Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

vendredi 31 août 2012


C’était un homme qui disparaissait. Ils  passaient ensemble 2, 3 jours intenses, jamais plus et quand il partait, il n’y avait plus trace de lui ; pas même un mégot dans un cendrier . Non pas qu'elle fût une fan des mégots ;elle-même  ne fumait pas et lui, fumait discrétement, sans empoisonner le monde.
En revanche, il était insomniaque ; il aurait sûrement fallu, avec lui aussi, faire chambres séparées. Elle  eut plus tard un amant sans grand intérêt mais qui dormait bien, ça l 'avait  reposée.
Elle avait le sommeil facile, sauf les nuits de pleine lune. Elle pensait toujours qu'il lui faudrait, une de ces nuits-là sortir pour voir ce qui se passait, si les loups-garous existaient. Elle avait un peu la trouille, mais qu’est-ce qu'elle  risquait ? pas grand-chose… sa vie… et si, comme elle en était persuadée, elle en avait  une de rechange, ça vallait peut-être le coup ?


jeudi 30 août 2012

Saint Fiacre



Avant de donner son nom à une de ces voitures à cheval rouges et noires qui stationnaient près du Rond Point des Champs-Elysées, au bout de l’avenue Matignon, avec dans les montants, un brave cheval qui somnolait le nez dans une musette pleine d’avoine, Fiacre fut un moine Irlandais, devenu le saint patron des jardiniers.
Vers 670, à la fin du règne des mérovingiens, Fiacre quitta son île pour venir évangéliser le continent. Faron, alors évêque de Meaux lui céda une clairière au milieu des bois pour s’y installer un ermitage. Comme beaucoup de moines de son temps, Fiacre connaissait les simples,  avait quelques notions de médecine et était aussi rebouteux.
Pour avoir soulagé quelques braconniers ou chercheurs de champignons aventurés jusque là, sa renommée passa bientôt l’orée de la forêt et l’on vint de partout le consulter.
Prières, écoute attentive, onguents et tisanes obtenaient des guérisons que le bon Fiacre attribuait à la volonté divine. Ses patients ne s’y trompaient pas ; grâce à leurs dons, il pût construire un hospice qu’il entoura d’un  beau jardin où il fit pousser toutes les plantes utiles aux soins qu’il prodiguait. Il y ajouta fruits et légumes dont il nourrissait les plus pauvres.
L’histoire ne le dit pas, mais en bon jardinier Fiacre ne négligeait pas les fleurs dont il faisait orner la chapelle. Et d’ailleurs nombre de fleurs se mangent et ont souvent des vertus curatives. La capucine, par exemple… mais je m’égare… c’est un autre sujet.
Revenons à Fiacre dont la spécialité devint le soulagement des hémorroïdes appelées depuis le Mal de Saint Fiacre. Longtemps après sa mort, des pèlerins venaient s’asseoir sur son tombeau, à Saint-Fiacre-en-Brie (Seine et Marne),  dont la pierre était censée soulager leur mal.
Un jardinier se doit d’être connaisseur en graines et fécondité ; aussi en 1637, la reine Anne d’Autriche qui ne parvenait pas à concevoir, vint le prier de lui donner un enfant, mâle de préférence. Elle rapporta de son pèlerinage une médaille, quelle offrit à son époux, le roi Louis XIII. Le pieux homme baisa… la médaille.
De mauvaises langues prétendent qu’un autre ecclésiastique, le cardinal Mazarin qui secondait en tout son souverain, ne se contenta pas de la médaille.
Tous ces efforts conjugués, offrirent enfin au royaume de France Louis Dieudonné, le futur Louis XIV.
Béni soit saint Fiacre, patron des jardiniers !

mardi 28 août 2012

Les bijoux fantaisie-





Il y avait dans un immeuble du quai Malaquais, au troisième étage au fond de la cour, un atelier extraordinaire. Là, sur de longues tables, étaient entassés en vrac, des bijoux d’or et d’argent, des perles, des pierres de toutes couleurs ; des trésors de pirates ; des coffres issus de contes orientaux. Les bienveillants dragons qui gardaient ces trésors en offraient toujours quelques parcelles à une petite fille éblouie, autorisée pour quelques instants à se parer de ces merveilles.
Le lieu était aussi magique que ce que l’on y voyait : de hauts meubles de bois sombre, des plafonds caissons décorés de fleurs et d’animaux et j’ai su depuis qu’il abrita les amours neuves de Georges Sand et de Musset.  On y fabriquait des bijoux pour le théâtre. Du « toc » estiment certains méprisants.
Evidemment, rien à voir avec les précieux bijoux exposés sagement dans les vitrine blindées des joailliers de la place Vendôme. Ces derniers ont eux, de la « valeur ».
Et les autres ?
Quelle est la vraie valeur d’un bijou ?son pouvoir embellisseur, sa valeur émotionnelle de souvenir ? ou sa contrepartie en monnaie ? à quoi servent des merveilles enfermées dans des coffres alors que leurs propriétaires, redoutant le vol, portent la plupart du temps leurs copies… en « toc », justement ?

Et au fait… qui porta le premier bijou ? Le chasseur qui fit de la griffe ou la dent du fauve terrassé, un talisman, une mémorisation de son courage ? ou sa compagne qui assembla des graines ou des coquillages sans autre souci que celui de se faire plus belle ? qui en premier les échangea pour en faire un gage d’amour ?

Et puis les hommes firent les bijoux en or. C’est beau, l’or ! ça brille et aussi il se laisse travailler facilement, il ne s’altère pas et … comme  il est rare, il ajoute une valeur à la parure. On ne tarda pas à ajouter les pierres précieuses : le diamant, le rubis, l’émeraude et le saphir ; et les semi-précieuses aux couleurs innombrables. Et les perles, le corail, l’écaille, l’ivoire, les coquillages taillés en camées. Tout cela valait fort cher. Aussi très vite, les plus modestes apprirent à colorer le verre, à donner de l’éclat à des métaux plus « vils » que l’or et l’argent. Désormais, plus besoin de fortune pour se parer. On fit des lois : interdiction pour le bon peuple de rivaliser avec la noblesse et de porter riches étoffes et bijoux précieux. Ce bon peuple porta des copies et ses femmes n’en furent pas moins belles.

Toutefois la joaillerie continuait de mépriser son imitation, quand au XIX° siècle, le verrier Lalique (entre autres) inventa le bijou « artistique » dont la valeur n’avait rien à voir avec les matériaux dont il était composé. Seule sa beauté lui donnait un prix.

Enfin, dans la première moitié du XX° siècle, deux femmes de génie : Coco Chanel et Elsa Schiaparelli conseillèrent aux femmes,  enchantées de l’idée, de mélanger le « toc » et le « vrai ». Plus moyen de s’y retrouver !
Si… quand même… Si vous rencontrez une moderne Castafiore, parée comme un arbre de Noël, vous pouvez présumer que de tous ses joyaux, les vrais ne sont pas les plus gros.

dimanche 26 août 2012

Saint Agricol et Cie



Saint Agricol et Cie

L'agriculture qui manque parfois de bras , ne manque pas de saints. L'un d'entre eux ne porte-t-il pas son nom: saint Agricol?
En Provence, nombre de saints épargnent aux récoltes les pires calamités.
Antoine, promène son cochon dans les environs de Marseille, Blaise cueille des simples autour de Salon. C'est à Cipières que Claude fume sa pipe. Eloi, le grand saint Eloi remet à l'endroit les culottes des gens de Maillane et de Fontvieille. On prie saint Isidore en Arles, à Aix et Avignon; Patrice à Biot, Pons à Digne et Roch à Tarascon, envoie son chien chasser le dragon.

PP

samedi 25 août 2012

Hexagramme 41 du YI King traits 3 et 4

Un chat, deux chats,trois chats;
 Il n'en faut pas un, il n'en faut pas trois.
 Deux chats sur le chemin, un chat reste en chemin.
Chat qui voyage seul, à qui tous lieux sont bons,
D'un canard à col vert peut faire un compagnon.


mardi 21 août 2012

Cuir de Russie





Sur la lande bretonne des loups chantent la pleine lune. Dans la chambre haute d’un manoir, une vieille dame les écoute. Elle ne peut pas dormir ; un vieux cœur fatigué l’étouffe ; l’empêche de bouger, de marcher, de vivre… D’ailleurs, elle ne vivra plus longtemps ; bientôt elle sera libre… Libre comme les loups.
Ceux là sont peu nombreux ; un couple et quelques jeunes. Du train où on les chasse, il n’y en aura bientôt plus
Elle ne craint pas les loups ; elle n’aime pas les chasseurs.
L’hiver, les loups affamés hurlaient par centaines dans les forêts de son pays natal ; on les voyait galoper sur les plaines glacées. Il fallait aux voyageurs une solide escorte pour leur échapper. Parfois même, devait-on leur livrer un cheval.
C’est ce qu’on racontait , ce qu’elle a raconté .
Mais jamais son père le gouverneur n’aurait sacrifié un seul des cent chevaux de son haras. Quand il voyageait, avec ou sans sa famille, plusieurs dizaines de cavaliers armés accompagnaient son traîneau et ceux de sa suite. C’était toujours escorté de cette véritable armée que se déplaçait le général-comte R… gouverneur de la capitale et sa famille . Des loups n’auraient jamais osé menacer un tel équipage.
Les loups sont craintifs ; les bergers le savent bien et elle aussi. Dans son premier roman une des petites filles modèles le dit: « les loups sont poltrons » Il suffit de claquer les sabots l’un contre l’autre pour les faire déguerpir ; et puis, ils ont peur des chiens.
Ce sont les lévriers de sa mère qui ont fait fuir ceux qui …. Mais à vrai dire ce n’étaient pas des loups. Les loups qui emportent la petite fille c’est dans le roman… La vraie histoire, elle s’en souvient : elle avait quatre ans. Sa mère lui avait dit qu’elle était assez grande désormais pour l’accompagner dans ses promenades en forêt.
« Mais prend bien garde, avait-elle ajouté, tu sais que je marche vite ; ne traîne pas en arrière, ne rentre pas dans le sous-bois, reste bien sur le chemin près de moi et des chiens. »
Et c’est vrai qu’elle marchait vite, la mère de Sophie ; la petite trottinait derrière faisant quatre enjambées pour une de sa mère. Sa mère si

Il y a si longtemps… elle ne sait plus très bien… elle va s’endormir, elle s’endort. Mais son coeur bat si fort, si fort qu’il la réveille. Demain, les chasseurs tueront les loups….
L’homme veut tout corriger, tout dominer ; plus de prédateurs dans les landes pas de mauvaises herbes dans les jardins. Mais tout est bon dans la nature, tous les animaux toutes les plantes ont leur utilité. Elle le sait depuis toujours, les plantes soignent. Elle en a fait un livre. Si elle avait eu ce livre, elle aurait pu garder son second fils….
Elle voudrait se rendormir ; elle compte ses enfants :huit. Oui, Renaud aussi…. Et ses petits-enfants : 20, tant morts que vivants ; autant que de romans… Et si elle vit encore quelques années, elle pourra commencer à compter ses arrières petits-enfants.
Elle aime tant ces enfants qui sont si durs à faire. La première fois surtout quand on a tant à craindre et personne à qui faire confiance. Heureusement, elle a toujours eu du bon sens et l’esprit pratique. Avec ignorance et réalisme, elle a préparé son accouchement dans les moindres détails ; placé son lit au milieu de la chambre, qu’on puisse l’aborder de tous les côtés ; demandé un sommier plus souple et un matelas plus dur. Habituée depuis l’enfance à un coucher spartiate, elle a horreur de ces alcôves emplumées où on veut la faire dormir et que semble affectionner Eugène. Il n’est guère enchanté de ces préparatifs Eugène… il le serait encore moins s’il savait que Sophie compte garder ce mode de couchage pour le reste de ses jours… Mais Eugène l’aime-t-il encore ?
Elle sait qu’elle va mourir , elle s’en fiche. Elle n’a pas fait assez de mal pour aller en Enfer , cet Enfer dont la religion de sa mère et de Gaston menacent les petites filles qui ne sont pas modèles. Le purgatoire? Elle y retrouvera des connaissances; ce sera juste un moment désagréable à passer… un de plus…belle, si élégante, si sévère. Et l’écart se creusait ; les chiens joyeux bondissaient d’avant en arrière. Et la petite voyait la silhouette maternelle de plus en plus loin sur le chemin ; un bouffée de désespoir lui monta au cœur : elle en eut la certitude, sa mère l’avait emmenée en forêt pour la perdre. Pas parce qu’elle ne pouvait plus la nourrir comme Hansel et Gretel ou le Petit Poucet ; ses parents étaient riches. Mais parce qu’elle ne voulait plus d’elle. Elle en avait assez de la punir sans jamais l’améliorer.
« Taisez-vous bavarde ! On ne comprend rien à vos histoires ! » Elle aimait tant raconter des histoires !
« Vilaine menteuse ! Qu’avez-vous encore inventé ? » Elle ne croyait pas mentir ; elle arrangeait juste un peu la réalité pour la rendre plus belle.
« Montrez-moi vos mains, vilaine gourmande, petite voleuse ! ». Mais les bonbons, les fruits confits , les gâteaux qui sont là sur les tables, quand on a faim, c’est tentant !
« Voulez-vous bien rester un peu tranquille, ne courez pas, ne grimpez pas partout ! Comportez –vous comme une petite fille sage ». Mais les garçons, eux ont le droit de courir, de grimper aux arbres et elle peut le faire aussi bien qu’eux !
« Calmez-vous mademoiselle le coléreuse et filez dans votre chambre ». Comment ne pas se mettre en colère parfois, quand on vous reproche chaque geste que vous faites ?
Et pourtant, elle voudrait tant devenir telle que sa mère la souhaite !


Elle s’endort. Du fond de son sommeil, elle entend craquer le bois, s’effondrer les poutres. Ses yeux s’ouvrent sur une lueur rouge et dansante…l’incendie…. Dans sa poitrine, un petit animal affolé se débat, s’agite et l’étouffe ; elle veut crier au feu mais aucun son ne sort de son larynx bloqué…. Les enfants ! il faut réveiller les enfants…. Mais ses enfants sont grands maintenant. Elle s’est dressée avec effort dans un lit inconnu, dans une chambre inconnue. Il n’y a pas le feu ; c’est juste dans la cheminée une bûche qui en se cassant a ravivé les flammes. Elle est maintenant tout à fait éveillée : cette chambre n’est pas la sienne. Elle n’a plus de chambre, plus de maison. Son joli domaine a été vendu… elle ne voulait pas. Quand dans sa vie a-t-elle pu faire ce qu’elle voulait?
Plus jeune, elle aurait voulu danser , faire du sport.. Elle a rêvé devant Marie Taglioni dansant la Sylphide. Mais une aristocrate n’a pas le droit à ces excentricités. Depuis, elle a su que l’impératrice d’Autriche avait une salle de sport.
Ces gens qu’elle n’a pu fréquenter, les autres écrivains, George Sand peut-être, cette femme qu’elle n’a pas pu connaître avait su vivre libre. Même si elle l’avait rencontrée, elle aurait sans doute du renoncer à cette amitié, comme elle a du renoncer à celle d’Eugène Sue. Qui pourtant ne racontait que la vérité.
Qu’il était beau cet autre Eugène…Elle aurait bien aimé….mais trop de risques… Le plaisir vaut-il ses conséquences ?
Elle sourit, la vieille dame en pensant à la tête qu’aurait fait sa belle famille; à celle de la comtesse Octave qui entre autres ressemblances avec le diable avait celle en vieillissant, de se faire ermite.
.Sa belle-famille! Son père a servi la Russie ; les Ségur n’ont jamais servi que leurs intérêts. Ils ont traversé la Révolution et tous les régimes qui l’ont suivie sans encombre et tous ont fait carrière.
Que cette nuit est longue… entrecoupée de rêves et de réveils ; elle a ouvert les yeux, elle ne reconnaît pas sa chambre…. Où est-elle ?
Ah, oui… chez sa fille ! Sa chambre à elle, elle ne l’a plus. Elle n’a plus de château… parti, vendu… elle était trop pauvre, trop vieille pour pouvoir le garder..
Comme elle l’a aimé son joli domaine, comme elle a aimé les vallons de cette campagne normande ; elle y avait un jardin, un âne, un verger avec des poiriers …
Elle se souvient de sa joie quand elle a pu quitter la vilaine et sombre rue parisienne pour vivre à la campagne avec ses enfants.
Comme elle aimait recevoir ; elle pouvait enfin renouer avec la tradition d’hospitalité de son père elle qui ne pouvait plus supporter les thés chez les douairières guindées du faubourg saint Germain où l’on servait parcimonieusement des petits gâteaux : « Secs comme des pendus ! » se souvient-elle.
Elle a eu comme son aristocratique et dédaigneuse belle-famille une maison de campagne.
L’achat de ce domaine fut sans doute l’événement le plus important de sa vie ; celui qui a transformé la comtesse mal mariée en écrivain. C’est la description de cette vie campagnarde qui sera le point de départ de son œuvre ; elle saura décrire la rivière et son vieux moulin ; le village voisin et sa grosse forge rachetée par un industriel.
Chaque dimanche de premier Mai , elle a dansé à la fête des forgerons ; combien de souliers a-t-elle usé.
Elle se souvient des travaux si longs avant de pouvoir emménager.
Impossible de dormir Fleurville, les Nouettes, Voronovo


lundi 20 août 2012

Saint Laurent



Saint-Laurent
Partage l'été par le mitan.
Le jour de sa fête se situe à égale distance du solstice d'été et de l'équinoxe d'automne. Et si la nuit, on regarde le ciel, on y voit pleuvoir les étoiles filantes. Ce sont les larmes du saint, qui les versa brûlantes, dit-on, à l'arrestation du pape Sixte II. Il avait bien raison de pleurer: arrêté lui-même peu de temps après, il finit brûlé vif sur un gril. Raison pour laquelle la justice divine l'institua  patron des rôtisseurs. (Si,si... je ne l'ai pas inventé pour vous faire rigoler!)
Si cette triste fin d'un saint homme ne vous dégoûte pas à jamais des barbecues, n'omettez pas pour autant de faire des voeux en regardant le ciel: chaque étoile qui file le réalisera.

dimanche 19 août 2012



-Bleu-

Hirondelle au ciel,
Torchon sur le fil,
Vent dans les bleuets,
Un matin d'été.

mardi 14 août 2012

QUELLE HEURE EST-IL ?





Il arrive à la glaneuse , passionnée par ses recherches d’oublier l’heure. Il est rare également qu’elle pense à s’équiper d’une montre. Heureusement la nature pense à tout et les fleurs indiquent à qui sait les observer à quel moment de la journée nous sommes.

Le premier, le sainfoin s’ouvre à minuit.
Puis le lys, insomniaque, vers deux heures entr’ouvre un pétale.
A trois heures, le souci des champs fronce sa corolle ; le liseron à quatre heures commence à onduler et quand vous voyez le pavot s’ouvrir, c’est qu’il est six heures.
Le nénuphar, pour s’éveiller attendra les cloches de l’Angélus de sept heures. Une heure plus tard, on découvrira que le mouron est bien rouge et que c’est l’heure du café ; pour le casse-croûte, on attendra le volubilis, rouge également.
Vers onze heures c’est l’ornithogale qui justifiera son surnom de « dame d’onze heures », puis le bouillon blanc vous dira qu’il est l’heure de rentrer et de se mettre à table.
A treize heures , le liseron qui s’est levé tôt se referme pour la sieste et rien ne vous empêche d’en faire autant.
C’est la chicorée sauvage qui vers seize heures vous dira que peut-être il est temps de se remettre au travail.
Et notre journée s’achève quand commence celle de la reine des prés, vers 21 heures.

lundi 13 août 2012

Les mûres





C’est en août qu’elles sont mûres ! Glaneuse, nul besoin de faire le mur, la mûre est partout, mais la mûre murmure ! Les herbicides lui vont mal ; ils la dessèchent avant maturité. C’est qu’il faut bien, nous disent les princes du tracteur et de la mois’bat, éliminer les ronces… car, oui, la mûre est une ronce et une ronce coriace. En dépit des ( mauvais) traitements qu’on lui fait subir elle s’accroche et persiste pour notre plus grand bonheur.
Voici donc venu, glaneuse, le temps d’aller en ramasser. Eloigne-toi des cultures céréalières et autres et emprunte les petits chemins qui mènent aux grands bois. C’est là qu’elles sont belles et noires et gonflées de jus à la fois acide et sucré ; elles ont sous ce couvert été préservées de la plupart des « icides » qui leur sont autant qu’à ta santé,néfastes.
Evite glaneuse, celles qui sont à ras de terre et ne cueille qu’au-dessus de tes genoux. Les renards aiment se soulager dans les ronciers et transmettent un maladie dont le nom m’échappe (demande au vétérinaire, il la connaît bien), et qui peut être  mortelle pour les humains.
Au retour, ton panier plein, regarde aux mois précédents pour en faire une excellente confiture.  Mais connais-tu le « Vin de Mûres » ?

Il te faut 3kg de fruits que tu écraseras pour obtenir 1kg de jus.
Dans un petit tonneau ou une jarre que tu tiendras dans un endroit où la température se maintient autour de 20°, (en été, un cellier fait l’affaire), tu versera le jus additionné d’un litre d’eau, d’un gramme de levure et d’un gramme d’acide tartrique.
Laisse reposer 48 heures, puis soutire le jus et ajoute-lui son poids en eau. Reverse ce liquide sur le marc qui est resté dans le tonneau et attend quatre ou cinq jours.
Il est temps maintenant de soutirer dans une bonbonne. Ajoute alors 250gr de sucre, un gramme d’acide tartrique, un gramme de levure de bière diluée dans de l’eau tiède.
Laisse fermenter, filtre, et verse dans de jolies bouteilles.

Tout l’hiver à la veillée, le parfum du moi d’août t’accompagnera.

dimanche 12 août 2012

Saint Honoré







Hermès ce grand voyageur,  se doutait-il que notre mécréante époque, lui élèverait un temple dédié au bagage de luxe rue de faubourg Saint-Honoré à Paris ?
Saint Honoré, patron des boulangers-pâtissiers que l’on fête justement le 16 du ce mois de mai que gouverne Mercure, autrement dit,Hermès.

Saint Honoré fut, au VI° siècle, évêque d’Amiens. En 1060, Lors d’une sécheresse persistante, on sortit la châsse du saint pour faire une procession, avant même le retour du saint dans l’église, la pluie tomba en abondance, ce qui le rendit populaire dans toute la Picardie
En 1204, Renaud et Sybille Chérée, deux picards « montés » à Paris, lui élevèrent une église et les parisiens garderont la mémoire du saint puisque restent encore une rue et un faubourg à son nom, plus une église située dans un autre quartier, où l’on anoblit le saint du nom d’Eylau pour commémorer la bataille de 1807 gagnée conjointement par Napoléon et le tsar AlexandreI°.
La rue Saint Honoré, longue de 1804m, si on la prolonge des 2070m de son faubourg, rivalise presque avec la rue de Vaugirard qui avec ses 4360m est réputée être la plus longue de Paris.
Au 155, se trouvait l’Hospice des quinze-Vingts fondé par saint Louis pour accueillir 15 fois 20 aveugles.
C’est au 161, que se trouve l’emplacement de la porte Saint-Honoré de l’enceinte de CharlesV  dont tenta de s’emparer Jeanne d’Arc le 8 septembre 1429.
Ravaillac, quand il vint à Paris pour assassiner Henri IV logea à l’hôtel des trois pigeons, à l’angle de la rue Saint-Roch.
C’est dans cette rue que s’établit en 1772, à l’enseigne du « Grand Mogol », Rose Bertin, la modiste de Marie Antoinette.
Elle fut aussi le théâtre de nombre d’évènements : c’est, par exemple, au carrefour de la Croix du Trahoir, à la hauteur de l’actuel 111, que débuta Fronde.
Molière y naquit en 1622 au n° 96, à l’angle de la rue des Vieilles Etuves. Il aurait pu dans son enfance y rencontrer Cyrano de Bergerac dont la maison natale se trouve dans une rue adjacente .Ce Cyrano qu’Edmond Rostand fait évoluer dans le cabaret pâtisserie de Ragueneau qui se trouvait au 149. Le vrai Ragueneau aussi généreux que le peint Edmond Rostand finit sa vie, ruiné, comme moucheur de chandelles chez Molière.

Et c’est par là que l’on revient au gâteau, crée par Chiboust, lui aussi pâtissier à hauteur du Palais-Royal et qui lui donna le nom de la rue où il avait son commerce.
C’est une spécialité parisienne un peu compliquée à réaliser à la maison.
Si vous n’en trouvez pas chez votre pâtissier voici en gros la manière de s’y prendre :

Vous garnissez un fond de moule à tarte d’une abaisse de « pâte fine » (vraisemblablement sablée ou sucrée). Vous humectez le pourtour et le garnissez à l’aide d’une poche à douille d’une couronne de pâte à choux que vous dorez à l’œuf battu. Vous enfournez 15mn environ à four moyen.
Avec le reste de pâte à choux, vous fabriquez une douzaine de petits choux également dorés à l’œuf et enfournés 15mn.
Pendant ce temps, vous faites cuire 250gr de sucre mouillé de 2dl d’eau « au cassé ».
Quand le mélange bouillonne, on trempe l’index (humecté d’eau fraîche, ça vaut mieux) dans le mélange ; le sucre retiré doit « casser » sous la dent et ne plus coller.
Vous y trempez les petits choux que vous disposez autour de la couronne de pâte.
Ensuite vous garnissez l’intérieur avec ¾ de L ; de crème pâtissière à laquelle vous aurez ajouté 6 feuilles de gélatine diluée dans l’eau froide et 6 blancs d’œufs montés en neige ferme et légèrement sucrés.
Et voilà ! Ce n’était pas si compliqué que ça !
Il ne vous reste plus qu’à remettre de l’ordre dans la cuisine….



vendredi 10 août 2012

mercredi 8 août 2012

TRUC SECRET


Pluie du mois d’Août,
Mène la truffe au bout.






"C'est en août que les apprenties couturières cueillent l'herbe à sept coutures et en frottent leurs outils, aiguilles, ciseaux, dés, machines à coudre et autres ustensiles, car l'herbe des fées permettra aux cousettes et brodeuses d'obtenir des points aussi minuscules que ceux des "Faufileuses de filandres", dont les robes étaient cousues si finement qu'on les croyait "tissées d'un seul fil".
Pierre DUBOIS - Elficologue











Les Chouchous