Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

Alors...Raconte!


Nombre d'années d'"Heure du Conte" en bibliothèque et quelques expériences à l'étranger me suggèrent ces quelques réflexions:
Les enfants aiment à écouter des histoires et leurs parents de nos jours et pour la plupart n'ont guère le temps ni l'envie d'en raconter; souvent parce que leurs parents à eux, ne leur en racontaient pas.
On met à la disposition des bibliothécaires une abondance de livres de contes et autour du conte; on nous offre des formations  sources de découvertes et d'émerveillements; quoi de plus naturel que de les offrir à notre tous aux lecteurs de tous âges.
Aux plus jeunes , L'Heure du Conte, Lire à voix haute, Conter avec le livre, proposent une approche ludique de la lecture et des livres qui parfois soutient l'enseignement qu'ils reçoivent à l'école. On leur montre le livre, on leur raconte l'histoire; ils emportent le livre à la maison et demandent à Papa ou à Maman de raconter à leur tour. Certains parents font ainsi des découvertes: ils renouent avec des contes oubliés, ils en modifient dont ils n'aiment pas un passage ou la fin ce qui s'est toujours fait et qui est le privilège du conteur. Bien malin qui saura si le Petit Chaperon Rouge et sa Mère Grand sont ressorties vivantes du ventre du Loup; si Mère Grand a ou non épousé le Chasseur; si le Chasseur a tué le Loup ou bien lui a juste ouvert le ventre avec les ciseaux à broder de Mère Grand; ventre qui par la suite a été recousu afin que le Loup repentant devienne le fidèle protecteur de la vieille dame...
Les plus imaginatifs inventeront leurs propres histoires comme l'on fait Daudet, Andersen, Marcel Aymé, Tolkien, Lewis Caroll et tant d'autres. Des histoires dont on pourra remarquer avec surprise et bonheur, le proche cousinage avec les plus traditionnelles.
Quant aux enfants, ils associeront au livre une notion de plaisir et cesseront de prendre la lecture comme une purge, mais plutôt comme le moyen d'accéder à leur tour, aux "Histoires".







La vie n’est pas simple dans les contes ! as-tu dit.

Tout juste, Manouche!  Comme dans la nôtre et les contes sont faits pour ça: guider et réconforter
Il y a un conte pour chaque étape de ta vie, pour chaque problème rencontré.
Dans les contes, le prince, la princesse, c'est toi, c'est moi.
Ils te montreront les "auxiliaires" qui sont là pour t'aider, les "donateurs" , fées et magiciens prêts à t'offrir l'objet ou la parole magique à la condition que tu sois digne de la recevoir et capable de bien l’utiliser , sinon, il se peut que le talisman se retourne contre toi.
Ils t’apprendront à reconnaître les « ennemis »,  les sorcières,  les ogres et à déjouer leurs mauvais plans ; à vaincre les dragons de tes peurs, à terrasser la part négative de toi-même, celle qui t’empêche d’avancer. Car la princesse endormie, c’est toi bien souvent.
Le conte est ton ami, il est là, il vole autour de toi, il attend que tu l’appelles. Il lui arrive aussi de se poser sur ton épaule ; sois attentive, le conte est fragile, si tu ne le vois pas, il s’envole et dieu sait quand il reviendra. Mais les contes sont innombrables et celui que tu as laissé partir sera remplacé par un autre. Seulement prend garde ! les  contes seront toujours près de toi, mais si tu ne songes jamais à eux, un jour les yeux de ton âme seront fermés et c’est toi qui seras incapable de les voir et de les comprendre.
Ne laisse pas les contes aux enfants, Manouche, ils sont aussi pour toi.

Le fond et la forme


Il ne faut pas confondre la religion - le fond- avec les cultes -la forme-.
Le mot religion, de par sa racine, désigne ce qui relie. On peut donc légitimement penser que la religion est universelle. La religion relie, mais les cultes, la façon dont on l'enseigne et la pratique, séparent.
Ce n'est pas la religion qui provoque les conflits, mais les cultes.
Ainsi du bouddhisme dont on me dit qu'il n'est pas une religion mais une philosophie; cette philosophie cependant, relie. La Philosophie dans son ensemble relie les hommes , mais comme elle est sans culte, elle ne les pousse pas à s'étriper.
J'ai scandalisé naguère le curé de notre canton en lui disant que je ne vais pas à la messe parce que je suis profondément religieuse; cette messe qui n'est pour moi qu'un rite dépourvu de signification et pourtant, je crois à la parole du Christ.
Tout ce qui fait rêver, penser les hommes et les pousse à descendre au fond d'eux-même chercher la lumière est religion.
Ainsi les contes sont religion qui racontent à tout l'Univers connu la même histoire: celle de la vie.

« Initiation et sagesse des contes de fées » de Dennis Boyes P ;103 et suivantes

Tout conte de fées est un creuset d’alchimie qui transmute le minéral en équation psychologique : l’univers est mental ou il n’est pas. Des images oniriques aux pensées diurnes, il y a un fil de continuité. Son, image, pensée : le chant de l’océan est représentation avant d’être concept. Voilà la base de tout bon apprentissage de l’écriture et de la lecture.
            Chacun imagine son monde et le peuple à partir de l’étoffe de ses rêves pour meubler sa solitude. .. 
C’est une des valeurs incontestables des contes de fées de montrer que nous rêvons la vie et l’univers. Le « comment » et le « pourquoi » de la création demeurent un mystère pour la philosophie, mais l’Orient nous fait silhouettes oniriques dans le rêve cosmique de Vishnou.
            Si nous rêvons la vie en images et pensées, n’en est-il pas de même, en partie, de nos chagrins et désespoirs ? La chagrin existe-t-il sans image mentale ? L’angoisse subsiste-t-elle si l’on n’y pense pas ? Qu’est une chose pour moi si elle quitte mon esprit ?
            Après avoir éveillé en nous des sentiments de tendresse et de peur, c’est comme si les contes de fées nous disaient :  « Vous voyez, ce ne sont que des images dans votre âme ! » Ils nous enchantent pour nous désenchanter. Ils nous font rêver puis, grâce à un événement brusque ou à une parole mensongère, ils nous réveillent soudainement, nous évitent l’enlisement dans la somnolence.
            Plus encore, les contes de fées ressuscitent des images que nous avions supprimées à cause de la souffrance qu’elles occasionnaient. Ainsi, ils incitent à déchiffrer dans nos rêves les obstacles à notre épanouissement psychologique. Prenons l’exemple de l’insomnie  due au sentiment d’insécurité qui, chaque matin à trois heures nous tire du sommeil avec un  sursaut de panique et un besoin d’être assurés que nous sommes bien vivants. Ce sentiment nous pousse à nous accrocher au cadre purement extérieur des choses, où nous espérons, à tort, trouver la paix et le bonheur. Impossible pour nous, alors, de réintégrer le sommeil, et nous nous débattons avec les ombres mentales jusqu’au moment où épuisés, nous devons nous lever.
            Il se peut que, pendant ces périodes de confusion, nous soyons avertis de notre erreur par des rêves, rêvasseries ou signes émanant de contes de fées. Voici quelques exemples :
1)      On rêve d’être un oiseau pris dans la glace ou la boue.
2)      On rêve d’un prince qui, bien qu’heureux dans son palais, ne résiste pas à la tentation de partir malgré le présage de beaucoup d’ennuis.
3)      On rêvasse d’un gros ballon qui descend du ciel puis, en se posant sur la flèche d’une cathédrale.
Dans de nombreux contes de fées, l’avidité et la méchanceté d’un personne se  retournent contre elle en la soumettant à un dur labeur pendant de longues années. Ce type de situation nous aide également à percevoir les causes cachées de nos problèmes. En ce qui concerne l’insomnie, ces récits rendent conscients les facteurs qui provoquent le réveil ; ils permettent aussi d’entrevoir les mécanismes internes qui nous déterminent à nous engager dans des voies pénibles et sans issue. Les contes de fées nous révèlent les impressions latentes de l’inconscient (samskaras), les désirs insatisfaits, les dettes karmiques qui nous obligent à agir, et notre demande de sécurité qui, malgré la paix du sommeil profond, nous propulse dans le corps et dans la vie à la recherche du plaisir.
Ce constat peut être libérateur, il forme la charnière où la vie des images se métamorphose en une méditation qui consiste à mettre en lumière rêves et mobiles ; à rester dans l’arrière-plan silencieux jusqu’au dépérissement des facteurs perturbateurs.
A l’autre extrême, existe la réticence qu’éprouve l’âme à quitter l’état de sommeil et à réintégrer le corps et ses activités…
…Parfois, des méditants abandonnent momentanément leurs activités mentales et corporelles et demeurent en transe (samadhi). Swedenborg, Ananda Moyée  et sainte Thérèse d’Avila ont connu de tels états. Or, les contes de fées soignent cette peine d’âme qui répugne à la vie. C’est le cas de la Belle au Bois Dormant et de Blanche-Neige qui, endormies, ne se réveilleront qu’avec le baiser du chevalier.
La transe n’est guère possible tant que l’inconscient est chargé de tendances latentes qui, sous formes d’attachements et de problèmes, obligent le moi à vaquer à ses préoccupations. Mais lorsque cette obligation manque, Il arrive que l’individualité ne soit plus motivée et préfère rester « endormie » comme les héroïnes des contes. Pourtant, elle a besoin d’être stimulée si elle veut accomplir sa mission sur terre. L’exemple du baiser du prince réveillant la demoiselle démontre une des formes d’action des contes sur ce point : le méditant embrassant  l’âme, le mystique perdu dans le cœur, l’individu épris du parfum du sommeil profond finissent par découvrir et libérer un flot de douceur et d’affection qui les ramène vers l’action et vers les hommes.


Les contes « merveilleux » s’adressent à toutes les générations ; les seuls contes conçus pour les enfants sont les contes d’avertissement, qui se terminent mal.
Il n’est que de lire la moralité de la version de Perrault du Petit Chaperon Rouge,pour comprendre que les petites filles auxquelles il s’adresse approchent de l’adolescence ; à moins que l’avertissement ne soit destiné à leurs parents :
On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles,
Belles, bien faites et gentilles,
Font très mal d’écouter toutes sortes de gens,
Et que ce n’est pas chose étrange,
S’il en est tant que le loup mange.
Je dis le loup, car tous les loups
Ne sont pas de la même sorte :
Il en est d’une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui, privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles.
Mais, hélas !qui ne sait que ces loups doucereux,
De tous les loups sont les plus dangereux !
On peut dire qu’il existe un conte en réponse à chaque question posée par la vie.
Bruno Bettelheim dans « Psychanalyse des Contes de fées » : « Tel est exactement le message que les contes de fées, de mille manières différentes, délivrent à l’enfant : que la lutte contre les graves difficultés de la vie sont inévitables et font partie intrinsèque de l’existence humaine, mais que si, au lieu de se dérober, on affronte fermement les épreuves inattendues et souvent injustes, on vient à bout de tous les obstacles et on finit par remporter la victoire. »
Les maladroits aimeront le géant qui bouscule tout sur son passage mais peut voir par-dessus les montagnes ; les rêveurs indolents apprendront que le plus jeune, celui qu’on croit plus bête que les autres, sauvera sa famille ; les introvertis s’identifieront à la princesse endormie ; les intellectuels comprendront les rois qui, tels Arthur, agissent peu mais ordonnent beaucoup ; les méchants apprendront que les sorcières finissent souvent mal ; les anxieux en revanche, se rassureront au conte des sept chevreaux qui sortent vivants du ventre du loup ; les tristes partageront la fortune de Cendrillon et les malins feront comme le petit tailleur ou seront avertis du danger qui guette le berger qui crie trop souvent « Au loup ! » ; quant aux coléreux,ils combattront les dragons et pourront suivre dans leur quête Arthur et ses preux chevaliers.
Soyons attentifs aux demandes des enfants ; ils réclament en général spontanément, le conte qui leur convient. Et n’oublions jamais que l’action thérapeutique ou spirituelle du conte est amoindrie par la rationalisation ou la moralisation et que les contes lus sont moins efficaces que ceux racontés.

A quand remonte le conte?

La question de savoir lequel, du conte, du mythe ou de la légende est arrivé en premier, est à peu près celle de l’œuf et de la poule.
On peut cependant imaginer que toutes ces histoires seraient des témoignages des peurs et des émerveillements de nos lointains ancêtres confrontés à l’inconnu, aux découvertes, aux changements de climats. Un paysage différent, de la brume, un marécage là ou tout était sec? Voici un pays enchanté. Des hommes plus grands que ceux de sa tribu; des géants. Ils mangent de la chair humaine, ce sont des ogres; ils sont noirs, poilus, voilà des monstres. Ils ont des connaissances plus évoluées : des magiciens, des fées, des sorcières. On sait maintenant que la première rencontre entre piétons et cavaliers a fait naître les centaures.
Une plante qui soigne, c‘est l’herbe de vie; un os géant, une empreinte de dinosaure ? Dans cette grotte, près de cet étang, vit un dragon. Et tant et tant d’animaux vus pour la première fois, devenus licornes, basilics et autres phénix.
Des chasseurs, des guerriers relataient leurs exploits en les améliorant peu ou prou; la légende prend vie. On ajoute des personnages destinés à éduquer les enfants, par la frayeur au besoin; c’est un conte.
Plus récemment, les auteurs de science-fiction, en exploitant la règle du « plus proche inconnu » ont souvent recrée l’atmosphère du conte merveilleux.
Autrefois, le plus proche inconnu était la forêt ou bien encore l’autre côté de la rivière ou de la montagne ; on y rencontrait les fées, les ogres, les sorcières, des lutins etc..
Puis on se mit à voyager ; on eut peur alors de l’étranger, du voyageur, celui qui franchit la frontière dans un sens ou un autre. L’étranger était un « barbare », souvent féroce, dont on ne comprenait pas la langue.
Les frontières ont reculé et on a dû craindre ce qui se trouvait au-delà des mers, dans les lieux inexplorés des continents : les « sauvages », souvent cannibales, les bêtes fauves, voire les pirates.
Au XVII° siècle, les grandes explorations avaient fait connaître presque toute la terre aussi le plus proche inconnu de Cyrano de Bergerac était déjà la lune.
Les télescopes ont contraint les auteurs de la première moitié du XX° siècle à repousser le plus proche inconnu jusque Mars.
Et nous voici rendus à ne pouvoir redouter que ce qui se passe dans d’autres galaxies, voire au fond des trous noirs.
En souhaitant que la science n’efface pas en nous toute imagination, les auteurs pourront continuer à nous raconter les choses de la vie en divaguant tout de même un peu.
Attardons-nous sur le « conte merveilleux qui, pour Henri Gougaud est« la seule parole humaine qui échappe au contrôle de la raison »
Ces contes anciens, oubliés pendant la Renaissance au profit de la mythologie gréco-romaine, nous sont revenus curieusement au XVII° siècle au travers d’une mode lancée par les intellectuels tenant des « modernes » dans la fameuse querelle des « anciens et des modernes » ; le plus farouche défenseur des « modernes » étant Charles Perrault qui nous a, paradoxalement, rendu une des meilleure version littéraire des contes traditionnels.
Un retour sur cette renaissance :
Avant 1696, les seuls contes connus sont « L’île de la Félicité » que Mme d’Aulnoy insère dans « Histoire d’Hippolite, comte de Douglas » (1690) ; « Les Enchantements de l’éloquence » ; « Les aventures de Finette » de Mlle L’Héritier de Villandon (1695) et la « Belle au bois Dormant » de Charles Perrault qui parut en 1696 dans la Mercure Galant.
En 1696, Catherine Bernard – Née à Rouen en 1662 ou 1663, nièce des Corneille et cousine de Fontenelle ; famille de la bourgeoisie protestante ; liée aux modernes (voir auteur dans Nouvelles Galantes du 17° siècle Garnier Flammarion), publie « Inès de Cordoue » elle glisse dans l’intrigue deux contes qui seront par ce biais parmi les premiers publiés en France : « Le Prince Rosier » et « Riquet à la Houppe », dont Perrault donnera une version un an plus tard dans ses « Histoires et contes du temps passé ». En 1705, Mlle l’Héritier racontera à son tour « Riquet » sous le titre de « Ricdin-Ricdon ».
Quelle est la parenté entre ces versions ? Hasard ou plagiat ? Ni l’un ni l’autre probablement. Catherine Bernard, Charles Perrault et Mlle L’Héritier ont puisé dans un fond commun. Ou bien encore ces parutions sont le résultat de ce que nous appellerions une « joute de conteurs », organisée dans les salons à la mode , tel celui de Mlle L’Héritier, laquelle avait publié « les Enchantements de l’Eloquence » que Perrault donnera sous le titre « les Fées ».
Très littéraire mais utilisant la langue limpide du XVII° siècle, Charles Perrault dans les « Contes de ma Mère l’Oye », retrouve la simplicité des veillées ; on rencontre chez lui des histoires cousines de celles relatées plus tard, par Grimm : Blanche-Neige et Cendrillon, Le Petit Poucet et Hansel et Gretel par exemple.
Le témoignage sur cette renaissance du conte se situe dans « Inès de Cordoue » dans le passage où la Reine venue à Paris, tient « salon ». Au cours de la conversation, on propose d’imaginer des « Contes galants » :
« On convint de faire des règles pour ces sortes d’histoires dont voici les deux principales : que les aventures fussent toujours contre la vraisemblance, et les sentiments toujours naturels. On jugera que l’agrément de ces contes ne consiste qu’à faire voir ce qui se passe dans le cœur et que, du reste, il y avait une sorte de mérite dans le merveilleux des imaginations qui n’étaient point retenues par les apparences de la vérité. »
Les deux règles ne doivent régir que les seuls contes de fées, nommés « contes galants », qui renouent d’ailleurs avec l’esthétique des romans de Madeleine de Scudéry où la vérité des caractères s’alliait à la bizarrerie des situations.
Tout semble opposer « contes merveilleux » et « nouvelles galantes » : la féerie affiche son invraisemblance quand la nouvelle veut passer pour une histoire vraie.
Les deux contes détachés du cadre : « le Prince Rosier » et « Riquet à la houppe » figurent dans un recueil manuscrit de « Petits Contes et Prose et en Vers », MS4015 de la bibliothèque Mazarine qui joua un rôle déterminant dans la mode des contes de fées.
On retrouve également ces deux contes en 1718 dans les « Nouveaux Contes de Fées » et en 1786 dans le « Cabinet des Fées » du Chevalier de Mailly.
Catherine Bernard qui a contribué à lancer la mode des contes de fées, cesse toute activité littéraire vers 1698, après avoir intégré l’entourage de Mme de Maintenon pour qui elle compose encore quelques textes pieux. Elle a abjuré peu avant la révocation de l’Edit de Nantes.
N’oublions pas Madame Leprince de Beaumont, sa Belle et sa Bête ;la Comtesse d’Aulnoy (qui était baronne) , son Oiseau Bleu et son Prince Charmant . Leur écriture très littéraire et leurs histoires compliquées se sont éloignées de la littérature orale.
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Grimm au sortir du « siècle des Lumières », a compris le vide que laisserait dans l’esprit humain l’abolition du merveilleux. Il est l’un des collecteurs les plus connus.




les finalités du conte


Elles sont aussi diverses que les opinions sur le sujet. La première et la principale, devrait être le divertissement et l’ouverture de la porte des rêves.
Ce qui induit une seconde fonction : le développement de l’imaginaire.
Beaucoup d’éducateurs, pour qui tout divertissement doit avoir une utilité, veulent y voir un enseignement moral. Le conte, pour eux, devrait éveiller la conscience du bien et du mal et faire évoluer les sentiments vers le haut.
Cependant Italo Calvino nous dit que : « La fonction morale que le conte assume dans l’entendement populaire est peut-être moins à rechercher du côté des contenus que du côté de l’institution même du conte, le fait de le raconter et de l’écouter. »
François Flahault dans l’interprétation des contes ajoute : « Le contenu des contes ne nous avance à rien : du moment que leur énonciation produit de facto un état de paix, ils ont atteint leur but. »
Le conte est en fait un bureau à secret : on ouvre les tiroirs apparents et l’on y trouve distraction, rêve et morale. Mais il faut trouver le mécanisme caché pour découvrir le véritable sens du conte, celui qui nous relie à l’humanité.
C’est ainsi que le conte, peut être considéré comme un support de quête intérieure. Le guide pour la découverte de l’inconscient serait le conte à trois personnages tels que, par exemple, la princesse-vierge, le prince-héros et le dragon-épreuve ; on trouve ce schéma dans la première partie du conte de Grimm: les deux frères.
Le dragon qui représente l’inconscient se trouve au sommet d’une montagne dont l’ascension représente la quête de vérité intérieure. L’épée représente le discernement grâce auquel le héros vaincra ses dragons intérieurs. Le conte est long et la quête ne s’arrête pas à la victoire sur le dragon. Le héros aura d’autres obstacles à franchir. Il devra aussi retrouver son jumeau…
Ce conte des deux frères, contrairement à d’autres contes de Grimm, un peu trop complexes pour eux, est apprécié des petits enfants, et ceci grâce à l’intervention des animaux qui revient comme dans les randonnées.
Ces animaux auxiliaires, comme ceux héros des contes animaliers sont les souvenirs des totems des différentes tribus. Les deux frères dans leurs quêtes sont assistés par les tribus du lièvre, du loup, de l’ours et du lion.
De même quand Renart, joue des tours à Ysengrin ; il faut se souvenir que la tribu qui avait pour emblème le goupil se trouvait en rivalité avec celle dont l’emblème était le loup.
Le héros du « Tambour » de Grimm doit lui aussi affronter des épreuves avant de s’unir à la princesse; il n’aura pas de dragon à affronter, mais une sorcière. On y rencontre des souvenirs d’autres contes ; certaines épreuves font penser à celles que Vénus inflige à Psyché. Le retour dans la famille qui entraîne l’oubli de la fiancée rappelle l’oubli de la Belle pour la Bête; mais à l’inverse de la Bête qui se laisse mourir, la Princesse lutte. En souhaitant des robes aussi somptueuses que celles de Peau d’Ane.
Car il ne faut pas négliger l’importance de l’argent et du statut social dans le conte. C’est même cet aspect qui apparaît en premier. Le héros, la plupart du temps parti de rien, finit par épouser la princesse et hériter du royaume. C’est en seconde « lecture », quand on a ouvert le tiroir à secret, que les vraies natures de la « princesse » et du « royaume » nous sont révélées. Dans nombre de contes où le héros se voit proposer or ou argent en paiement de son travail, il a été averti par un auxiliaire de refuser ou de choisir un objet anodin, sans valeur apparente, comme une ficelle ou une vieille culotte.
Si la récompense est une arme, il lui faudra laisser l’épée d’or incrustée de pierres précieuse et choisir celle qui est rouillée ou ébréchée.
Dans la Belle et la Bête, des trois filles, deux veulent des robes et des bijoux, seule la Belle ne désire qu’une simple rose. C’est donc elle qui saura délivrer le prince prisonnier de son apparence bestiale. Ce qui, dans le film de Cocteau est tout à fait regrettable, car la Bête fabriquée par Christian Bérard le costumier, est d’une beauté renversante.
Mais les choix les plus significatifs se trouvent dans l’Oiseau d’Or : à chaque épreuve de sa quête, Ivan Tsarévitch est averti de choisir la cage de bois, la vilaine selle etc… ce qu’il ne fait pas, bien entendu, ce qui permet au conte de durer plus longtemps.
François Flahault dans l’Interprétation des Contes, p.245 : « Tout conte -et sans doute tout récit- est le fruit d’un compromis entre le désir d’un toujours plus et la loi qui veut qu’on n’ait rien sans rien ; mais rares sont ceux qui, comme la quête de l’Oiseau d’Or, illustrent aussi fortement chacune de ces contraintes….
Et plus loin : « Il arrive [… que l’indifférence à la contradiction (qui est réputée être l’une des faiblesse de la pensée mythique)permette l’émergence de vérités difficilement accessibles à la pensée conceptuelle… »
Au sujet des richesses il est intéressant de noter que « conte » et « compte » ont la même étymologie. Au Moyen-Age, on ne les distinguait pas. La différence d’orthographe qui fait la séparation n’est apparue qu’au XV° siècle. La racine latine : computare est la même ; elle a signifié d’abord compter, calculer, puis penser.
Les héros silencieux sont en ce sens plus significatifs que les héros actifs : ils ne recherchent aucun avantage matériel. La jeune sœur des six frères cygnes ne lutte en silence que pour sa vie et sa réhabilitation.
On trouve dans la Bible et dans la légende Arthurienne deux autres héros silencieux: Perceval et Samson. Mais si le silence de la jeune sœur des six frères cygnes n’est dangereux que pour elle-même, celui de Perceval, en revanche, met en danger le royaume, sans parler de la santé du roi Pêcheur. Samson, lui refuse de révéler le secret de sa force. Ce sont trois mutismes différents. Ils ont en commun cependant de n’être attachés à aucune récompense matérielle.
Perceval n’est pas un personnage de conte, il fait partie d‘un cycle légendaire. Samson, si l’on admet qu’il entre une part de légende dans les textes bibliques également. Citons Vladimir Propp dans « Transformation des contes merveilleux » : l’histoire de Samson et Dalila ne peut être considérée comme le prototype du conte: le conte semblable à cette histoire et le texte biblique peuvent remonter à une source commune. 
On peut aussi trouver une similitude dans les questions de Dalila à Samson et dans celles de Viviane à Merlin quand elle veut l’enfermer dans la tour d’air. Et là encore, entre la fée et l’enchanteur, il n’est question que de pouvoir spirituel.

L'universalité du conte



Les contes viennent de partout ; on peut prendre en exemple le conte de Cendrillon dont on a recensé 163 versions sans source commune vraisemblable.
Bernadette Bricout écrit dans la revue de la Maison du Conte 2005 :
On ne peut pas tricher avec ce conte-là. Il nous pose des questions intimes .
Car nul ne sait ce qui se cache dans le secret d’un cœur de femme et dans la danse du balai. De la maison, Cendrillon est tout à la fois la gardienne et la prisonnière. Le foyer, la pierre de l’âtre, est-ce le lieu que Cendrillon s’est choisi, son territoire, son refuge, est-ce le lieu de sa réclusion ? »
Bernadette Bricout rappelle, à la lueur des recherches menées par Nicole Belmont, que ce conte est dominé par les figures antithétiques dans la mythologie grecque d’Hestia, gardienne du foyer, et d’Hermès, le voyageur, garant de l’ouverture au monde (le bal du roi, le monde du dehors). Or le bal est le lieu d’un spectacle social où rien n’est laissé au hasard. La fuite de Cendrillon s’inscrit-elle alors dans une science du désir que vient creuser l’absence ? La marraine enseignerait alors à sa filleule l’art de la fugue. Il nous faut méditer sur cet enseignement. "

Si les anciens conteurs avaient pour but essentiel de divertir leur auditoire, on voit que les intellectuels qui depuis se sont penchés sur les contes leur en ont attribué d’autres : initiatique, philosophique ou éducatifs.
Le conte est donc une œuvre collective dont les origines rendent encore perplexes ethnologues, folkloristes, psychanalystes et historiens.
Les différentes théories proposent sans doute chacune une part de vérité.
a)La théorie indo-européenne ou mythique fait des contes populaires un reflet des mythes solaires indo-européens diffusé lors des grandes migrations de ces populations à travers l’Asie et l’Europe.
b)La théorie indianiste fait venir les contes merveilleux de l’Inde par le biais des conquêtes musulmanes.
c)La théorie ethnographique : les contes merveilleux sont les restes de civilisations primitives ; ils seraient nés au sein de différentes cultures éloignées géographiquement mais parvenues au même développement culturel : le stade de l’animisme et du totémisme ; ceci est surtout valable pour les contes animaliers. Les personnages des contes pourraient être le souvenir de célébrants d’anciens rites populaires. (Les fées, sorcières et magiciens représenteraient pas exemple les druides.)
d)La théorie marxiste : le conte garderait le souvenir de croyances et rituels primitifs, ceux des sociétés de clan du régime de cueillette et de chasse. Il serait né au début de l’ère agricole dans des sociétés aux croyances différentes qui ne comprenant plus les anciens rituels, finissent par les déformer. On peut donner cette interprétation du « Fidèle Jean » de Grimm, mais elle éloigne de la signification essentielle du conte qui est avant tout une initiation à la quête intérieure.
Il reste que, la religion chrétienne a peu à peu substitué les histoires tirées de la bible et des évangiles, les vies des saints, à celles venues du monde celte ou gréco-romain.


la littérature orale
Elle est faite d’histoires colportées depuis l’aube de l’humanité par des anciens, des conteurs, au cours de veillées.
On se réunissait bien souvent dans l’étable, où en hiver il faisait chaud. L’un des participants, peut-être un berger, peut-être un colporteur, après s’être longtemps fait prier, alors que personne ne lui demandait plus rien, levait les yeux du bâton qu’il est en train de sculpter, du manche d’outil qu’il polissait tendrement, du morceau de buis dans lequel il creusait un coquetier et il lançait un sonore : « Cric ! ». L’assemblée alors lui renvoyait un : « Crac ! » enthousiaste. Puis il prononçait quelques formules rituelles d’ouverture : le conte déployait ses ailes et planait sur l’assemblée.
Le recteur ou le curé, qui avaient leurs propres légendes à répandre, le dimanche à l’église réprouvaient ces réunions. Les jeunes gens s’y retrouvaient, et si par chance un musicien était présent, dansaient. Péché ! Les veillées favorisaient les amours, elles étaient forcément les antichambres de l’Enfer.
Y assistaient aussi les femmes qui avaient des « pouvoirs ». Des sorcières donc. Elles n’étaient en fait rien de plus que des guérisseuses, qui connaissaient les plantes et leurs propriétés ; qui savaient faire « passer » les fièvres, les insolations aussi bien que les grossesses intempestives. Souvent plus compétentes et adroites, elles représentaient pour la plupart des médecins de l’époque une sévère concurrence puisqu’elles savaient accoucher juments, vaches, servantes on maîtresses et comme telles dans les périodes des grandes chasses aux sorcières entre les XV° et XVII° siècles, risquaient au mieux le Jugement de Dieu mortel dans la plupart des cas ; au pire le bûcher précédé de tortures propres à faire avouer à une nonne pré pubère les pires turpitudes.
On peut imaginer aussi que leurs connaissances en matière de plantes, potions onguents de toutes natures les exposaient à des demandes plus ou moins avouables ; quelles consentissent ou non à les satisfaire, les rendaient dépositaires de secrets dangereux pour elles.
Les ogres, les fées et leur magie s’effacèrent des veillées, laissant la place aux saints, à leurs miracles et au diable avec son cortège de sorciers et sorcières. Les contes trouvèrent refuge chez les nourrices qui endormaient les enfants qu’on leur confiait en leur contant les histoires qui deviendront les « contes de nourrices ».
Longtemps avant l’invention de l’écriture, on racontait des histoires. L’Iliade et l’Odyssée furent à l’origine des poèmes chantés et racontés ; Homère ne les a pas écrits ; on n’est même pas certains qu’Homère ne soit pas lui-même une légende. C’est néanmoins grâce à l’écriture qu’ils sont parvenus jusqu’à nous.
Chez les Celtes, les légendes et la religion se transmettaient oralement.
Chez nous, dans le haut Moyen Age, seuls les femmes et les clercs savaient lire et écrire. Les nobles guerriers ne s’abaissaient pas à de telles billevesées ; en revanche, ils ne dédaignaient pas de raconter leurs divers exploits et d’écouter trouvères et troubadours qui les colportaient, souvent en musique et en chansons, de châteaux en châteaux, rajoutant bravoure et miracle au fil du temps. C’est au XII° siècle qu’on commença à rassembler par écrit tous ces hauts faits devenus contes et légendes.
Dans d’autres civilisations, en Afrique, chez les Amérindiens et en Sibérie la littérature orale est toujours 
en usage.

Inconnu
Autrefois, au temps des contes de fées, le plus proche inconnu se trouvait par-delà la forêt, par delà la montagne. On y trouvait des monstres, de géants, des nains, des dragons ; parfois aussi des fées.
Puis l’homme a voyagé ; le plus proche inconnu a franchi les mers : l’Afrique était peuplée de cannibales et les routes d’Amérique pavées d’or.
L’homme alors a pris de la vitesse et le plus proche inconnu est devenu la lune ; Armstrong et Tintin ont eu raison de ses mystères. Le plus proche inconnu se tient désormais par-delà les planètes…

Mémoire des contes

Les contes sont la mémoire collective des hommes. Ils disent ce qui leur est arrivé, ce qui s'est passé depuis ce temps lointain où ils ont commencé à se souvenir et à raconter.
Par la voix, sur la pierre, les murs des cavernes, en tablettes, en rouleaux, puis en livres, ils sont arrivés jusqu'à nous. Chacun de ceux vers qui ils sont venus leur a posé sa marque, son empreinte, les a façonnés.
Les penseurs en ont fait des mythes, les historiens des légendes et les aèdes en ont fait des contes. On a pu les versifier, les chanter, les orner de musique, les dessiner au fond des cavernes ou sur la peau des tipis; ils sont là, présents, intacts bien qu'habillés de neuf. On dit que le temps présent les oublie... Oh que non!.. Le film, le dessin animé, la BD, les manga, les vidéos continuent à nous les dire...
Certes, l'image les fige quelque peu; la parole leur donnait plus d'ampleur dans notre imaginaire, mais qu'importe! Les contes vivent prennent racine en chacun de nous; ils parcourent les continents, s'épousent et font des petits; car chaque jour, quelque part dans le monde, naît un conte. Différent et semblable, comme les anciens nous ont parlé des émotions d'autrefois, il racontera un jour à nos lointains enfants, ceux que nous étions..



Ulysse et Poucet

Est-ce Dumézil ou un autre qui a identifié Ulysse chez le Cyclope au Petit Poucet chez l'ogre? Quel rapport?
Poucet perdu dans la forêt, se réfugie chez l'ogre. Ulysse condamné par Neptune à errer sur la mer fait escale chez le Cyclope. Polyphème comme l'ogre est mangeur de chair humaine. Puis c'est par ruse que Poucet comme Ulysse se tire de ce mauvais pas. La structure de l'histoire est bien la même; les différences viennent des pays et des civilisations où elle est racontée.
 Poucet après avoir volé les bottes magiques de l'ogre peut cheminer rapidement et devient messager du roi. Là il y aurait une réflexion à mener sur le fait que ces bottes transforment le voyageur en messager et comparer avec le Chat Botté. Un conte en engendre-t-il un autre?




















Vladimir Propp dans "Morphologie du Conte" dit que:

1 Les éléments constants, permanents du conte sont les fonctions des personnages et quelle que soit la manière dont ces fonctions sont remplies. Les fonctions sont les parties constitutives fondamentales du conte.
2 - Le nombre des fonctions que comprend le conte merveilleux est limité
3 - La succession des fonctions est toujours identique. Il le dit mais ce n'est pas toujours vérifié.
4- Tous les contes merveilleux appartiennent au même type en ce qui concerne leur structure.
Il recense 31 fonctions et  entend par fonction l’action d’un personnage, définie du point de vue de sa signification dans le déroulement de l’intrigue.
Il est bien évident que les 31 fonctions ne sont pas présentes dans chaque conte.

Prenons comme exemple un conte bien connu : Blanche- Neige
Fonction 1 - L'isolement du héros : la mère de Blanche-Neige meurt, son père se remarie. Elle n'est plus protégée de la malfaisance de sa belle-mère.
Fontion 2- interdiction/mise en garde : fonction non présente dans cette partie du conte
Fonction 3 - L’interdiction transgressée non présente dans cette partie du conte
Fonction 4- L'ennemi enquête; il essaye d’obtenir des renseignements: La reine/sorcière interroge son miroir magique
Fonction 5- Le méchant reçoit des informations sur sa victime: Blanche-Neige a grandi et le miroir dit à la reine que Blanche-Neige est la plus belle.
Fonction 6 - Le méchant tente de tromper sa victime, parfois en se transformant: pas à cet endroit
Fonction7- La victime « complice » du méchant par naïveté ou imprudence: pas à cet endroit
Fonction 8 - Le méchant nuit à un membre de la famille (nœud de l’intrigue):  La reine ordonne à un chasseur de tuer Blanche-Neige.
Fonction 9- Le méfait est connu: entrée en scène du héros; Blanche-Neige est un héros/victime; elle est déjà présentte et va devoir s'enfuir, contrairement au héros/sauveur qui lui, intervient à ce moment.
Fonction 10 - Le héros part en quête, Quand il s'agit d'un héros sauveur ce qui n'est pas le cas dans ce conte . Ici, Blanche-Neige s’enfuit dans la forêt.
Fonction 11- le héros part de chez lui et rencontre un donateur: pas dans ce conte
Fonction 12- Le donateur teste le héros: pas dans ce conte
Fonction13- Réaction du héros: positive ou négative , mais pas dans ce conte
Fonction 14- objet magique mis à la disposition du héros: dans ce conte, on a des objets maléfiques  offerts a Blanche-Neige pour lui nuire;leur place n'est pas ici.
Fonction15- Le héros est transporté sur le lieu où se trouve l’objet de sa quête: Blanche-Neige marche jusqu'à la maison des Nains; dans le dessin animé elle est guidée par les aniamux de la forêt
Fonction16- L'affrontement: Ici , il y a ambiguïté: Blanche-Neige va devoir affronter la sorcière, mais... elle n'est pas encore arrivée. Nous sommes en présence d'un conte en deux parties ou plus exactement de la juxtaposition de deux contes: le premier se terminerait avec peut-être le mariage de la princesse et du chasseur (qui pourrait être le roi d'un royaume voisin) mais un conteur inspiré a ajouté la seconde partie qui rapporte au mythe de Perséphone. Blanche-Neige trouve refuge chez les Nains qui travaillent sous la terre et de ce fait, appartiennent  comme Hadès,au monde chtonien... Mais poursuivons...
Fonction17:  la marque du héros: c'est bien souvent une cicatrice ou un objet obtenu au cours ou à la suite de l'affrontement. Blanche-Neige a reçu ses "marques" à la naissance: son teint blanc, ses cheveux noirs et ses lèvres rouges. C'est un exemple d'exception dans la succession "rigoureuse" des fonctions.
Fonction18: l’agresseur vaincu: la sorcière le sera, mais il faudrait déjà qu'elle arrive.
Fonction 19- le méfait est réparé: Blanche-Neige se réveillera, mais encore faudrait-il qu'elle s'endorme!
Fonction 20 - retour ou nouvelle séquence: Nous y voilà! Blanche-Neige est installée chez les Nains et on repart à la  
Fonction 1bis: éloignement: Les nains vont travailler dans leur mine et Blanche-Neige est seule à la maison.
Fonction2bis:interdiction /mise en garde: Blanche-Neige ne doit ouvrir ni parler à personne
Fonction 3bis: trasgression/ désobéissance: Blanche- Neige .parlera et ouvrira à la sorcière qui n'est pas encore arrivée; la fonction n'est pas à sa place
Fonction 4bis: investigation de l'ennemi: la sorcière interroge son miroir.
Fonction 5bis :information: Le miroir révèle que Blanche-Neige est vivante et qu'elle se trouve chez les nains.
Fonction 6bis: stratégie, ruse: La Reine se grime en sorcière et prépare des "cadeaux empoisonnés"
Fonction 7bis: imprudence, complicité involontaire: Blanche-Neige écoute la sorcière; fonction qui peut se coupler avec la 3
Fonction 8bis: à trois reprises la sorcière tente d'assassiner Blanche-Neige: un peigne, un lacet et la pomme empoisonnée. pour bien faire, il faudrait ajouter deux autres séquences, mais... bon!!
Fonction 9bis: méfait révélé: a trois reprises les nains découvrent Blanche-Neige inanimée/
Fonction 21- le héros poursuivi: cette poursuite part de la fonction 4bis à la 8bis
Fonction 22 le secours: à deux reprises, les nains raniment Blanche-Neige; la troisième fois, il faudra attendre l'arrivée du prince
Fonction23- le héros incognito chez lui ou ailleurs: pas dans ce conte
 Fonction 24-des imposteurs prétendent à ses exploits: pas dans ce conte
Fonction 25- une tâche difficile pour le héros: confusion possible avec la fonction 16. Affronter la sorcière est effectivement une épreuve difficile. Encore un cas où les fonctions ne sont pas à leur place.
Fonction 26: la tâche accomplie: Peut-on dire çà?
Fonction 27: le héros reconnu: non, on a tojours su qui était Blanche-Neige
Fonction 28: la sorcière est un ennemi, pas un imposteur.
Fonction 29: le héros transformé: non
Fonction 30: le méchant puni:  Aux noces de Blanche-Neige, on oblige la reine à danser avec des mules de fer chauffées à blanc
Fonction 31- le héros se marie  : Blanche-Neige épouse le prince
On remarquera qu'il ne manque dans ce conte, que quatre ou cinq fonctions, mais qu'on y trouve pas mal de sources de confusion et que certaines fonctions ne sont pas à leur place; ce que Propp lui même dans son bouquin admet comme possible.
Ces 31 fonctions se retrouvent dans tous les contes "merveilleux " et uniquement ceux-ci, quelle que soit leur origine.
La fonction 12 est une épreuve destinée à tester le mérite du héros : est-il ou non digne de recevoir le talisman?
La fonction 16 est l'affrontement direct avec l'ennemi;
La fonction 25 est une épreuve supplémentaire qui oblige le héros, qui a surmonté les deux précédentes épreuves, à se montrer digne d'épouser la princesse ou de recevoir l'objet de sa quête.
C'est leur ordre d'apparition qui les définit et non l'importance de la difficulté.







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