Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

vendredi 19 novembre 2010

Les trois plumes (traditionnel) 3





Les deux aînés n’étaient évidemment pas d’accord. Qui défendrait le royaume en cas d’attaque ? Pas ce poète, plus habile à manier la plume que l’épée. Qui saurait gérer le trésor, faire rentrer les impôts ? Pas ce rêveur, cet étourneau !
Le roi dut convenir que les garçons n’avaient pas tort ; aussi  donna-t-il à chacun des trois une nouvelle mission. Il s’agissait cette fois de lui rapporter le plus bel anneau qui fut au monde.
De nouveau le roi lança les plumes que suivirent les trois garçons .
L’aîné, le costaud revint avec un cercle à tonneau, le second avait un anneau de rideau, tandis que son amie la grenouille avait donné au troisième, une bague ornée de diamants que n’aurait pu exécuter aucun orfèvre humain.
Le roi s’apprêtait à couronner son plus jeune fils quand les deux aînés de nouveau protestèrent.
Le roi alors, ordonna une troisième épreuve. Puisqu’aussi bien il fallait une reine à ce royaume, il irait donc à celui qui ramènerait la plus jolie épouse.
Le premier n’alla pas bien loin chercher la femme qu’il lui fallait ; il la ramena de la ferme d’à côté ; le second prit dans les communs une servante. Le troisième retourna demander conseil à la grenouille.
Elle ordonna qu’on lui rapporte une grosse carotte et six souris. Elle creusa la carotte, y attela les souris et fit monter dedans une des jeunes grenouilles. Puis elle dit au prince de rentrer chez lui ;
-« Mais je n’ai pas de fiancée, dit-il tristement…
-« Fais-moi confiance ; va ! Quand tu verras la pluie, ta fiancée fera sa toilette ; quand tu verras les éclairs, elle mettra sa robe et ses bijoux et quand tu entendras le tonnerre, son carrosse entrera dans la cour du palais.
Le roi, pour le retour de ses fils ordonna une grande fête. Le fils aîné donnait le bras à une robuste vachère ;  la fiancée du second, si elle n’était pas belle, était dure à la peine. Quand on vit le jeune prince naïf rentrer sans tenir une jeune fille par la main,  on se moqua de lui. La fête battait son plein, le banquet était servi et le jeune prince n’avait toujours pas de cavalière.

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