Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

lundi 6 janvier 2014

Vampires


Le danger avec les vampires, c’est que bien souvent on ne peut pas les distinguer des gens ordinaires ; certains, qui préfèrent vivre la nuit,  en font peut-être partie. L’humanité parviendra-t-elle à s’en débarrasser ?


Du Sang- Fredric BROWN

Dans leur machine à temps, Vron et Dreena, les deux derniers survivants de la race des vampires, fuyaient vers l’avenir pour tenter de survivre. Se tenant les mains, ils se réconfortaient l’un l’autre, essayant d’oublier leur peur et leur faim.
C’est au vingt-deuxième siècle que l’humanité les avait démasqués, découvrant que la légende des vampires vivant cachés parmi les hommes n’était nullement une légende. Un immense pogrom avait permis de débusquer et exterminer tous les vampires, sauf ce couple qui, justement, travaillait à la mise au point d’une machine à voyager dans le temps et put s’en servir à temps. Ils fuyaient donc vers l’avenir, vers un avenir suffisamment lointain pour que le mot même de « vampire » y fût depuis longtemps oublié, et dans lequel ils pourraient recommencer à vivre cachés, et reconstituer l’espèce par leur descendance.
« J’ai faim, Vron… atrocement faim.
- Moi aussi, ma Dreena chérie. Nous allons bientôt essayer encore de nous arrêter. »
Quatre fois déjà ils s’étaient arrêtés, et chaque fois ils avaient de peu échappé à la mort : leur existence n’était pas oubliée. Au dernier arrêt, à un demi-million d’années déjà, ils avaient trouvé la civilisation devenue une chiennerie, au sens propre du mot : l’espèce humaine avait disparu, l’espèce dominante était celle des chiens. Et les vampires avaient pourtant été aussitôt reconnus pour ce qu’ils étaient. Ils avaient pu faire un repas, un seul, du sang d’une tendre vierge levrette, mais une meute s’était lancée à leurs trousses et il leur avait fallu fuir vers leur machine, et repartir, toujours plus loin vers l’avenir.
« Tu es gentil de t’arrêter, Vron… soupira Dreena.
- Ne me remercie pas, dit Vron d’une voix tragique. Nous sommes au bout du rouleau. Nous n’avons plus de combustible, et il ne sera plus question d’en trouver au point de l’avenir où nous en sommes, tous les corps radioactifs seront devenus du plomb. Ou nous trouverons des conditions de survie ici, ou c’est la fin. »
Ils se posèrent, et partirent explorer. Dreena fut la première à apercevoir un être vivant se dirigeant vers eux :
« Regarde ! dit-elle. Un être inconnu ! Il n’y a plus de chiens et c’est une autre espèce qui leur a succédé. Nous avons sûrement été oubliés. »
L’être vivant qui approchait avait le don de télépathie :
« J’ai entendu vos pensées, dit sa voix résonnant dans la cervelle de Vron et Dreena. Vous vous demandez si nous savons ce qu’est un « vampire ». Je dois vous dire que nous n’en savons rien. »
Dreena serra le bras de Vron, sans cacher sa joie :
« Nous sommes libres ! Nous allons pouvoir manger !
- Vous vous demandez aussi, résonna la voix, l’origine de mon espèce. Je peux vous dire que la seule vie existant actuellement est végétale. Moi, qui appartient à l’espèce dominant sur la création, je descend de ce que l’on appelait jadis les navets. »

2 commentaires:

croukougnouche a dit…

aaaah! le jus de navet !! pas très vivifiant pour nos héros ....

manouche a dit…

Bravo, ça ce n'est pas un nanar !

Les Chouchous