Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

dimanche 19 mai 2013

La Licorne





Ambroise Paré, médecin et Athanase Kircher jésuite, ont l’un et l’autre affirmé que les licornes n’existaient pas, pour la simple raison qu’ils n’en ont jamais vu!
C’est qu’il est très difficile, voire même impossible, d’apercevoir une licorne, animal farouche entre tous qui ne se laisse approcher que par des vierges au cœur pur.
C’est pourquoi la jeune Alice, mais elle n’était pas alors de ce côté-ci du miroir, a pu en approcher une. Mais, me direz-vous, Alice n’existe pas non plus ! Qui donc existe, et qui n’existe pas ???
« Voyez-vous, j’ai toujours cru que la Licorne était un monstre fabuleux, et je n’en avais encore jamais rencontré de vivante.
-Eh bien ! maintenant que nous nous sommes vues l’une l’autre, dit la Licorne, vous croirez en moi, et je croirai en vous. D’accord ?
-Oui, si vous voulez, dit Alice… »    (Lewis Caroll.)
Aussi, si votre corps est vierge et votre âme innocente et le second point me semble de beaucoup le plus important, allez tout au fond des forêts où la Licorne, éprise de liberté –elle peut mourir si on l’en prive- où la Licorne donc, a trouvé refuge.
Là, dans une clairière, assise sur un tronc moussu, attendez en silence… attendez la Licorne.
Vous la verrez gracieuse, aux yeux de biche, de la taille d’un poney à la robe immaculée ; elle porte barbiche soyeuse et bouclée et au milieu du front une longue corne torsadée.
Ne bougez, pas surtout… ne dites rien… d’abord prudente, bientôt joyeuse et bondissante, elle se couchera à vos pieds, posera sa tête sur vos genoux et se laissera caresser. Dans cet élan de tendresse et de confiance, il peut lui arriver de s’assoupir et c’est à vous alors de rester vigilante : c’est le moment que choisissent les chasseurs pour prendre et tuer la Licorne sans défense. Car le gracieux animal est chassé pour les nombreuses vertus de sa corne aux pouvoirs magiques, dont on dit qu’elle révèle le poison, rend limpide les eaux souillées des ruisseaux et des mares, qu’elle rend sobre l’ivrogne, et sage le fou ou que réduite en poudre elle est aphrodisiaque. Cruauté bien inutile puisque tout comme la ramure des cerfs, la corne tombe et repousse et qu’il peut arriver d’en trouver une cachée sous les feuilles mortes.
Veillez donc sur la Licorne endormie, et réveillez là quand vous apercevrez le chasseur. Vous pourrez voir alors le doux animal se changer en fauve, vous verrez fumer ses naseaux et ses yeux lancer des éclairs. La Licorne est combative et peut se montrer sauvage ; de sa corne acérée, elle peut embrocher le chasseur ou même la jeune fille aux laides pensées qui l’aura attirée dans ce piège ;
Certains chasseurs, pour prendre la Licorne, se placent devant un arbre, se laissent charger, pensant esquiver à le dernière seconde d’un pas de côté. La corne alors, fichée dans le tronc, la bête serait à leur merci. La méthode est risquée, car la Licorne est habile et le plus souvent, Dieu merci c’est le chasseur qui est embroché et livré à la fureur de son gibier.
Il existe sans doute encore bien des Licornes au fond des forêts. N’allez pas les chercher…
Par un beau jour de printemps, allongez-vous dans une clairière, écoutez les oiseaux chanter, regardez voler les nuages, laissez danser les feuilles au vent léger et il se peut, si votre cœur est pur, que dans un rayon de soleil, une Licorne vienne à vous et se laisse caresser.
N’essayez pas de l’attraper, ne tentez pas de l’apprivoiser… souvenez-vous… elle meurt si on la prive de liberté

Les Saint-Bonnet sur l'Almanach et des agapanthes au Jardin

1 commentaire:

croukougnouche a dit…

la licorne est un être mythique qui me fascine...

Les Chouchous