Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

mercredi 30 avril 2014

Il suffit de passer le pont...

Dans notre Thymerais, du temps où il n'y avait ni télé, ni cinéma, encore moins internet et les jeux vidéos, les jeunes n'en occupaient pas moins leurs soirées. Eté comme hiver, on allait aux fêtes de village ce qui ne plaisait pas toujours aux mères des jeunes filles pas encore mariées. Elles risquaient disaient les mères, d'y perdre leur vertu aussi ces fêtes étaient-elles le plus  souvent défendues. Il était défendu surtout d'y aller seule.
Or la jeune Louise aurait bien voulu y aller, aux fêtes; sa mère toujours refusait. Mais voilà que pour  la St Jean d'été, il se disait qu'à Blévy il y aurait un grand feu et un bal et qu'on danserait toute la nuit. Louise avait demandé la permission mais sa mère avait dit non et Louise pleurait. Son cousin Louis la voyant si triste lui en demanda la raison:
"C'est que dit la pauvrette, je voudrais bien aller danser et que je n'ai pas de grand frère pour m'accompagner!
- Mais je t'accompagnerai bien moi, si ta mère est d'accord...
Et voilà Louise et Louis qui vont trouver la mère, qui se fait une peu tirer l'oreille; mais le cousin Louis est un brave garçon dont tout le pays vante le sérieux et l'honnêteté. Finalement, après maintes et maintes recommandations et mises en garde, la permission est accordée...
Le soir de la fête, Louis vient chercher Louise. Deux ou trois kilomètres séparent Maillebois où vit Louise, de Blévy où se tient la fête. Les deux jeunes prennent un raccourci par le grand parc du château que traversent deux jolies rivières: la Blaise et la Saint-Germain. 
Enfin ils arrivent à l'endroit où les deux cours d'eau se joignent. Là, il faut traverser un premier petit pont. Louise remonte un peu ses cottes pour ne pas salir ses dentelles et avance tout doucement à très petits pas.
"C'est, dit-elle, que je ne voudrais pas perdre mon pucelage; je dois faire très attention!
-Mais dit Louis, ta mère t'a bien dit comment faire?
-Oui, elle m'a dit de bien serrer les cuisses!
Et à ce moment, une pierre roule et tombe dans l'eau... Plouf!
"Ah, malheur! gémit Louise... voilà mon pucelage tombé dans l'eau! Que va dire maman?
- Ne pleure pas ma Louise, dit Louis les deux mains dans la rivière; je l'ai retrouvé! Viens là dans les buissons, je vais te le remettre.
Et Louis consciencieux s'applique à remettre le pucelage à sa place. Mais Louisette crie:
"Aîe Louis! tu me fais mal!
- C'est normal; il faut bien le fixer... mais ce n'est pas grave dans un moment, tu ne sentiras plus rien.
Les deux jeunes arrivent au second petit pont; il faut traverser la Saint-Germain. A ce moment une grenouille saute dans l'eau... Plouf!
"Ah Louis, Louis! Qu'as-tu fait? Tu m'as mal remis mon pucelage! Le voilà à l'eau ... que va dire Maman?"
Louis à plat ventre sur le pont les bras dans l'eau jusqu'aux coudes la rassure:
"Je le tiens! Viens là que je te le repose!
Et Louis effectivement le repose encore plus solidement que la première fois; d'autant plus que cette fois, Louise qui n'a plus mal lui facilite la besogne.
Le cousin, la cousine, arrivent enfin à Blévy; ils dansent sautent, à travers le feu, s'amusent, chantent et la nuit est déjà bien avancée quand il faut songer à rentrer... 
Quand ils traversent le premier petit pont, Louis le rusé fait tomber dans l'eau une pomme qu'il avait dans la poche.
"Aïe, aïe, aïe! crie Louise, Cousin tu n'es pas raisonnable, tu m'a encore mal fixé mon pucelage! Ce n'est pas bien...
-Mais aussi, cousine, tu as tant dansé, tant sauté, il ne pouvait pas tenir plus longtemps! Allons va! je vais te le remettre et cette fois, je te promets qu'il ne bougera plus."
Et Louis consciencieusement s'applique. 
Les deux cousins reprennent leur chemin, traversent le second petit pont et quand ils sont de l'autre côté Louise dit:
" Sais-tu mon Louis? Je serais plus tranquille si tu voulais bien vérifier que ce pucelage est accroché comme il faut et qu'il ne risque plus de tomber.

mardi 29 avril 2014

Paris étrange















Les   magasins de la rue Vivienne étalent leurs richesses aux yeux émerveillés. Eclairés par de nombreux becs de gaz, les coffres d'acajou et les montres en or répandent à travers les vitrines des gerbes de lumières éblouissantes.. Huit heures ont sonné à l'horloge de la Bourse.
Où sont-ils passés, les becs de gaz?Que sont-elles devenues les vendeuse d'amour?Rien... La solitude et l'obscurité. Une chouette, volant dans une direction rectiligne et dont une patte est cassée, passe au-dessus de la Madeleine et prend son essor vers la barrière du Trône en s'écriant : " Un malheur se prépare." Or, dans cet endroit que ma plume (ce véritable ami qui me sert de compère) vient de rendre mystérieux, si vous regardez du côté par où la rue Colbert s'engage dans la rue Vivienne, vous verrez à l'angle du croisement formé par ces deux voies, un personnage montrer sa silhouette et diriger sa marche légère vers les boulevards.
Il est beau comme la rétractilité des serres des oiseaux rapaces; ou encore comme l'incertitude des mouvements musculaires dans les plaies des parties molles de la région cervicale postérieure; ou plutôt comme ce piège à rats perpétuel, toujours retendu par l'animal pris, qui peut prendre seul des rongeurs indéfiniment et fonctionner et même caché sous la paille; et surtout comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie.
LAUTREAMONT  ( Les Chants de Maldoror)




samedi 26 avril 2014

Quatre







Quatre


Partout dans le monde, le quatre est chargé de symboles. Dans la réalité, les mythes, les légendes, les contes ou les religions beaucoup de choses vont par quatre.
Après avoir écouté l’histoire des quatre fils Aymon ou des quatre musiciens de Brême, les enfants jouaient aux quatre coins.
L’année est divisée en quatre saisons ; il y a quatre points cardinaux.
Quatre évangélistes ont composé le Nouveau Testament, dans lequel quatre cavaliers annoncent l’Apocalypse.
Les anciens faisaient couler quatre fleuves aux Enfers : l’Achéron, le Cocyte, le Phlégéton et le Styx garant des serments des dieux.
Et gardez précieusement le brin de trèfle, si par chance il possède quatre feuilles.

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vendredi 25 avril 2014

Le Taureau-



image GF WATTS

Le destin du Taureau est glorieux et tragique. Sous les vivats de la foule, le Taureau combat et tombe sous l’épée, sanglant et lardé de banderilles. Si parfois, il parvient à encorner le petit homme de cape et d’épée qui le défie, le Taureau finit toujours sur le sable et tiré dans l’ombre par les pieds…
Il arrive, rarement, qu’on lui fasse grâce. On lui élève alors une statue et il finit ses jours dans de verts pâturages où d’ardentes génisses lui sont offertes.
Certains Taureaux ont une vie plus paisible; ils se nomment bœufs. Ils vivent pas paires et en bons compagnons tracent des sillons droits dans une terre fertile…

samedi 19 avril 2014

Pâques

Avril fait la fleur,
Mai en a l’honneur



Lors vient avril si tresbeau jour
Que toute chose s’esjouyt ;
L’herbe croist et l’arbre florit,
Les oyseaulx reprennent leurs chantz,
Et ainsi a vingt et quatre ans
Devient l’homme fort vertueulx,
Joly, gentil et amoureux,
                                      Et se change en maint estat gay.


Oui, mais…si la lune rousse tombe le 10 avril, c’est un désastre pour vignerons et jardiniers.
Car avril n’est pas toujours aussi joli : Edouard III d’Angleterre,  qui fut (entre autre), cause de la guerre de Cent ans, l’expérimenta à ses dépens. Le 14 avril 1360 lendemain de Pâques, il essuie devant Paris brume, froid et grêle, entraînant la mort de nombreux chevaliers.

C’est en 1722, que le hollandais Roggewen qui naviguait dans le Pacifique, vit surgir quelque part entre l’Amérique et l’Australie, un grand bloc de lave surmonté d’un volcan. Depuis les falaises, d’étranges géants de pierre aux larges oreilles fixaient de leurs yeux morts, le navire irrésistiblement attiré vers cette côte aride. C’était le jour de Pâques dont on donna le nom à l’île qui depuis n’en finit plus de dévoiler ses mystères.

jeudi 17 avril 2014

Hymne homérique à Apollon alm



Loin de l'oublier, je parlerai de l'archer Apollon, dont les pas dans la demeure de Zeus font trembler les dieux! Tous se lèvent de leur siège à son approche, lorsqu'il tend son arc illustre. Seule Lètô reste auprès de Zeus qui aime la foudre; elle débande la corde et ferme le carquois; puis, le prenant dans ses mains sur la robuste épaule du dieu, elle va suspendre l'arc à un clou d'or, contre la colonne où siège son père; et elle mène Apollon prendre place sur un trône. Alors le père offre le nectar à son fils et l'accueille avec une coupe d'or; ensuite seulement les autres divinités s'asseyent...
V. 1-13

mardi 15 avril 2014

Hymne homérique à Apollon alm




"Qu'on me donne ma lyre et mon arc recourbé. Je révélerai aussi dans mes oracles les desseins infaillibles de Zeus."
"A ces mots, il se mettait en marche sur la terre aux larges routes, l'archer Phoibos à la chevelure vierge. Toutes les Immortelles l'admiraient et Délos toute entière se couvrit d'or tandis qu'elle contemplait la race de Zeus et de Lètô, .... elle fleurit comme la cime d'un mont sous la floraison de sa forêt."
v. 131-139

lundi 14 avril 2014

Hymne homérique à Apollon... alm


"Délos, si tu voulais être la demeure de mon fils, Phoibos Apollon, et l'y laisser fonder un temple prospère? [...] Personne d'autre ne touchera jamais tes bords ni ne t'honoreras de sa présence. Tu ne seras pas non plus, je pense, riche en boeufs ni en moutons; tu ne porteras point de vignes ni ne verras grandir des plantes sans nombre. Mais si tu possèdes le temple de l'archer Apollon, le monde entier se rassemblera ici pour mener des hécatombes à tes autels; sans cesse une énorme fumée jaillira des chairs grasses: c'est par le bras d'autrui que tu nourriras tes habitants, puisqu'il n'y a pas de fertilité dans ton sol."
 (v.51-60)

Les Chouchous