Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

samedi 24 septembre 2011

Fantastique Amérique

... Il s'arrêta épuisé, noyé de sueur. De la bave mouillait le coin de ses lèvres. Il cracha et frémit de dégoût. Prudemment il s'approcha du trou et jeta un regard à l'intérieur. Si seulement il avait une allumette. Son imagination lui montrait des nids pleins de serpents là dans le fond. Il enfonça son bâton dans le trou et farfouilla dedans. Puis il se pencha et regarda de nouveau. Ca doit pouvoir aller maintenant. Il examina les alentours puis son regard se reporta sur le serpent mort. Ensuite il se mit à genoux et entra lentement dans le trou à reculons. Une fois dedans, il eut l'impression qu'ils devaient grouiller autour de lui, prêts à frapper. Il lui semblait les voir tellement il les sentait présents, lovés et raidis dans l'attente. Dans le noir, il imaginait leurs longs crochets blancs prêts à mordre son cou, son dos, ses mollets. Il avait envie de sortir, mais il se tint tranquille. Oh! pis, bon sang quoi, se dit-il, si y'en avait des serpents là n'dedans, y a déjà longtemps qu'y m'auraient piqué. Une partie de sa frayeur l'abandonna et il se décontracta.
Appuyé sur les coudes, le menton dans les mains, il s'installa. L'argile était froide à ses genoux, mais le morceau de pain de maïs lui tenait chaud à la poitrine. Sa soif revint et il eut un violent désir d'eau fraîche. Il avait faim aussi, mais il ne voulait pas manger le pain de maïs. Nan, pas maintenant. P'têt dans un p'tit bout de temps, quand Bobo serait là. Alors ils le mangeraient tous les deux...
... L'obscurité s'épaississait lentement. Quelque part il n'aurait su dire où, au juste, un criquet entama son chant heurté, indécis. L'air devenait lourd et doux. Il regarda dans la direction des champs, impatient de voir arriver Bobo....
A suivre (2)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bobo, c'est un bourgeois bohèmien ?

Les Chouchous