Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

lundi 23 septembre 2013

Les Nouveaux Contes de Fées de la Comtesse de Ségur

(2)Le Bon Petit Henri-


Il s’agit comme dans le conte de Blondine d’une quête initiatique. Celle d’un garçon cette fois.
Pour guérir sa mère, affligée comme Sophie de Ségur d’intolérables maux de gorge, le petit Henri doit aller cueillir l'Herbe de Vie qui pousse au sommet d'une haute montagne
Sur sa route, plus longue qu'il n'avait imaginé, il délivre un corbeau d’un piège. Un peu plus loin, il sauve un coq poursuivi par un renard. Puis il empêche un serpent de dévorer une grenouille. Ces animaux, dont il comprend le langage, vont le remercier en lui apportant une aide dont il aura grand besoin car cette quête n’ira pas sans épreuves qui sont autant de rites de passage de l’enfance à l’âge adulte. Contrairement à Hercule ou Sisyphe, qui durent s’acquitter de tâches héroïques impossibles à réaliser pour un simple humain, et plus encore pour un enfant, ici ces tâches seront formatrices car de dimensions humaines puisqu’elles seront en rapport avec les activités nécessaires à la survie des hommes. Ainsi le petit Henri apprendra à faire du pain en commençant par moissonner le blé,  à faire du vin en commençant par la vendange,  à chasser et cuisiner sa chasse, à pêcher et cuisiner sa pêche.
 Il sera assisté par d’autres êtres magiques, tels le vieillard de la montagne, le géant, le loup, le chat ; d’autres, le renard, le serpent,  seront maléfiques et compliqueront son aventure.
On lui confiera aussi des talismans, illustrant la persistance de la pensée magique enfantine : la tabatière pleine de lutins travailleurs, le bâton à chevaucher pour se déplacer, le chardon qui exauce les vœux matériels et la griffe de chat guérisseuse.
Le coq est le premier à manifester sa gratitude en  prenant le héros sur son dos pour lui faire traverser une large rivière.
Henri continue son chemin mais plus il marche, moins il avance. Un petit vieillard lui impose de faire du pain en commençant par la moisson. Henri y passe un temps fou; arrivé au bout de la tâche, pour le remercier, le vieillard lui offre une tabatière.
Henri reprend sa route et cette fois, chaque pas le rapproche de son but. Mais un mur infranchissable se dresse devant lui. Il appartient à un géant qui le laissera passer à condition qu'il fasse pour lui la vendange et aussi le vin. Henri s'acquitte de l'épreuve et pour salaire, reçoit du géant un chardon. Le géant siffle, le mur s'écroule, Henri peut passer.
Il approche du sommet de la montagne: cette fois c'est un précipice qui lui barre le passage. Un loup terrifiant lui impose de chasser tout le gibier de son domaine et d'en faire des pâtés. Henri ne sait pas chasser; c'est alors que le corbeau qu'il avait délivré lui vient en aide. Quand tout est terminé, le loup donne à Henri un bâton et l'invite à monter sur son dos. D'un bond prodigieux, il franchit le précipice.
Henri approche enfin du jardin où pousse la plante magique, mais manque de tomber dans un fossé plein d'eau. Un énorme chat veut le mettre en pièces, puis consent à l'aider à condition qu'il pêche pour lui tous les poissons du fossé, qu'il les sale et les mette en conserve. Henri ne sait pas pêcher; c'est alors la grenouille qui vient à la rescousse. Quand tout est fini, le chat lui donne une de ses griffes et c'est agrippé à sa queue qu'Henri franchit le fossé.
Il a ainsi appris la patience, l’effort et l’habileté dans tous les savoir-faire nécessaires à la vie.
Tous ces animaux, tous ces êtres magiques, tous ces talismans sont des émanations de la fée Bienveillante, qui protège Henri et qui lui a conseillé d'aller chercher l'Herbe de Vie.
Arrivé enfin dans le jardin, il ne sait quelle plante choisir. Il se souvient alors que la fée lui a dit d'appeler le docteur qui y jardine. Ce personnage est si petit qu'il disparaît sous les plantes. Il donne l'Herbe à Henri en lui recommandant de ne pas la lâcher sous peine de la voir disparaître à jamais.
Comment faire? Il songe à tous les obstacles qu'il a trouvés sur sa route... Mais il a désormais le bâton, qu'il chevauche pour rentrer chez lui.
Il a grandi, sa mère est guérie et la fée Bienveillante l'autorise à se servir des présents des génies de la montagne.
La tabatière est habitée d'êtres minuscules qui travaillent pour lui; le chardon procure à la mère des vêtements et du linge; quant à la griffe de chat, elle leur assure pour toujours santé et bonheur.
Ce conte est fortement inspiré des contes de Grimm dans lesquels le héros est souvent aidé par des animaux . Henri monte sur leur dos, s’accroche à leur queue. On y trouve aussi un peu de sorcellerie, donc de pensée magique : le chat qui s’arrache une griffe , et quelques réminiscences des contes russes. Sous l’apparence très douce du petit garçon qui veut guérir sa maman, on trouve dans ce conte bien des traces de croyances primitives.
Un souvenir également de l’oiseau de feu, très proche de l’oiseau d’or de Grimm.
Sophie, volontiers herboriste, qui cultivait des simples dans son jardin des Nouettes,  aurait certainement aimé connaître cette Herbe de Vie et la faire descendre de la montagne inaccessible, pour l’acclimater dans ses parterres.









2 commentaires:

manouche a dit…

Qu"est-ce-que c'est que ce petit Henri qui nous bouscule la chaine alimentaire des espèces !

croukougnouche a dit…

j'adore ce recueil de contes , découvert dans l'enfance.. et l'histoire d'Ourson aussi...

Les Chouchous