Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

jeudi 2 janvier 2014

Les Mille et Une Nuits



Le sultan Shahriar, intransigeant sur le chapitre de la fidélité – celle de ses épouses ; la sienne, c’est une autre histoire - avait imaginé pour leur éviter tout risque de tentation de les faire mettre à mort au lendemain de la première nuit de noces.
De cette manière, il vint un jour à bout de toute femme épousable dans son royaume. Il ne restait que les deux filles d’un de ses ministres : Shéhérazade et sa sœur, Dinarzade. Leur père épouvanté, imagina de leur faire prendre la fuite, mais Shéhérazade refusa. Il était temps di-elle de faire cesser un massacre qui finirait par priver d’enfants le royaume. Elle se sentait capable de se faire aimer du sultan et de le captiver assez pour lui faire oublier sa haine des femmes.
Au soir de ses noces, après avoir imaginons-le, fait en sorte de procurer à son époux une bienheureuse lassitude, alors qu’il était dans un demi-sommeil, elle commença une histoire ; un conte, si merveilleux, si captivant et si long aussi, que l’aube venue, Shahriar qui voulait en connaître la fin, fit reporter au lendemain le supplice prévu.
La nuit suivante, le conte était achevé bien avant l’aube et Shéhérazade en commença un autre et ainsi de suite pendant mille et une nuits, à l’issue desquelles le sultan amoureux renonça à faire exécuter la belle et habile conteuse.
Et nous devrions tous, conteurs et conteuses, conter à la manière de Shéhérazade, conter comme si notre vie en dépendait et pas seulement la nôtre. Car la sultane, certes devait sauver sa tête, mais celle aussi de Dinarzade sa sœur , celle de toutes les femmes et sauver aussi le royaume menacé de ruine par la dangereuse lubie de son souverain. Oui, c’est ainsi qu’il faut conter ; dans cette urgence, au bord de ce péril dont seul le conte peut nous tirer et nous hériterons alors du talent de Shéhérazade la plus grande conteuse de tous les temps.
Oh, mais… me direz-vous, Shéhérazade n’a pas existé, Shéhérazade est elle-même un personnage de conte.
Qu’en savez-vous ? Qu’en savons-nous.
Quand au début du XVIII° siècle , Antoine Galland rapporte d’Orient les Contes de Mille et une Nuits, il ne le dit pas, mais ces contes merveilleux, ne les tient-il pas de la sultane elle-même, une sultane  cachée par le moucharabieh et dont il n’a entendu que la voix mélodieuse.
Il ne le dit pas… aussi , nous pouvons l’imaginer….

1 commentaire:

manouche a dit…

Il faudrait tant de Shéhérazades pour sauver les femmes de certains abrutis qui ne sont même pas sultans!

Les Chouchous