Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

vendredi 25 février 2011

Heureux qui, comme Ulysse par Georges Brassens

L'âme des poètes

Il meurt lentement celui qui ne voyage pas,
Celui qui ne lit pas,
Celui qui n’écoute pas de musique,
Celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux.
Il meurt lentement celui qui détruit son amour-propre,
Celui qui ne se laisse jamais aider.
Il meurt lentement celui qui devient esclave de l’habitude,
Refaisant toujours les mêmes chemins,
Celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu ;
Il meurt lentement celui qui évite la passion
et son tourbillon d’émotions,
Celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les cœurs blessés.
Il meurt lentement celui qui ne change pas de cap
Lorsqu’il est malheureux au travail ou en amour,
Celui qui ne prend pas de risques pour réaliser ses rêves,
Celui qui pas une seule fois dans sa vie n’a fui les conseils sensés.
Vis maintenant !
Risque-toi aujourd’hui,
Agis tout de suite,
Ne te laisse pas mourir lentement !

Pablo NERUDA





lundi 21 février 2011

Rossignol de Luis Mariano


Gabrielle Sidonie Colette, née en Bourgogne en 1873 a commencé sa carrièrd’écrivain par le succès scandaleux de la série des « Claudine » que signa son mari l’éditeur , journaliste et écrivain, Willy, nom de plume d’Henri Gauthier-Villars.
Après son divorce, Colette se produira sur scène ; période qu’elle décrira dans « L’envers du Music-Hall ».
Remariée à Henri de Jouvenel directeur du « Matin », elle écrit des chroniques d emode et de spectacle tout en continuant son œuvre de romancière.
Amie des bêtes et de la nature , elle les fera parler avec émotion.
C’est avec Maurice Goudeket, qu’elle finira sa vie, clouée dans son fauteuil par les rhumatismes en 1954, dans son appartement du Palais –Royal.

Le Chant du Rossignol


Autrefois, le rossignol ne chantait pas la nuit. Il avait un gentil filet de voix et s’en servait avec adresse du matin au soir, le printemps venu. Il se levait avec les camarades, dans l’aube grise et bleue, et leur éveil effarouché secouait les hannetons endormis à l’envers des feuilles de lilas.
Il se couchait sur le coup de sept heures, sept heures et demie, n’importe où, souvent dans les vignes en fleur qui sentent le réséda, et ne faisait qu’un somme jusqu’au lendemain.
Une nuit de printemps, le rossignol dormait debout sur un jeune sarment, le jabot en boule et la tête inclinée, comme avec un gracieux torticolis. Pendant son sommeil, les cornes de la vigne, ces vrilles cassantes et tenaces, dont l’acidité d’oseille fraîche irrite et désaltère, les vrilles de la vigne poussèrent si dru, cette nuit-là, que le rossignol s’éveilla ligoté, les pattes empêtrées de liens fourchus, les ailes impuissantes…
Il crut mourir, se débattit, ne s’évada qu’au prix de mille peines, et de tout le printemps se jura de ne plus dormir, tant que les vrilles de la vigne pousseraient.
Dès la nuit suivante, il chanta pour se tenir éveillé :

Tant que la vigne pousse, pousse, pousse,
Je ne dormirai plus !
Tant que la vigne pousse, pousse, pousse…

Il varia son thème, l’enguirlanda de vocalises, s’éprit de sa voix, devint ce chanteur éperdu, enivré et haletant, qu’on écoute avec le désir insupportable de le voir chanter.
J’ai vu chanter un rossignol sous la lune, un rossignol libre et qui ne se savait pas épié. Il s’interrompt parfois, le col penché, comme pour écouter en lui le prolongement d’une note éteinte…
Puis il reprend de toute sa force, gonflé, la gorge renversée, avec un air d’amoureux désespoir. Il chante pour chanter, il chante de si belles choses qu’il ne sait plus ce qu’elles veulent dire. Mais moi, j’entends encore, à travers les notes d’or, les sons de flûte grave, les trilles tremblés et cristallins, les cris purs et vigoureux, j’entends encore le premier chant naïf et effrayé du rossignol pris aux vrilles de la vigne :

Tant que la vigne pousse, pousse, pousse…

 Cassantes, tenaces, les vrilles d’une vigne amère m’avaient liée, tandis que dans mon printemps je dormais d’un somme heureux et sans défiance. Mais j’ai rompu, d’un sursaut effrayé, tous ces fils tors qui déjà tenaient à ma chair, et j’ai fui… Quand la torpeur d’une nouvelle nuit de miel a pesé sur mes paupières j’ai craint les vrilles de la vigne et j’ai jeté tout haut une plainte qui m’a révélé ma voix.
Toute seule, éveillée dans la nuit, je regarde à présent monter devant moi l’astre voluptueux et morose… Pour me défendre de retomber dans l’heureux sommeil, dans le printemps menteur où fleurit la vigne crochue, j’écoute le son de ma voix. Parfois, je crie fiévreusement ce qu’on a coutume de taire, ce qui se chuchote très bas, - puis ma voix languit jusqu’au murmure parce que je n’ose poursuivre…
Je voudrais dire, dire, dire tout ce que je sais, tout ce que je pense, tout ce que je devine, tout ce qui m’enchante et me blesse et m’étonne ; mais il y a toujours, vers l’aube de cette nuit sonore, une sage main fraîche qui se pose sur ma bouche, et mon cri, qui s’exaltait, redescend au verbiage modéré, à la volubilité de l’enfant qui parle haut pour se rassurer et s’étourdir…
Je ne connais plus le somme heureux, mais je ne crains plus les vrilles de la vigne.

COLETTE

 






jeudi 17 février 2011

Un peu de douceur après ce monde de brutes

Je ne demande au ciel que le temps de vous voir,
Le temps de vous aimer, le temps de vous attendre
En mes jours et mes nuits, dans l'azur et le noir
Et dans ce qui serait tout au long des méandres

Des fileuses saisons. Mon amour est mon bien
Et ce bien est à vous. Mon coeur est sa demeure;
Vous en êtes le maître et rien ne  me soutient,
Penseuse et malheureuse en présence des heures.

Où vous n'êtes pas là.  Dans l'eau de mon miroir
Baigne avec moi l'effroi de m'y apercevoir
Vous plaire est mon chagrin tant je voudrais vous plaire

Et selon vos désirs, être un rosier fleuri,
Soit un fruit, un lézard, soit un chat qui souris,
Un poisson troubadour, soit un oiseau solaire.

Louise de VILMORIN



mercredi 16 février 2011

Lendemain de saint Valentin

J'ai gardé pour d'autres nuitées
Les doux bécots au coin des yeux
Et les mignardes suçotées
Au fin bout des seins chatouilleux;
Cette nuit, pour passer ma rage
De ne pouvoir t'avoir longtemps,
J'ai fait l'amour comme un carnage,
En gueulant, griffant et mordant.

REFRAIN

J'ai fait des bleus sur ta peau blanche
A grands coups de baisers déments:
Ton corps est un champ de pervenches...
Va trouver tes autres amants!...

Va les trouver, tes amants chouettes;
Le petit crétin bien peigné
Ou le vieux birbe à la rosette,
Dont mon coeur a longtemps saigné!...
Va dévoiler devant leurs couches
Tes bras et ta poitrine ornés
Du bouquet de mes fleurs farouches,
Et fais-leur sentir sous le nez!...

Va les trouver l'un après l'autre:
Petit jeune homme et vieux monsieur...
Va les trouver pour qu'ils se vautrent
Parmi tes bleus qui sont mes bleus!
Et que ces bleus railleurs leur disent,
Avec mon amour éclatant,
Leur muflerie et leur sottise...
Et toi... dis-leur d'en faire autant!

Gaston COUTE

mardi 15 février 2011

Dans la rue, des enfants, des femmes
A de beaux nuages pareils,
S'assemblaient pour chercher leur âme
Et passaient de l'ombre au soleil.

Jules SUPERVIELLE




dimanche 13 février 2011

Courrier du coeur

Quand février commence en lion,
Il finit en mouton




De Ninon de Lenclos au marquis de Villarceaux-


Paris 29 août 1650,

Au contraire, mon cher marquis, vous devez être enchanté que ma coquetterie soit devenue générale ; ce sont les préférences qui séduisent.
Je veux que l’on me trouve aimable, mais je ne veux pas que l’on m’aime ; je penserais toujours à ce que j’aurais fait pour y réussir. Les hommes diraient que je ne vous aime pas ; vous les prendriez à la lettre et, quand je tournerais toutes les têtes, vous jouiriez, je crois, médiocrement de mes succès…
Soyez donc tranquille ; votre encens est le seul qui me plaise ; à peine l’ai-je respiré qu’il ma enivrée ; tout autre serait un supplice pour moi ; je ne sais s’il me porterait à la tête, mais, à coup sûr, il n’irait jamais jusqu’à mon cœur.
… Au reste, pour répondre à ce que vous me mandez, je vous dirai que les femmes ont aussi des sens et un amour-propre ; quoiqu’elles doivent en mettre à être sages, souvent celui de plaire l’emporte, et leur extrême coquetterie rend le danger à peu près égal.
Croyez que les hommes pourraient résister à leurs sens s’ils le voulaient ; la seule chose que je leur permette de plus qu’à nous, c’est un peu de libertinage, quand ils n’ont point d’engagement….

samedi 12 février 2011

C'est bon signe!

Vigne taillée en février
De raisin remplit le panier








LE POISSON


Le 21 du mois, Ventôse s’engouffre dans Février. Il fait signe aux Poissons de venir le rejoindre : ces deux poissons que Jupiter mit au rang des constellations pour avoir aidé Vénus et Cupidon à échapper au monstrueux Typhon.
Bien des petits poissons nés dans cette période sont devenus grands : citons au hasard Copernic, Chopin, Michel-Ange, Einstein, Victor Hugo et Charles Quint.
Couronné de jaspe, d’aigues-marines et de tourmalines, le poisson aime à régner : sur sa famille, sur ses amis et sur la maison douze du zodiaque où résident les difficultés. Afin de les éviter, le poisson accoutumé à l’eau s’abstiendra d’alcool qui ne lui vaut rien.
Altruiste et généreux, revêtu d’écailles d’or, il n’hésitera pas à répandre ses bienfaits sur le pêcheur musicien.

vendredi 11 février 2011

LE POISSON D’OR

A la Saint-Mathias le corbeau s’en va
Passent six semaines, coucou reviendra.


Au bord d’un lac d’argent, un jeune homme et sa sœur auraient pu vivre heureux. Ils avaient un jardin ; quand la pêche était bonne, ils allaient à la ville en vendre le surplus ; ils ne manquaient de rien.
Pourtant, insatisfaite, la fille tarabustait le malheureux pêcheur dont le plus grand plaisir était de composer des vers que sur sa flûte, il mettait en musique. Hélas pour lui, sa sœur n’aimait pas les chansons . Elle préférait les sous !
-«  Paresseux, bon à rien ! Mets donc la barque à l’eau, va chercher du poisson, demain c’est le marché ! »-
Mais le jeune poète se serait bien passé d’attenter à la vie des habitants des eaux. Il aimait la nature et se satisfaisait d’un peu de pain, de fruits, et de quelques fromages.

Un jour, las des reproches, il s’en fut sur le lac. Le ciel était limpide, un vent léger soufflait ; notre ami hésitait à lancer son filet. Il mit sa flûte en bouche et lança quelques trilles.
Du milieu des roseaux, il vit soudain paraître un merveilleux poisson, bleu turquoise et doré qui sauta dans la barque et la fit vaciller.
Le pêcheur étourdi, rétablit l’équilibre. Cependant la surprise l’avait rendu muet. Le poisson en revanche, était plutôt disert :
-« Pêcheur mon bon ami, que j’aime ta musique !Vois-tu, mieux qu’un filet, elle me fait prisonnier. Tu peux me relâcher, ou me joindre à ta pêche et me vendre au marché, je suis à ta merci ! »-
Sans proférer un mot tant il était surpris, le musicien rendit à son monde liquide le merveilleux poisson. Avant de disparaître, il fit encore un bond et reprit la parole :
-« Je suis fils de Neptune et j’ai de grands pouvoirs. Tu m’as laissé la vie , sois-en remercié : voici selon l’usage, trois vœux à formuler. Prends ton temps ,réfléchis, puis viens au bord du lac, joue un air sur ta flûte et je t’exaucerai. »-

Ne croyant pas ses yeux, soupçonnant ses oreilles, le musicien-pêcheur retourne à sa chaumière. Acariâtre, revêche, sa sœur l’y attendait :
-« Quoi ! Tes paniers sont vides ! Qu’as-tu fait de ta pêche ? Nous n’aurons rien à vendre, comment allons-nous vivre ? »-
-« Ah ! ma sœur, quel mystère ! Dans mes filets s’est pris un poisson qui parlait… Un fils du dieu des eaux… »-
-« Alors, qu’en as-tu fait ? »-
-« Mais… je l’ai relâché ! »-
-« Relâché ! Pauvre fou ! Un poisson qui parlait… Mais c’était la fortune ! Tu l’as laissée passer… mon dieu que tu es sot ! »-
-« Ma sœur, ce n’est pas grave ; le lait de notre vache et les fruits du jardin seront bien suffisants pour passer la semaine. Et bientôt… »-
-« Tu iras à la pêche et tu ne prendras rien ! A jouer de la flûte et parler aux poissons, que crois-tu donc gagner ? Regarde où nous vivons : une pauvre cabane, aux murs tout délabrés ! Moi, je veux un palais… »-

Et la fille continue à crier, à se plaindre. Le malheureux garçon ; courbé sous les reproches se sauve au bord du lac , trouver un peu de paix.  Il adorait sa sœur et aurait bien voulu réaliser ses rêves, mais il ne savait pas comment faire fortune ; il avait oublié les vœux du poisson d’or.
Assis au bord de l’eau, tout rêveur il compose une nouvelle chanson. Attiré par la flûte, le poisson fait surface, voit le pêcheur bien triste :
-« Mon ami, mon ami, pourquoi cet air navré ? Quel que soit ton souci, je peux te l’enlever ; tu n’as qu’à demander… »-
-« Ma sœur veut un palais… »-
-« Un palais ? C’est facile ! Rentre vite chez toi, ta sœur sera contente. »-

Notre ami s’en retourne et tout éberlué, aux abords de chez lui ne reconnaît plus rien : disparue la chaumière, parti le jardinet ; à la place un grand parc où se dresse gracieux, un palais à colonnes de marbre blanc et rose. Intimidé il entre : des meubles précieux, de la vaisselle d’or, aux murs des œuvres d’art, des coffres entr’ouverts laissent voir des merveilles ; partout des serviteurs s’agitent en tous sens… et au milieu sa sœur, furieuse échevelée qui rage et qui tempête :
-« A quoi bon un palais quand on n’a pas d’argent ? Il me faut des toilettes, des habits de satin et aussi des bijoux. Je n’ai jamais goûté ni foie gras ni caviar, il m’en faut désormais… et je veux du champagne ! »
-« Ma sœur, que d’exigences ! »-
-« Le poisson t’as promis ! Retourne au bord de l’eau ! »-§§§§§

Le lac était d’ardoise et les nuages, bas ; quelques gouttes tombaient.. La flûte en un murmure fit venir le poisson :
-« Que veux-tu mon ami ? »-
-« Pour moi, je ne veux rien ! Mais ma sœur… »-
-« Oui, je sais. Retourne en ton palais, elle a ce qu’elle désire. »-
Pendant quelques semaines, elle parut heureuse : elle goûtait du meilleur, essayait des toilettes, commandait aux valets et giflait des servantes. Puis elle devint morose, plus rien ne l’amusait, pas même changer de robes.
Quand une fille s’ennuie au milieu des plaisirs, c’est à n’en pas douter qu’il lui faut un mari. Mais où l’aller chercher?
Pour contenter sa sœur et trouver l’oiseau rare qui la supporterait, notre jeune poète organise un grand bal. Tous les célibataires de cent lieues à la ronde firent danser la belle. Belle, me direz-vous ? Mais oui, elle l’était ; son fichu caractère seul était responsable de la laide apparence qu’on lui voyait souvent. Comme on la disait riche, vivant dans un palais, les demandes en mariage ne lui manquèrent pas. Elle était difficile ; aucun des prétendants ne put lui convenir :
-« Celui-ci est trop sot, celui-ci n’est pas beau, celui-là n’est pas riche, cet autre est bien trop vieux ; en voici un trop grand et un autre trop gros ; beaucoup sont trop petits, ou maigres, ou bigleux… »
Que sais-je ?… Ils furent tous éconduits….

Les musiciens partis, les lampions éteints, dans ses appartements la peste réfléchit…
-« Je sais ce qu’il me faut ! Faites venir mon frère ! »-
Le pauvre, d’un pas lent, traverse le palais.
-« Que veut-elle à présent ? Il ne reste qu’un souhait… »-
Oh ! comme il regrettait sa barque et son filet !
-« Mon frère, j’en suis certaine, il me faut un mari ; comme tu l’as pu voir, aucun de nos voisins ne peut me convenir. Je voudrais pour époux ton ami le poisson. »-
-« Tu veux le Poisson d’Or ? Ma sœur, c’est impossible ! Il est fils de Neptune, tu es fille de pêcheur ! Peut-être est-il un dieu ? »-
-« Eh bien ! s’il est un dieu, je serai immortelle ! »-
-« Pauvre sœur tu es folle ! Ce palais t’a grisée ! Fais comme tu l’entends, mais il n’est pas question que je formule un vœu si contraire au bon sens. »-
-« Quoi ? Comment ? Tu refuses ? »-
-« Oui ma sœur, je refuse ! »-
-« Gardes, qu’on le saisisse ! Confisquez-lui sa flûte ! Je ne te la rendrai que contre la promesse de demander pour moi la main du Poisson d’Or. »-
 Effondré, il retourne en ses appartements. Un musicien sans flûte est comme pain sans beurre ; au bout de quelques jours, il finit par céder.

Le ciel était de plomb ; un vent mauvais soufflait. Il monta dans sa barque, environné d’éclairs. Il n’osait pas chanter ; il n’en eut pas besoin. Au  milieu des roseaux, le poisson l’attendait :
-« Il te reste un seul vœu ; ne le gaspille pas ! »-
-« Ah ! Je n’ose vous dire ce que ma sœur demande… Elle vous veut pour époux ! »-
-« Elle a bien de l’audace ! J’épouserai ta sœur si toi-même consent à t’unir pour la vie à cette jeune grenouille. Tu n’es pas obligé, mais c’est la condition. Va le dire à ta sœur avant de me répondre. »-
Celle-ci trouva normal le marché proposé. Le frère hésite un peu. Elle élève la voix :
-« Si tu tiens à ta flûte, épouse la grenouille ! »-
Au fond, se disait-il, vaut-il pas mieux avoir un batracien pour femme que pour sœur un chameau ?

On célébra les noces.
-« Tu peux ,dit le poisson, embrasser la mariée. »-
Vous l’avez deviné : c’était une princesse. La sœur, émerveillée, saute sur le poisson, l’embrasse goulûment, certaine de le voir se changer en jeune homme.
Elle est changée en carpe !
Et, comme chacun sait, les carpes sont muettes ; on ne l’entendit plus !

jeudi 10 février 2011

Us et coutumes

Février entre tous les mois
Le plus court et le moins courtois





LES JOURS DE LA VIEILLE


Pourquoi février est-il si court ? les explications varient selon les contrées.
Les Normands racontent que Février était un joueur enragé. Il jouait toujours et toujours perdait. Tant et si bien qu’il finit par perdre tout ce qu’il possédait. Ce qui ne l’empêcha pas d’engager un jour, une partie de dominos contre Janvier et Mars, que bien entendu, il perdit.
Or, comme il n’avait plus rien à offrir, il donna ce qui lui restait : un jour à Mars et un autre à Février.
Les Kabyles parlent d’une femme qui, lors d’un mois de janvier particulièrement rude, s’enferma avec ses chèvres en attendant les beaux jours.
Quand, le mois fini, le soleil consentit à se montrer, elle sortit et fit à Janvier, la malpolie,  j’ose à peine vous dire quoi, elle lui fit, oui… un « doigt d’honneur » !
Janvier furieux, alla quérir chez Février un jour de plus pour châtier l’insolente. Alors il déchaîna les éléments : tonnerre, éclairs, pluie, grêle, vent, neige et verglas. La vieille n’eut pas le temps de s’abriter et mourut de froid avec ses chèvres.
Les trois derniers jours de février sont d’ailleurs nommés les « Jours de la Vieille » car les Romains chassaient ces jours-là, une divinité néfaste du nom d’Anna Perenna.


lundi 7 février 2011

LE BESTIAIRE ENCHANTE

Quand le soleil rit
A Sainte-Eulalie
Pommes et cidre à la folie

Afficher l'image en taille réelle


METHODE POUR DEMASQUER UN LOUP-GAROU

Le Loup-Garou est un homme ou une femme ordinaire qui se change en loup les nuits de pleine lune, principalement en février.
Comment savoir si vous avez un loup-garou dans votre entourage ?
C’est très simple !
Si l’une ou l’un de vos proches s’absente sans explication par une nuit de pleine lune (surtout en février), suivez-le.
A peine dehors, vous perdrez rapidement sa trace et vous mettrez à sa recherche. Vous avancerez dans la nuit. Là, deux hypothèses : ou vous verrez un loup attaquer un promeneur innocent (innocent….qu’est-ce qu’il faisait dehors à une heure pareille ? surtout en février !), ou bien vous-même serez attaqué par un loup (ou une louve).
Dans un cas comme dans l’autre, vous lutterez bravement et sortant de votre poche le coutelas que vous ne manquez jamais d’emporter quand vous sortez le soir (surtout les nuits de pleine lune, surtout en février), vous lui couperez une patte, peu importe laquelle ; le loup  s’enfuira en hurlant. Réconforté par cet exploit, vous rentrerez chez vous bombant le torse..
Vous constaterez avec soulagement que celui ou celle de vos proches que vous soupçonniez (certains adolescents ont souvent un comportement étrange), dort dans son lit paisiblement. Ouf ! cette sortie nocturne ne l’avait mené qu’au fond du jardin pour faire pipi.
Vous retournerez vous coucher en vous promettant de porter le lendemain la patte de loup chez un taxidermiste pour la faire monter en porte-clé commémoratif.
Mais attention ! Si le lendemain matin votre proche marche à cloche-pied ou malmène la vaisselle du petit-déjeuner en n’utilisant qu’une seule main…..
Vous n’êtes pas au bout de vos peines !

dimanche 6 février 2011

Quelle histoire!

Mieux vaut loup dans le troupeau
Que mois de février trop beau

Afficher l'image en taille réelle

A PROPOS DE LA BÊTE



Charles Perrault a écrit « Le Petit Chaperon Rouge en 1697 ; moins d’un siècle plus tard, La réalité surpasse en horreur la fiction.
La « Bête » qui sévit en Gévaudan ne se contente pas de dévorer une petite fille et sa grand-mère ; les morts se comptent par centaines et ne parlons pas des blessés ! Ses ravages se poursuivront pendant trois ans. Contre le monstre, Le roi Louis XV enverra ses dragons et son Grand Lieutenant des Chasses qui tuera un grand loup ; ce qui n’empêchera pas la bête de continuer à sévir, jusqu’à ce qu’un paysan l’abatte un jour d’une seule balle.
La Bête du Gévaudan était-elle un loup ? Certainement pas !
Aucun des témoignages recueillis sur place ne parle de loup. Les paysans et bergers du Massif Central savaient pour le fréquenter quotidiennement que le loup est craintif et n’attaque pas l’homme. S’il a devant lui un troupeau de moutons, ce n’est pas le berger ou la bergère si tendre fut-elle que le loup choisira. Encore moins une vieille bergère coriace mais pourvue d’yeux qui savent voir et d’une langue qui peut raconter .
Mais alors, qu’était la Bête du Gévaudan ?
Nous ne disposons que d ‘hypothèses ; l’une des plus vraisemblables est celle que propose Michel Louis dans son livre - La Bête du Gévaudan ou l’innocence des loups- : un ou plusieurs grands chiens, des molosses dressés à tuer et protégés d’une cuirasse en peau de sanglier, ce qui explique leur résistance aux balles. Ces chiens ou bâtards de chien et de louve sont menés par le garde-chasse d’un aristocrate dévoyé. Ce garde-chasse étant lui-même fils d’un homme réputé sorcier et meneur de loups. Celui même qui, en 1767, après trois années de traque infructueuse menée par les meilleurs chasseurs du royaume, tua le fauve d’un unique coup de fusil.

samedi 5 février 2011

PHILEMON et BAUCIS- alm

Tonnerre de février
Emplit le grenier
  Afficher l'image en taille réelle


Il y avait en Phrygie un lac ; au bord de ce lac, un temple et devant le temple, de chaque côté de la façade, deux grands arbres : un chêne et un tilleul dont les branches se mêlaient. Leurs feuilles semblaient se caresser au vent du soir.
On racontait qu’au fond du lac se trouvait un village et que le temple avait jadis  été une toute petite maison, pauvre parmi les plus pauvres. Un couple d’amoureux vivaitlà : un homme et une femme qui s’aimaient depuis l’adolescence et cela faisait… bien des décennies. Ils ne se voyaient pas vieillir et leur amour leur tenait lieu de fortune car ils étaient très pauvres.
Deux voyageurs épuisés se présentèrent un soir devant leur porte. Deux voyageurs ? Deux vagabonds plutôt. Les cheveux sales, la barbe broussailleuse, des tuniques en lambeaux et pour souliers la poussière du chemin ; ils avaient soif, ils avaient faim.
L’homme, qui se nommait  Philémon leur souhaita la bienvenue, mais ajouta qu’ils n’étaient pas là dans la bonne maison :  « Nous sommes pauvres, si pauvres, nous avons si peu à offrir. Allez plutôt au village, vous y trouverez des gens fortunés qui sauront vous héberger.
-Nous en venons, dit le plus grand des vagabonds, celui qui semblait être l’aîné. Nous en venons et ces méchantes gens nous ont chassés.
Pendant ce temps, silencieuse, Baucis, l’épouse de Philémon, avait rempli d’eau des bassines et venait avec des linges laver les pieds douloureux des visiteurs. Ensuite elle leur offrit des tuniques ravaudées mais propres.
-«  Nous n’avons , continua le vieil homme, que quelques fruits et les fromages de notre chèvre, mais si ce mince repas vous suffit, nous le partagerons avec vous bien volontiers. Femme, va à la source et rapporte nous un pot d’eau fraîche.
Mais quand Baucis versa l’eau dans les gobelets en terre, elle se transforma en un vin doré tel que jamais ces deux pauvres gens n’en avaient bu de pareil.
Avec effroi, ils levèrent les yeux sur leurs hôtes et reconnurent les dieux : Zeus en majesté et Hermès dans tout l’éclat de sa jeunesse étaient à leur table.
-« Suivez-nous, dit Zeus en relevant les paysans prosternés, car nous devons châtier ces mauvaises gens qui font fi des lois sacrées de l’hospitalité ! »
Philémon et Baucis, appuyés sur leurs cannes, suivirent péniblement les dieux jusqu’au sommet d’une colline proche, et, se retournant, ils virent le village englouti par les flots. Seule leur maison, au bord de ce nouveau lac avait été épargnée. Mais elle grandissait et ses murs de boue séchée devenaient de marbre ; devant l’entrée se dressaient des colonnes encadrant un portique et le toit de chaume se couvrait d’or. A la place de leur masure se dressait désormais un temple et les dieux firent des deux vieux ses gardiens.
-« Pour nous avoir accueilli quand tout le village nous rejetait, dit Zeus, je vous accorde un vœu. Formulez votre souhait le plus cher, et par le Styx, quel qu’il soit, il vous sera accordé. »
Philémon et Baucis se tenaient par la main : « Nous ne désirons qu’une chose dit l’épouse, n’être jamais séparés. 
-Et, ajouta le mari, ma plus grande douleur serait de devoir assister aux funérailles de celle que j’aime tant.
- Pour moi, reprit Baucis, je ne pourrais supporter de devoir fermer les yeux de mon compagnon. Accordez-nous, quand nos jours seront révolus, de pouvoir partir ensemble, le même jour, à la même heure. »
A peine le vœu avait-il été formulé, que dans un éblouissement, les dieux s’effacèrent.
Il restait à Philémon et Baucis, miraculeusement régénérés, de longues années de bonheur. Ils gardaient le temple et vivaient des offrandes de ceux qui venaient y prier, mais surtout de l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre.
Et puis enfin, ils arrivèrent au bout de leurs ans et là, sur les marches du temple, la main dans la main et se regardant tendrement, ils sentirent leurs pieds s’enfoncer dans la terre ; leurs corps grandissaient, s’élançait vers le ciel tandis que leurs bras se tendaient et se multipliaient ; et ces branches se couvraient de leurs cheveux devenus des feuilles.
Un chêne et un tilleul se dressaient à la place où s’étaient aimés Philémon et Baucis.

 

vendredi 4 février 2011

Us et coutumes

Si le temps change à la Chandeleur,
L’hiver passe ou prend vigueur


LA SAINT-VALENTIN


En février, entre les crêpes de la Chandeleur et les beignets de Mardi-Gras, on fête les amoureux et leur patron Valentin.

Valentin était prêtre en Italie au 3° siècle de notre ère. L’empereur Claudius le Cruel pour faire honneur à son nom avait interdit le mariage aux chrétiens. Valentin n’en tint aucun compte et continua de marier ses ouailles.
Claudius le fit emprisonner et décapiter non sans l’avoir au préalable convenablement bastonné, le 14 Février 270.
Si l’on ajoute à cette légende que c’est à la mi-février que commence ce qu’au Moyen-Age on nommait la « pariade des oiseaux », c’est à dire le temps où ils s’accouplent et commencent à bâtir leurs nids, on conviendra que le moment est parfait pour célébrer l’Amour.

jeudi 3 février 2011

La bougie de Chandeleur des Margot la Fée se conserve au fond des armoires de merisier, entre les piles blanches des lingeries. On l'allume pour chasser l'orage, les sorts mauvais et le cropignoteux Alf-Mare du
 cauchemar.
On l'allume encore près du berceau des nouveaux-nés pour attirer sur eux les risettes bienfaitrices des marraines bleues.
Enfin, déposée sous l'oreiller du cercueil, elle permet à l'âme du défunt de trouver son chemin parmi les étoiles.

Pierre DUBOIS - Elficologue


Afficher l'image en taille réelle

Les Chouchous