Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

vendredi 14 décembre 2012

Conte de fées pour Manouche (et les autres)

C'était au coeur d'une forêt profonde, une petite maison de bois , bien pauvre et bien coquette.
L'hiver était rude et la vieille femme très seule, très faible; elle avait faim, elle avait froid; plus personne pour l'aider au jardin, plus personne pour fendre du bois; elle en ramassait bien un peu mais elle était si fatiguée!
La vache après son homme, s'était laissée partir; plus de lait. Les poules disparues,plus d'oeufs non plus. Alors elle avait ramassé une dernière brassée de bois mort, la pauvre vieille et ramassé une pomme tombée; elle avait allumé une dernière flambée pour elle et son vieux chat; trop vieux lui aussi pour courir après les souris, il était devenu si maigre! lui aussi n'en avait plus pour longtemps.
Elle s'installa dans son fauteuil, le chat sur les genoux. Quand elle aurait mangé sa pomme et que le feu serait éteint, elle fermerait les yeux et tout en caressant le vieux matou, elle se laisserait mourir; le chat la rejoindrait bientôt. Elle poussa un soupir...
Et c'est alors que quelques coups timides furent frappés à la porte. Elle dit :"Entrez!"
Une vieille femme s'avança, encore plus vieille et plus courbée; elle avait froid, elle avait faim.
"Vous n'avez pas de chance, dit la vieille-au-chat, il ne me reste plus rien, mais ne restez pas dehors: venez près du feu et, si vous avez faim... ma foi... je n'ai plus qu'une pomme, on va la partager!"
A peine avait-elle fini de parler que la pièce fut éclairée comme par un soleil de midi. La vieille s'était redressée, des chevaux blonds couvraient ses épaules encadrant un vissage au teint de rose; sa robe était du bleu d'un ciel du soir; à sa main, une baguette étincelait.
"Tu es bonne, dit-elle à la vieille femme, tu n'as plus rien et tu partages encore! Tu as droit aux trois voeux: que désires-tu le plus?"
La vieille n'hésita guère:
"Rendez-moi jeunesse et santé, alors tout ira bien... et puis... mon vieux compagnon, mon chat: lui aussi faite-le jeune; il me manquerait trop!
-Soit, dit la fée! 
Elle agita sa baguette; la vieille se redressa, toutes rides effacées et le vieux chat sauta du fauteuil, agile et s'étira...
La fée avait disparu.
Elle n'était pas bien loin quand elle se ravisa:"Jeunesse et santé? au fond c'est tout un. Et puis, comment va-t-elle s'en tirer, seule au fond de la forêt?  Allons, elle a bien droit à une don supplémentaire..."
Elle agita sa baguette en direction de la chaumière...
Près de la cheminée, le chat était devenu jeune homme; il regardait pensif  celle qui avait été sa maîtresse et qui baissait les yeux, rougissante. Il hocha la tête:
"Tu vois, tu vois pourquoi je miaulais tant le jour où tu m'as fait castrer!!!!

3 commentaires:

manouche a dit…

Merci du fond... du fondement pour ce conte.Je n'ai pas tout compris ;une chose me choque j'aurais préféré une belle robe rose :))

P a dit…

Quoi t'as pas compris, Manouche???
Oh, la robe rose de la fée dragée????
Tu sais les fées, elles sont plutôt ambigües... et puis j'aime bien le bleu des nuits de clair de lune

anne des ocreries a dit…

Ah, j'ai-t-y ri ! :)

Les Chouchous