Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

vendredi 1 octobre 2010

Princesse Rosette (10)

A son réveil, Kipufor avait disparu. Rosette appela ; aucun écho ne répondit, pas une ride ne troublait la surface de l’étang. Ella aurait bien voulu avant de repartir faire ses adieux au dragon, mais le retour de son père était proche et il lui restait encore deux monts et deux vallons à parcourir ;, sa prochaine étape lui semblait encore plus éloignée que les cinq précédentes.
Elle revêtit l’habit de lutin vert, enfila les bottes et mit dans le sac qui avait contenu le blé, les provisions qui lui restaient. Elle avait du pain, des noix et quelques noisettes ; elle y ajouta des framboises, des mûres et des champignons plus quelques œufs d’oiseaux qu’elle trouva alentour. Sa route, comme les autres, serait difficile et elle ignorait ce qu’elle allait trouver tout au long ; ces provisions ne seraient pas inutiles.
Ses premières foulées furent une bonne surprise : les bottes étaient magiques. Et si comme elle l’avait prévu, son but était lointain en revanche, elle avançait plus vite et nul obstacle ne se dressait pour la retarder. Si bien qu’avant le coucher du soleil, elle avait gravi le sixième mont et se trouvait dans le sixième vallon, dans une clairière qu’ombrageait un grand chêne. Un écureuil grimpait dans ses branches, bousculant une chouette qui se mit à fixer l’arrivante.
.Près du grand chêne, on voyait un puits. Un ermite à longue barbe sortit d’une chapelle et Rosette le salua. Il venait boire et l’écuelle de bois qu’il tenait à la main était gravée de dessins semblables à ceux qui ornaient la canne que le lutin avait donnée à Rosette. Un loup qui semblait être le compagnon de l’ermite vint se coucher à ses pieds.
Rosette n’avait cessé de penser au dragon et se demandait pourquoi il avait disparu sans lui dire adieu. A son nouvel hôte qui semblait trouver sa présence toute naturelle, la princesse offrit de partager ses provisions. L’homme maigre était peu loquace et la jeune fille faisait seule les frais de a conversation. Elle lui parla du dragon et lui demanda s’il savait où il était.
« - La réponse, lui répondit l’ermite, est dans l’eau de la fontaine. »Et il tendit à Rosette son écuelle.
Elle alla puiser de l’eau, regarda au fond du bol et y vit le dragon devant sa grotte. Un chevalier en armure approche, l’épée à la main et les signes gravés dans le bois forment le mot DANGER !
Ce chevalier va tuer le pauvre Kipufor sans méfiance.
Que faire ? Comment le sauver ? Rosette est fébrile, mais l’ermite garde son calme.
« -Si tu bois l’eau de la fontaine, énonce-t-il, tu te retrouveras où tu désires aller ! »
Eh bien, mais elle désire aller au plus vite trouver le magicien et le convaincre de faire revivre le jardin du Roi. Mais il faut sauver Kipufor…
« -Attention, tu ne peux boire deux fois à la fontaine magique ! prévient l’ermite qui avait lu dans sa pensée.
Tant pis, se dit la princesse, on verra bien ! et elle but .
Devant la grotte, Kipufor crache des flammes et le chevalier empêtré dans son armure, tourne autour de lui dans un grand bruit de ferraille.
La vue de Rosette surgie d’on ne sait où les surprend et arrête un moment le combat.
Le dragon ferme sa gueule enflammée et Rosette se jette entre les combattants.
« -Arrêtez ! Arrêtez ! Kipufor, du calme, et vous Messire pourquoi voulez-vous tuer ce dragon ? Que vous a-t-il fait ?
- Mais rien, dit l’homme en retirant son heaume. Je suis un chevalier errant en quête d’aventures, aussi je me dois de combattre les dragons et de venir en aide aux princesses.
-Alors, laissez ce dragon tranquille et venez-moi en aide, j’en ai grand besoin.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est là que je me rappelle combien il n'est pas évident de sortir de son faire, que l'on croit immuable,pour se rendre enfin utile à quelque chose de valable. Alors aujourd'hui, je médite cela.

P a dit…

Ne me dites pas, Didier, que vous prenez comme support de méditation, ce conte que je racontais à une petite voisine il y a quelques années.
J'ai fini par l'écrire en m'amusant à faire défiler tous ou presque les "auxiliaires" et "lieux magiques" qu'on trouve généralement dans les contes. J'ai omis les objets, en relisant il n'y a pas d'anneau.
Enfin, bref, je n'avais pas d'intention philosophique voyez-vous.
P.

croukougnouche a dit…

ah.... un samedi un peu paisible pour savourer ce conte!!

Les Chouchous