Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

samedi 20 novembre 2010

Les trois plumes (traditionnel) fin




Soudain la pluie se mit à tomber,des éclairs illuminaient le palais et au milieu des roulements du tonnerre, on entendit sur les pavés résonner les roues d’un carrosse et marteler les sabots de six chevaux. La pluie cessa pour laisser descendre la plus belle princesse du monde qui vint mettre sa main dans celle du poète.
Les trois fiancées se tenaient proches les unes des autres ; la servante et la fille de ferme, ignorantes des usages de la cour observaient la nouvelle arrivée, aux manières si distinguées, bien décidées à l’imiter en tout. Aussi quand elles la virent mettre discrètement de la nourriture dans ses manches, elles ne manquèrent pas d’en faire autant.
Quand vint l’heure du bal chaque fiancée dansa dans les bras de son futur époux ; la princesse-grenouille, gracieuse, légère touchait à peine le sol. Elle secoua joliment son bras droit et de sa manche sortirent des fleurs qui formèrent un jardin. Un chat se mit à tourner autour d’une colonne qui s’élevait au centre du parterre, puis il y grimpa et se mit à chanter des chansons populaires. On fit cercle autour de lui et quand il cessa de chanter, il se mit à raconter des contes de fées.
Pendant ce temps, la princesse dansait toujours ; elle secoua son bras gauche et fit apparaître un parc traversé d’une rivière sur laquelle voguaient des cygnes.
Voyant la cour émerveillée, les deux autres fiancées secouèrent énergiquement leurs bras droits. Il sortit de leurs manches des os et des cailloux si violemment projetés qu’ils allèrent frapper le roi et plusieurs ministres. Pour leur manche gauche, l’eau qui en sortit arrosa et gâcha nombre de belles toilettes.
Le jeune prince émerveillé des dons extraordinaires de sa jolie fiancée, la laissa danser et monta dans la chambre afin de s’assurer que rien n’y manquait  pour leurs noces. Sur un fauteuil, la peau de grenouille était abandonnée ; pour être certain que plus jamais elle ne recouvrirait sa bien-aimée, il la jeta dans le feu, puis retourna danser.
Au petit matin, quand les amoureux regagnèrent leur chambre, la princesse grenouille chercha sa peau
Quand elle apprit que son époux l’avait brûlée, elle se mit à pleurer. Il lui fallaitt maintenant aller en chercher une autre , loin, dans la 13° royaume, là où vivent les sorcières ; elle ne reverrait  jamais celui qu’elle aime. Toute en larmes, elle frappa dans ses mains, se changea en coucou et s’envola par la fenêtre. Désespéré, le prince prit son arc d’argent et ses flèches, un sac de pain, une gourde d’eau et se mit en route. Il marcha ainsi pendant plusieurs années sans retrouver la trace de sa fiancée.
Enfin il rencontra une vieille femme qui, pour un service rendu lui donna une bobine de fil. Qu’il la lance devant lui et qu’il suive le fil, il ira toujours vers le pays des sorcières.
Il épargnera ainsi la vie d’un ours, d’un poisson, d’un faucon qui plus tard l’aideront chacun dans son élément.
Il arriva ainsi au bout du monde et pénètra enfin dans le 13° royaume. C’était un île ; il lui fallu franchir une rivière, puis traverser une forêt au cœur de laquelle se trouvait un palais de cristal aux portes de fer. Personne ne se trouvait  derrière ; puis une porte d’argent ; toujours personne. Enfin une porte d’or ouvre sur une pièce où sa fiancée est assise. Fatiguée, vieillie par le travail et le chagrin, elle file du lin. Elle tombe dans les bras d’Ivan (tiens, il s’appelle Ivan ?? ce conte doit venir d’Afanassiev…) Il était temps, le moment était venu où elle allait disparaître à jamais. Ils s’embrassent. Ivan ne sait plus dans quel monde il se trouve. Alors encore une fois, la fiancée se transforme en coucou, prend Ivan sous son aile et s’envole.
Arrivés dans leur chambre elle redevient femme et raconte son histoire. Son père l’avait vendue à un dragon, qu’elle devait servir pendant trois ans. Elle s’était sauvée et cachée chez la reine des grenouilles. Quand Ivan eut brûlé sa peau de grenouille, le dragon a retrouvé sa trace. Elle a filé pour lui tout le temps qu’Ivan la cherchait.
Maintenant sa dette est payée et ils vont pouvoir vivre heureux.


4 commentaires:

manouche a dit…

Ah! la vie n'est pas simple dans les contes de fées.Sans doute si toutes les tribulations finissent par ils "vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" est-ce pour consoler les humains ,s'ils ne sont pas des princes ; ils peuvent arriver à cette conclusion plus directement...

P a dit…

Tout juste, Manouche! Les contes sont faits pour ça:consoler et guider.
Il y a un conte pour chaque étape de ta vie, pour chaque problème rencontré.
Dans les contes, le prince, la princesse, c'est toi, c'est moi.
Ils te montreront les "auxiliaires" qui sont là pour t'aider, les "donateurs" prêts à t'offrir l'objet ou la parole magique....mais tiens... tu me donnes un début d'article pour demain
Merci
P.

RAINETTE (l'énigmatique) a dit…

quel beau conte ! C'est Anne des Ocreries qui m'a mis le lien.

wribbit

P a dit…

Bienvenue en "Fairy Tales Country" Rainette.
P.

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