Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

lundi 20 février 2012

Pour Agnès (et les autres...) alm


ORION

On dit d’Orion lorsqu’il apparaît dans le ciel d’octobre,  qu’il fait venir la pluie ;  on l’a pour  cette raison surnommé le « Faiseur de Pluie »…
Il y avait dans les temps anciens,  un apiculteur du nom d’Hyriée. Il n’avait pas voulu d’enfant, mais devenu vieux et impotent, il se mit à regretter de n’avoir pas de descendance.
Deux pèlerins lui demandèrent un jour l’hospitalité. Hyriée qui était pauvre les reçut de son mieux en leur offrant du miel de ses ruches. Zeus et Hermès, -on les aura reconnus sous leurs habits de voyageurs- pour le remercier lui accordèrent un vœu.
-« Hélas, dit l’apiculteur, mon vœu le plus cher est irréalisable : je suis trop vieux pour avoir un enfant et de plus, ma femme est morte. »
Les dieux lui dirent alors de sacrifier un taureau, de faire une outre de sa peau, de l’emplir d’eau et d’enterrer le tout dans la tombe de son épouse. Hyriée fit bien exactement ce que ses visiteurs avaient prescrit et neuf mois plus tard, un bel enfant sortit de terre ; il le nomma Orion.
L’enfant grandit, devint un beau jeune homme et le plus habile des tous les chasseurs.
Il fit un jour la rencontre de Méropée,  fille du roi de Chios.  Il en tomba aussitôt éperdument amoureux et demanda sa main au roi son père. Oenopion répondit qu’il la donnerait pour épouse à celui qui débarrasserait le royaume des monstres et des bêtes fauves qui ravageaient  les villes et les campagnes.
Orion se mit  en chasse. Il venait chaque soir, déposer aux pieds de sa belle les dépouilles de ses victimes. Le temps passant,  le gibier se faisait de plus en plus rare ; un jour le chasseur estima que le moment était venu de réclamer sa récompense. Le roi refusa prétendant que des lions, des loups et des ours restaient encore cachés dans les montagnes. Orion trouva quelques fauves épuisés, réchappés du carnage, il en ramena les peaux à la cour ,mais toujours Oenopion  en voulait davantage. En réalité, il n’avait aucune intention de laisser Orion épouser sa fille dont, monstre lui-même, il était amoureux et qu’il voulait garder pour lui.
Oenopion, était fils de Dionysos, et viticulteur ; il produisait un vin excellent dans les vapeurs duquel le malheureux Orion, avait tendance à chercher l’oubli de ses amours contrariées.
Ce vin digne des Dieux lui réchauffait le cœur. Il arriva qu’un soir, où plus triste encore que les autres soirs, il but à proportion de son chagrin.  Ivre de peine et de désir, il força la porte de la chambre de Méropée . Voilà le beau chasseur, au pied du lit de sa belle. La jeune fille, affolée, premièrement se refuse en personne bien élevée, mais Orion est le plus bel homme de son temps. Elle l’aime ;  lui ne manque pas d’arguments puissant et convaincants, aussi sans plus de cérémonies, il consomme ce mariage qu’on lui avait refusé.
Dès l’aube, Oenopion alerté,  fou de rage, invoque le dieu son père et lui demande vengeance.
Dionysos alors, envoie vers Orion ses satyres, qui le font boire tant et tant qu’il s’endort lourdement. Profitant de ce sommeil, le roi lui fait crever les yeux avant de l’abandonner sur un rivage désert.
Seul un vieil homme vivait là, qui savait la médecine. Il soigna Orion de son mieux. Comme il était aussi oracle, il  conseilla au chasseur  pour retrouver la vue, de se tourner du côté où Hélios le soleil sort des flots de l’Océan et d’avancer vers lui sans jamais le quitter des yeux. Puis il le guida jusqu’à une barque où il le fit monter, disant :
-« Ecoute, le son de ce marteau qui frappe au loin une invisible enclume, rame dans cette  direction. Guide-toi sur le bruit de la forge et tu ne perdras pas ta route. »
Orion prit la mer ; il rama longtemps. Les coups de marteau étaient de plus en plus distincts, de plus en plus énormes, assourdissants. C’est dans un fracas d’enfer qu’il aborda dans l’île de Lemnos où étaient les forges d’Héphaïstos, qu’actionnaient les  Cyclopes. La démarche incertaine, les mains en avant, il approchait de la demeure  du Maître du Feu, quand il toucha un corps. Cédalion, un jeune apprenti, se trouvait là .Orion, qui avait perdu la vue mais pas sa force, se saisit du jeune homme et le jucha sur ses épaules, lui enjoignant de le guider. Bouleversé autant de crainte que de pitié, Cédalion accepta : il conduirait Orion sur terre et sur les mers. Et c’est ainsi  qu’à la fin d’une nuit, les deux compagnons,  parvinrent à l’Océan.
 La jeune Eos, l’aurore, venait de se lever toute rose encore de sommeil finissant. A peine découvre-t-elle le bel aveugle qu’elle s’en éprend et supplie Hélios son frère de lui rendre la vue. Orion ouvre les yeux sur l’innocente émue qui l’entraîne àDélos où ils abriteront leurs amours.
Mais si Orion se console de son amour perdu dans les bras de l’Aurore, il ne peut hélas oublier le traître Oenopion ; il veut se venger. Alors il passe ses nuits avec Eos, mais le jour, il retourne à Chios et  cherche le roi qui reste introuvable, bien caché dans une chambre souterraine que lui avait aménagé Hephaïstos.
C’était au temps où le roi Minos régnait sur la Crête. Il était l’aïeul d’Oenopion et pensant qu’il aurait pu chez lui trouver refuge,  Orion s’embarque pour la Crête. Artémis chassant par là observe ce jeune homme qui traque sans relâche un gibier dont elle ignore la nature. La solitaire, séduite se montre à lui, l’interroge et pour le préserver des risques qu’il encoure en poursuivant le fils de Dyonisos, la chasseresse le persuade d’oublier sa vengeance et de venir avec elle courir d’autre gibier.
Orion l’inconstant, oublie Eos et  Méropée pour mettre ses pas dans ceux d’Artémis.
Apollon qui sait tout voit Eos en pleurs et lui reproche la faiblesse qui l’a jetée dans les bras de l’indidèle. Eos abandonnée en rougit tant que si vous regardez le matin vers l’est vous pourrez constater combien grande fut sa confusion. Le dieu se mit alors à craindre pour la vertu de sa chaste sœur à qui Orion vantard comme sont tous les chasseurs, et prenant Chios pour la terre entière, racontait comment il avait débarrassé l’univers de tous ses monstres. Un discours bien propre à séduire la farouche Artémis. Apollon s’en fut confier son souci à Gaïa, la Terre Mère qui envoya sur Orion un monstrueux scorpion.
Orion s’en défendit avec ses flèches, puis son épée et comme il n’en venait pas à bout, dans sa détresse il se souvint d’Eos et  plongea dans les flots pour aller chercher refuge auprès d’elle..
En le voyant nager, Apollon fit venir Artémis au  rivage :
-« Regarde, lui dit-il, cette tête qui émerge des vagues ;  c’est celle de ton serviteur Candaon, il a séduit Opis ta prêtresse. Si tu veux le punir en t’amusant, faisons un concours à celui de nous deux qui le premier l’atteindra d’une flèche.
Apollon ne mentait pas, en Beotie, Orion se nommait aussi Candaon, ce qu’Artémis ne savait pas.
Ignorant qu’elle visait son compagnon, elle ajusta soigneusement son tir, lâcha sa flèche et s’élança dans les vagues pour ramener sa victime. C’était hélas, la dépouille de son ami. En larmes, elle implora Asclépios son neveu, fils d’Apollon et comme lui guérisseur de lui rendre la vie. Mais il était trop tard, son âme déjà avait atteint les champs d’asphodèles.
Artémis éplorée, envoya son image dans les étoiles ; elle y envoya aussi le scorpion.
Depuis Orion et le scorpion se poursuivent éternellement dans le ciel d’automne.

4 commentaires:

manouche a dit…

Que de péripéties,on ne s'ennuyait pas chez les dieux, les demi Dieux et les héros !

croukougnouche a dit…

oh!!! quelle épopée!!!
je suis très flattée de ce cadeau de connaissances mythologiques que tu me fais là!! Merci!ù! je vais ajouter le lien de ton billet au mien!!

Célestine ☆ a dit…

Oui, c'est sûr que ma version de la légende était très trash par rapport à ce joli conte de fées...Je suis désolée si je t'ai choquée...et j'ai appris plein de choses!

P a dit…

Célestine, je ne suis pas choquée; on interprète les légendes comme on l'entend.
En revanche, "conte de fées" me fait tiquer. Orion est un mythe; avant de raconter un mythe, je vais chercher mes sources, chez Robert Graves, Pierre Grimal et d'autres. Le mythe à un sens qu'on ne doit pas altérer. (le conte aussi d'ailleurs).

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