Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

lundi 23 février 2015

Révisons nos classiques

Blanche-Neige
(d'après Grimm et surtout Walt Disney)

Il était une fois, un roi et une reine qui n’avaient pas d’enfants et comme toujours dans les contes, la reine s’en désolait. Un jour d’hiver que, mélancolique, elle brodait près de sa fenêtre, elle voyait les corbeaux si noirs sautiller sur la neige si blanche.
-          Oh ! pensait-elle, si je pouvais avoir une petite fille ! Une petite fille au teint blanc comme la neige… une petite fille aux chevaux aussi noirs que l’aile de ces corbeaux !!
Rêveuse et distraite, la reine se piqua le doigt et une goutte de sang tomba sur sa broderie…
-Une petite fille, continua-t-elle, aux lèvres aussi rouges que cette goutte de sang !
Il faut croire que le désir de la reine était si puissant que l’année suivante, il lui vint une petite fille telle qu’elle l’avait désirée, au teint de neige, aux chevaux de jais et aux lèvres semblables à des rubis. Mais comme il arrive dans les contes, elle eut à peine le temps de l’admirer, avant de rendre un dernier soupir.
La petite fille qu’on avait appelée Blanche-Neige était encore presque un bébé quand le roi son père, lui offrit pour un de ses anniversaire une belle-mère, belle oh  combien ! mais mère fort peu et de plus sorcière.
Cette reine si belle ne pouvait supporter une rivale et chaque jour consultait son  miroir magique :
-Miroir, mon beau miroir, dis-moi quelle est la plus belle en ce pays. ?
Et chaque jour le miroir répondait :
-Par de-là les sept monts, par de-là les sept vallons, Reine, nulle n’est aussi belle que toi.
Cependant Blanche-Neige grandissait et chaque jour devenait plus belle, si bien que le miroir un matin, répondit à la reine.
-Tu es la plus belle oh ! Reine, mais bientôt Blanche-Neige sera plus belle que toi !
La reine entra dans une fureur aussi noire que les cheveux de sa belle-fille, appela son chasseur et lui donna l’ordre d’entraîner Blanche-Neige au plus profond de la forêt profonde, de la poignarder et de rapporter son cœur.
Le Chasseur obéit, mais arrivé au plus profond de la forêt profonde, ému par la grâce et l’innocence de sa victime, il lui révéla l’horrible projet de la reine.
-Sauve-toi, lui dit-il pars vite,  et ne revient jamais dans ce royaume !
Puis il tua une biche dont il apporta le cœur à la reine, qui le dévora tout cru et tout sanglant.
Blanche-Neige  pendant ce temps, fuyait éperdue dans la forêt, déchirant ses jolis souliers des satin, laissant des lambeaux de sa robe et de ses jupons de soie aux ronces des taillis. A la nuit, épuisée, affamée, elle se laissa choir au pied d’un grand chêne et s’endormit sur un lit de mousse et de feuilles mortes. Au petit matin, un rayon de soleil et le chant des oiseaux lui ouvrirent les yeux. Les oiseaux mais aussi tous les animaux de la forêt, les biches, les loups, les renards, les lapins, même les hiboux sur leurs branches retardaient l’heure de leur coucher pour observer l’étrange animal venu dormir dans leur domaine.
Effrayés d’abord, ils s’enhardissaient peu à peu ; la drôle de bête ne semblait pas féroce, elle émettait d’étranges petits sons, son corps se secouait doucement et de l’eau lui sortait des yeux.  Non, la bête ne semblait pas dangereuse ;  peut-être était-elle malade.
Une ourse survenue, suivie de son ourson éclaircit la situation :
-C’est une humaine, expliqua-t-elle…
-Une humaine ! grogna un gros sanglier… il faut la chasser ; les humains sont dangereux !
-Pas celle-ci, répliqua l’ourse qui « savait des choses », elle est jeune, elle est triste, les humains l’ont chassée.  Il faut l’aider,  sinon, elle va mourir..
-Ca en fera toujours une de moins, répliqua un insolent renard.
-Tais-toi, dit un loup, sévère, les humains ne sont pas bons pour nous, ce n’est pas une raison pour nous comporter aussi mal qu’eux !
-Je suis de ton avis dit un grand cerf, hochant sa ramure, mais que pouvons-nous faire…
-Conduisez-là chez les Nains, bâilla le hibou et cessez ce tapage, je voudrais pouvoir dormir..
-Oui, oui, chez les nains couinaient en sautillant les lapins… chez les nains, chez les nains …
Et Blanche-Neige, ahurie, qui avait mouché son nez, se leva et compris qu’elle devait suivre le cortège formé par les animaux.
Précédée d’un loup, la main posée sur un faon, encadrée d’ours et de sanglier, survolée d’oiseaux sonores, la jeune fille arriva dans une clairière ; une maison modeste, au toit de chaume dépeigné mais couronné d’iris se tenait retranchée derrière un jardinet mal tenu. Les animaux à l’arrêt semblaient lui signifier d’entrer là ; ce qu’elle fit. L’intérieur était aussi peu soigné que le dehors mais indiscutablement le lieu était habité par des gens dont l’ordre et la propreté n’était pas la préoccupation première. Bien que princesse et terriblement fatiguée, Blanche-Neige se crut tenue de mettre un peu d’ordre, avant de monter à l’étage et de s’écrouler sur un lit dont jamais l’envers du matelas n’avait vu le plafond. Après une nuit passée sous un chêne et un réveil plus que matinal, elle était plus morte encore de fatigue que de faim et puis… qui dort dîne !
Les habitants de la maison pendant ce temps, piochaient leur mine. Ils étaient sept,  les Sept Nains…
QUIZ : qui de vous lectrices (et teurs)saura me dire les noms des Sept Nains ??
Leur journée achevée, les nains mirent la pioche sur l’épaule et reprirent en chantant le chemin de leur chaumière. Quelle surprise en poussant la porte ! –« Mais, dit le moins aimable, qui donc s’est mêlé de ranger mes affaires ? »
-«  On dirait, ajouta celui qui portait des lunettes et qui semblait le plus âgé, on dirait que quelqu’un est entré ici… »
-Oh ! sans doute est-ce un monstre, bégayait en tremblant un qui se cacha sous la table »
Et chacun d’émettre son opinion, puis un autre bâilla et dit : « moi ça m’est égal ! J’ai sommeil et je vais me coucher… »
Mais arrivé en haut de l’escalier, il poussa un cri : «  Il y a une fille dans mon lit ! »
-« Ca alors, ça alors !! s’exclamèrent en chœur les sept.
Ils firent tant de bruit en grimpant l’escalier de bois, que Blanche-Neige ouvrit les yeux et se dressa sur son séant.
Le nain à lunettes s’approcha et lui demanda ce qu’elle faisait chez eux. Les larmes aux yeux, la jeune fille raconta son histoire et les nains émus décidèrent de l’adopter.

Pendant ce temps, dans le royaume du père de  Blanche-Neige, la reine interrogeait toujours son miroir qui lui dit un jour :
-«  Certes, Reine, tu es la plus belle en ce pays, mais par de-là les sept monts, par de-là les sept vallons, Blanche-Neige est bien plus belle que toi ! »
Le reine manqua s’étrangler de fureur ; heureusement le chasseur avait eu la bonne  idée de disparaître avant d’avoir fait les frais de la colère de sa souveraine.
Pâle de rage, la sorcière descendit dans les caves où elle avait son laboratoire et après avoir feuilleté de nombreux grimoires, elle composa une potion dans laquelle elle trempa une pomme à moitié. Puis elle prit l’apparence qui montrait sa vraie nature, remplit un panier de belles pommes rouges sur lesquelles elle posa celle qu’elle venait d’empoisonner. Vêtue d’une grande cape noire, s’appuyant sur un bâton et le panier au bras, elle prit le chemin de la forêt…
Les nains chaque matin, partaient travailler à la mine. Ils avaient recommandé à Blanche-Neige, sachant le danger qui la guettait, de ne jamais , surtout jamais, ouvrir la porte à quiconque en leur absence.  Seul le temps passait près de la maisonnette et à force de n’avoir d’autre compagnie que les animaux de la forêt, Blanche-Neige finit par oublier ses craintes. Un matin qu’en chantant elle allait tirer de l’eau au puits, elle vit s’approcher une vieille qui portait un panier. Il semblait bien lourd et la femme était visiblement fatiguée. La jeune fille lui proposa de l’eau et pour la remercier, l’horrible sorcière (on l’a reconnue !) lui offrit une pomme qu’elle coupa en deux tout en présentant la moitié empoisonnée à la belle sans méfiance. A peine eut-elle mordu dans le fruit, qu’elle tomba sur le sol, inanimée. Sans plus attendre, la mauvaise enfourcha son bâton et disparut dans le sommet des arbres.
En découvrant Blanche-Neige inanimée près du puits, le chant joyeux des nains se transforma en cris de désespoir. Elle respirait à peine et aucun de leurs efforts ne parvint à lui rendre la vie. Fous de chagrin, ils ne purent se résoudre à la mettre en terre. Ils lui firent un cercueil de verre et la laissèrent dormir là, au milieu de la clairière, parmi les animaux qu’elle aimait…
De longues, longues années s’écoulèrent avant qu’un prince ne vint s’égarer dans la clairière où dormait Blanche-Neige. Ebloui devant tant de beauté sans vie, le prince ne pouvait se décider à la quitter. Il voulut au moins l’embrasser ; mais quand ses lèvres eurent touché celles de la jeune fille, elle eût un hoquet et recracha le morceau de pomme qu’heureusement elle n’avait pas avalé…
Ca c’est un peu dégoûtant, jeunes filles je vous déconseille d’en faire autant avec vos soupirants ! Ils ne sont pas toujours des princes, alors…
Bon, ben, voilà !!! Blanche-Neigea a épousé son prince et la reine-sorcière a été forcée de danser toute une nuit chaussée de souliers de métal rougis au feu…. Ce qui ne lui fit aucun  bien…

3 commentaires:

manouche a dit…

Illico et sans tricher:Prof, Grincheux, Atchoum,Timide, Joyeux,et zut ...

P a dit…

Allez courage... plus que deux...

Lucas a dit…

Simplet voyons ! Le dernier m'échappe.
Je profite de l'occasion pour vous dire que je suis votre blog depuis quelques semaines, et de plus en plus assidûment !
Vous avez une belle façon de rendre synthétiques et prenantes ce lyrisme et ces légendes d'un temps qui m'est antérieur, et si j'en crois les quelques commentaires, la fréquentation est pourtant désolante.
Alors maintenant je commenterai, la boule de neige, et cetera !

Les Chouchous