Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

mardi 23 novembre 2010

La Chatte Blanche (2)

Personne ne se montra, mais les deux battants de la porte s’ouvrirent lentement. Il entra dans un large couloir. De chaque côté du mur, des mains tenaient des candélabres ; le silence était profond. Il sentit deux mains se poser sur ses épaules, guidant ses pas vers une salle assez vaste au fond de laquelle un feu brûlait dans une cheminée haute assez pour faire rôtir un bœuf. Un fauteuil glissa seul devant l’âtre tandis qu’une longue tunique, d’une étoffe blanche et moelleuse venait se poser sur le dossier. C’est alors que les mains quittèrent ses épaules et habilement, lui ôtèrent ses vêtements humides et boueux. Le prince autant de froid que d’angoisse se mit à frissonner. Quand il fut nu, les mains saisirent les siennes pour le conduire derrière un paravent de laque orné d’oiseaux étranges. Dans une vasque profonde aux parois de mosaïque bleue, fumait un bain tiède. Les mains l’y guidèrent. Toujours inquiet, il se laissa faire cependant,  car la douceur avec laquelle on le traitait lui laissait présager qu’on ne lui voulait aucun mal.
Le prince oublia dans la chaleur de l’eau et la douceur des mains qui le savonnaient n’omettant aucune parcelle de son corps, le froid, l’angoisse et l’humidité. Puis l’eau s’écoula, des serviettes tièdes le séchèrent. Sous les mains de nouveau actives, il fut massé, oint d’huiles parfumées ; tout alangui il se laissait aller à une douce volupté quand deux autres  mains se posèrent sur les siennes, l’aidèrent à se relever et la robe blanche à la laine si douce l’enveloppa. Enfin il fut guidé dans une autre salle ; des sofas garnis de coussins entouraient une table basse couverte de mets odorants,  Un feu pétillait dans la cheminée, mais aucun humain ne se montrait.
Seule, une jolie chatte blanche ronronnait sur les coussins. Elle leva sur lui des yeux de turquoise et lui souhaita la bienvenue, l’invitant à prendre place à ses côtés.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quel pied de vous lire, j'en perds mes fantasmes...

manouche a dit…

Les mains en flambeau qui tiennent les lumières,cet éclairage poétique me rappelle les films Cocteau-Marais,"La Belle et la Bête"et autres...

Les Chouchous