Insensé celui qui somme le rêve de s'expliquer - Jean RAY - Malpertuis

lundi 29 mars 2010

Le partage de Renard

Noble le lion était un jour aux champs, avec lui Renard et Ysengrin, tous trois fort affamés.
« Faisons, dit le lion, une association ensemble, et engageons notre foi que nous partagerons loyalement tout ce que nous prendrons. »
Ils s’y accordèrent, et tous trois donnèrent leur foi.
Bientôt, à l’entrée d’un bois, ils trouvèrent un taureau, une vache et un veau qui paissaient dans la prairie. Ils se jetèrent sur eux et s’en emparèrent.
« Sire, dit Renard, il faut maintenant partager notre butin.
- Oui, dit le lion : Ysengrin va faire le partage si équitablement que chacun de nous, suivant son rang et sa valeur, ait sa juste part.
- Soit, dit Ysengrin : les parts sont faciles à faire. Vous devez, sire, avoir l’avantage : je vous donne le taureau ; je prend la vache pour moi, et le petit veau sera pour Renard. Il me semble que j’ai bien partagé.
- Tu crois ? » dit le lion, et d’un coup de griffe il lui rabattit sur le museau toute la peau grise de son front. Ysengrin se retira en arrière, sanglant et penaud.
« Allons, Renard, dit le lion, partage, toi, et fais les parts justes.
-Volontiers, sire. Le taureau sera pour vous ; madame la lionne, qui vient d’accoucher, aura cette vache bien grasse et la mangera dans son lit ; et votre fils, notre jeune seigneur, aura le petit veau.
- Renard, dit le lion, qui t’a appris à si bien partager ?
- Par ma foi, sire, répondit Renard, c’est ce seigneur que je vois là, qui porte un si beau capuchon rouge. »
Ce conte nous montre que le sage est celui qui s’amende par l’exemple d’autrui.

                                                                                  Anonyme 


1 commentaire:

Anaël Assier a dit…

Drôle, je m'apprête à publier quelque chose de cet ordre, vous me direz... Il y est question de tambour... et de légèreté.

MC : liturinc, de la bonne littérature pour comprendre comment vinc.

Les Chouchous