Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

lundi 20 septembre 2010

C'est y pas mieux comme ça?? (fin)

C'est y pas mieux comme ça (fin)
Le jeune et beau braconnier qui ne se trouvait jamais loin de la maison de sa vieille amie, avait entendu l’altercation et ramené le calme à sa manière. Il regarda le loup apaisé :
-« Qu’est-ce que tu fais là, toi ?
Et voyant la gamine s’approcher et caresser l’animal :
-« Hé dis donc ! Fais attention… c’est un loup, tu sais…
Et la petite agacée :
-« Oui, je sais ! Mais… il joue comme un chien vous savez… et qu’est-ce qu’il va devenir, maintenant que le garde-chasse l’a vu ?
-« Tu as toujours voulu un chien , n’est-ce pas ? dit Mère-Grand à sa petite fille.
-« Tu sais bien que maman n’en veut pas…alors un loup !!!
-« Ce n’est pas drôle de vivre seule, et isolée comme je suis, il me faudrait un gardien…
-« Oh, oui ! Mamy ! garde-le… s’il te plaît…s’il te plaît…
Elle sautait, sautait pendant que le loup pointait son museau vers le panier abandonné.
Le braconnier avait lui aussi le nez subtil et le parfum des charcutailles lui inspirait des idées de casse-croûte…. :
-« Vous ne nous feriez pas un petit café ??
-« Si, si bien sûr… entrez…
Et Mère-Grand ouvrit sa porte ; le loup s’apprêtait à les suivre, mais le jeune homme se retourna, paume de la main face à l’animal :
-« Attends !
Et le jeune fauve subjugué, s’assit. Il les regardait par le porte restée ouverte. La danse des couteaux et des tartines commença.
-« Vous n’avez pas j’espère, l’idée de faire de ce loup un chien ? dit l’homme des bois.
La petite et son aïeule le regardèrent, l’une comme l’autre sourcils froncés.
-« Mais pourquoi pas, dit la plus jeune ?
-« Parce que vous ne pouvez pas le priver de sa liberté ;
-« Sa liberté ! s’indigna Mère-Grand, avec l’autre vieux salopard qui rôde, il l’aura au bout du fusil sa liberté…
-« Faites-moi confiance ! Moi aussi je rôde !
Et la vieille dame se souvint… On racontait qu’autrefois, du temps où les loups étaient nombreux dans la région, le père de l’arrière grand-père du jeune homme parcourait le pays escorté d’une meute de bêtes dont tous n’étaient pas des chiens. On le craignait ; et là, buvant son café et tartinant des rillettes, elle avait à sa table le descendant de l’inquiétant Meneur de Loups.
-« Je vois, dit-elle… dans ce cas, maintenant laissez-le entrer, lui aussi a envie d’un casse-croûte.
Le braconnier fit un signe et le loup vint s’asseoir à ses pieds.
La petite fille s’approcha :
-« Je pourrai venir avec vous de temps en temps ?
-« Si ta grand-mère est d’accord pourquoi pas ? Mais tu feras peur au gibier avec ton bonnet rouge !
-« C’est vrai ! dit l’aïeule, tu es trop grande maintenant, enlève-le.
Et regardant perplexe la corbeille encore pleine de pelotes :
-« Qu’est-ce que je vais faire de tout ça ?
Puis son oeil pétilla :
-« Une couverture, je vais en faire une couverture ! Et quand vous viendrez me voir, cette grosse bête pourra dormir dessus !

1 commentaire:

CLAIRE DESCAMPS a dit…

alors là chapeau... et pas forcement rouge! j'adore... et j'aime aussi l'ecriture. j'aime les loups les grands mères un peu folles et la forêt... mais fais le publier ce conte que je puisse le mettre dans les mains de mes petits enfants...!!!
tiens ça me redonne envie de venir bloguer...

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