Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

jeudi 4 avril 2013

Viviane-


Dyonas, un vavasseur dont le  domaine s’étendait près du Lac de Diane, en forêt de Brocéliande, avait une fille prénommée Viviane. La déesse des forêts et des bêtes sauvages s’était penchée sur le berceau de l’enfant et lui avait transmis des dons magiques, qu’elle ne pourrait conserver qu’à la condition de se consacrer à son culte, de ne jamais franchir les limites de son domaine enchanté, et de ne jamais donner son cœur ni son corps à aucun mortel.
Ainsi grandit Viviane, en compagnie des animaux de la forêt, des fées, des elfes, des lutins. Elle aimait à jouer avec les nymphes de la fontaine de Barenton. Une fontaine où souvent venait boire Merlin l’Enchanteur. La jeune fée un jour, y rencontra le grand magicien ; ils s’aimèrent au premier regard.
Lui  qui savait tout du passé comme de l’avenir comprit aussitôt qu’il avant rencontré sa perte. Viviane savait qu’elle devait rester vierge et tenait plus que tout à préserver ses pouvoirs, mais elle ne voulait pas perdre Merlin ; elle fit de lui son maître. Et lui, épris de cette élève douée, allait tout lui donner… ou presque. Il lui offrit pour demeure un palais de cristal au fond du Lac de Diane, lui enseigna ses tours, ses philtres, ses élixirs ; lui apprit à lire dans le ciel et  les secrets des plantes et du temps. Viviane apprenait, questionnait, voulait toujours en savoir plus. Un par un il lui distillait ses pouvoirs et plus il approchait du moment où les pouvoirs de Viviane égaleraient les siens, plus il la désirait. Et plus Viviane sentait grandir ses dons, plus elle aimait Merlin. Elle aurait voulu que cet amour soit sans fin, mais elle savait Merlin mortel. Il fallait qu’il lui donne son dernier secret, celui de l’amour éternel, la magie qui le garderait près d’elle pour toujours. 
L’Enchanteur se laissait enchanter et son désir pour la fée grandissait, grandissait. Viviane avant de plus en plus de mal à résister au charme qui la poussait vers Merlin. Ils furent un jour dans les bras l’un de l’autre. Il était plus qu’un homme ; elle ne perdit aucun de ses pouvoirs innés, ni des dons de son amant bien au contraire : entre deux enlacements, il lui avait donné son dernier secret.
Quand après l’amour il s’endormit au pied d’une aubépine, Viviane autour de lui traça neuf cercles  en prononçant les formules magiques. A son réveil, Merlin était prisonnier d’une tour d’air d’où jamais il ne devait ressortir. Il y est encore et Viviane vient à lui chaque nuit.
Tant que les aubépines pousseront en forêt de Brocéliande, Merlin aimera Viviane et Viviane sera fidèle à Merlin.

1 commentaire:

LOU a dit…

Hum que c'est beau... je suis allée en Brocéliande, dans un lieu où était tracé un cercle, lieu où des fleurs étaient déposées, ainsi que des couronnes de branches et feuilles pendaient aux arbres, lieu dit la tombe de Merlin, il y avait au sol un cercle, de pierres, je crois, je ne sais plus. Impressionnant comme sensation, comme sous si nous avions surpris un secret... puis nous sommes allées trempées nos mains à la source de jouvence et en avons humidifié nos joues, et tu verras, je n'ai pas de rides ou presque... :)

Les Chouchous