Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

samedi 13 août 2011

Première lettre d’amour de la Religieuse portugaise


Jamais d’août la sécheresse
N’amène la richesse.


Considère, mon amour, jusqu’à quel excès tu as manqué de prévoyance. Ah, malheureux ! Tu as été trahi, et tu m’as trahie par des espérances trompeuses.
Une passion sur laquelle tu avais fait tant de projets de plaisirs ne te cause présentement qu’un mortel désespoir qui ne peut être comparé qu’à la cruauté de l’absence qui le cause. Quoi ! cette absence, à laquelle ma douleur, toute ingénieuse qu’elle est, ne peut donner un nom assez funeste, me privera donc pour toujours de regarder ces yeux dans lesquels je voyais tant d’amour et qui me faisaient connaître des mouvements qui me comblaient de joie, qui me tenaient lieu de toutes choses et qui enfin me suffisaient ? Hélas ! les miens sont privés de la seule lumière qui les animait, il ne leur reste que des larmes, et je ne les ai employés à aucun usage qu’à pleurer sans cesse depuis que j’ai appris que vous étiez enfin résolu à un éloignement qui m’est si insupportable qu’il me fera mourir en peu de temps. Cependant il me semble que j’ai quelque attachement pour des malheurs dont vous êtes la seule cause : je vous ai destiné ma vie aussitôt que je vous ai vu, et je sens quelque plaisir en vous la sacrifiant. J’envoie mille fois le jour mes soupirs vers vous, ils vous cherchent en tous lieux, et ils ne me rapportent pour toute récompense de tant d’inquiétudes qu’un avertissement trop sincère que me donne ma mauvaise fortune qui a la cruauté de ne pas souffrir que je me flatte et qui me dit à tous moments : « Cesse, cesse, Marianne infortunée, de te consumer vainement et de chercher un amant que tu ne verras jamais, qui a passé les mers pour te fuir, qui est en France au milieu des plaisirs, qui ne pense pas un seul moment à tes douleurs et qui te dispense de tous ces transports dont il ne te sais aucun gré ! »

GUILLERAGUES ?

2 commentaires:

Sébastien Haton a dit…

Pas sûr que celle du dessin fût la même que celle de la missive...
s.h.

P a dit…

Ah? tu crois???
pourquoi pas???

Les Chouchous