangliers. Et puis le bel Apollon, Phébus le musicien, l’artiste, le savant aussi qui sait guérir les maux que parfois il inflige aux mortels. Et enfin Cupidon, l’insupportable enfant gâté d’Aphrodite. Il a dans son carquois des flèches de deux sortes : les flèches d’or qui enflamment d’un amour heureux ceux qu’elles touchent et des flèches de plomb.  Des flèches qui transforment les couples qu’elles atteignent en adversaires. Cupidon n’oublie jamais qu’il a Mars pour père aussi éternel adolescent, pour s’amuser il n’hésite pas à faire du plus bel amour un champ de bataille.
Au nombre de ses talents, Apollon ne compte ni la modestie ni l’humour. Il n’aime guère avoir de rival et se veut le seul archer de l’Olympe. S’il supporte l’arc de Phébé, c’est qu’elle est sa sœur jumelle. Celui de Cupidon l’indispose. Sa torche suffirait bien pour enflammer les cœurs. Le fils d’Aphrodite, conscient de ses pouvoirs, le laisse dire mais n’en pense pas moins.
Phébé avait au nombre de ses suivantes la belle Daphné, fille du fleuve Pénée qui avait elle aussi fait vœu de rester vierge. Voilà qu’Apollon en tombe éperdument amoureux. C’était disent les Anciens son premier amour et pas un instant il n’imagina que cet amour n’était pas réciproque. Il aurait pu avoir raison mais il avait irrité Cupidon qui pour s’amuser, lui décocha une flèche d’or tandis qu’il frappait Daphné d’une flèche de plomb. La nymphe aussitôt conçut une aversion mortelle pour le divin soupirant. Sans cesse elle le fuyait et lui à travers bois et chemins sans cesse la poursuivait. Tant et si bien qu’un jour il a fini par la rejoindre. Sans se soucier de la résistance de Daphné, il la serrait dans ses bras. Affolée, elle a prié son père de la sauver. Pénée lui a jeté un charme et tandis qu’Apollon tentait de l’embrasser, elle a senti ses pieds s’immobiliser et s’enfoncer dans la terre. Apollon ne sentait plus sous ses doigts la peau si douce de la jeune fille mais une écorce rude et le corps avait perdu sa souplesse, il était rigide et rugueux ; les deux bras s’élevaient vers le ciel tandis que les cheveux dressés devenaient une ramure couverte de feuilles.
Apollon n’avait plus qu’à pleurer son amour perdu. Dans la ramure, il cueillit deux branches souples dont il entoura sa tête. Depuis, il porte en couronne le souvenir de Daphné devenue laurier. Ce laurier dont les palmes désormais décorent les meilleurs des artistes, les meilleurs des savants.

Les Chouchous